Tests WorldSBK Lausitzring : pas de chronos, que du bonheur

Longue de cinq semaines, la trêve estivale du World Superbike a été interrompue par deux journées d'essais privés (mardi et mercredi) organisés sur le circuit de Lausitz, en Allemagne. Deux semaines et demi après l'épreuve de Laguna Seca et deux semaines et demi avant la reprise sur le même Lausitzring, certaines Superbike ont pu se dégourdir les bielles...

D'autres n'ont malheureusement pas eu cette chance : les S1000RR du team BMW Althea n'ont pas bougé de l'atelier, tout comme la F4 de l'usine MV Agusta. Chez Yamaha, si les R1 officielles du WorldSBK sont restées auprès des M1 de MotoGP dans leur garage en Italie, leurs pilotes au moins vont pouvoir se dépenser sur le modèle d'Endurance !

De l'autre côté de la planète en effet, Michael van der Mark et Alex Lowes vont se relayer ce week-end avec Katsuyuki Nakasuga afin de décrocher pour leur employeur un potentiel et historique triplé aux 8H de Suzuka. Mais les n°60 et 22 ne seront pas les seules vedettes internationales à vouloir faire leur numéro...

Sylvain Guintoli, Randy de Puniet, Jack Miller, Leon Haslam, Josh Brookes, Ryuichi Kiyonari, Raffaele de Rosa, Anthony West, Dominique Aegerter, Sheridan Morais, Christian Iddon, Nobuatsu Aoki, Yuki Takahashi participent également à la 40ème édition de la mythique épreuve japonaise.

Cette aguichante liste est naturellement complétée par les experts du SERT et du GMT94 qui jouent le titre mondial lors de cette finale, et par les membres des équipes Honda Endurance Racing, YART, Bolliger Team Switzerland, Eva RT Webike Trickstar...

Au sein du team FCC TSR Honda devait également s'aligner Stefan Bradl, mais un problème d'oreille interne l'a empêché de s'envoler vers le Japon. Comble de malchance, le pilote allemand n'a eu le temps de se retourner et de participer aux essais estivaux dans son propre pays. "Ach, sheisse"...

Leur n°6 n'étant - à l'origine - pas disponible, le team Honda WSBK avait fait appel à leur pilote de développement Michele Magnoni ainsi qu'à son compatriote Davide Giugliano. Ce dernier, exilé cette année en British Superbike, pourrait faire son retour en WorldSBK en remplacement du regretté Nicky Hayden.

Visiblement satisfait du travail accompli par l'ancien officiel Ducati, le patron du programme WSBK chez Honda considère sérieusement cette possibilité (lire la première déclaration en page suivante). Seul - gros - point faible dans la candidature du romain : sa fâcheuse tendance à se mettre par terre....

Cette saison encore, le bouillant n°34 - Schwantz peut être fier des coups d'éclats de son double italien ! - s'est blessé dès les essais de la deuxième épreuve et n'a pas disputé de course depuis, son équipe (BMW Tyco) et lui décidant même de se séparer le mois dernier.

De nouveau opérationnel, Giugliano est à la fois à recherche d'un guidon pour l'an prochain, et libre pour la fin de cette saison... Ces deux jours en Allemagne, à tester de nouveaux carénages et différentes stratégies électroniques, lui ont-ils permis de convaincre l'équipe Ten Kate, leur sponsor Red Bull et les Rouges de Tokyo ?

Chez les Rouges de Noale, les deux pilotes titulaires étaient présents : Aprilia n'a pas de programme en Endurance - ah bon, pourquoi ? - et tâche actuellement de gagner en vitesse pure afin de revenir au niveau de leurs cousins de Bologne, seuls à concurrencer les Verts d'Akashi actuellement...

De retour en World Superbike cette année, Eugene Laverty a tout d'abord profité de ce test pour prendre ses marques sur une piste qu'il ne connaissait pas. Très expérimenté, l'irlandais a vite intégré le tracé et aurait fini par tourner sous le meilleur chrono en course posté en 2016 par Chaz Davies Himself (1' 37,357 pour rappel).

"Youdjine" et son coéquipier Lorenzo Savadori se sont concentrés sur le train avant de leur RSV4 qui leur pose problème depuis le début de saison. Soutenus par Aprilia Racing, les deux pilotes du team Milwaukee auraient réalisé de gros progrès sur ce point, ce qui aurait amélioré la moto dans son ensemble. À tel point que le n°50 vise le podium allemand...

À l'instar de Laverty, Melandri découvrait le Lausitzring, mais aux commandes de l'excellente 1199 Panigale R. "Excellente" aux gants de Chaz Davies certainement, mais un soupçon moins entre les mains pourtant expertes de Marco qui squatte moins fréquemment les podiums WorldSBK2017 en compagnie des Kawasaki.

Grâce à ces tests, le célébrissime n°33 italien a pu s'apercevoir que la piste allemande au caractère très bosselé n'était pas si évidente à appréhender... Que ce soit sur le sec ou le mouillé d'ailleurs. L'an dernier déjà, la seconde course s'était déroulée sous la pluie et le faible grip avait piégé un grand nombre de coureurs. "Attenzionne" !

De l'autre côté du box Ducati, le n°7 estime avoir fait de nouveaux progrès. Ceux-ci lui permettront-ils de rééditer son époustouflante fin de saison 2016 ? Pour mémoire, sur les huit dernières courses, une seule victoire lui avait échappée : c'était en deuxième manche allemande, sur le mouillé justement.

Enfin, Jonathan Rea et Tom Sykes étaient également présents. Contrairement à l'an dernier où ils avaient du s'entrainer sur des modèles "stock", les deux Ninjas étaient accompagnés de leurs ZX-10RR de course, le Lausitzring figurant dans la liste de leurs pistes d'essai cette année.

En tête du championnat depuis la toute première course, "Johnny" compte 59 points d'avance sur son coéquipier "Major Tom". Impressionnant, cette avance peut toutefois être réduite à néant par une infime bourde et un pépin technique... Sykes le sait et maintient consciencieusement la pression sur son meilleur ennemi !

Le n°66 anglais est d'ailleurs l'unique pilote à avoir communiqué son meilleur temps (1' 36,7), tout fier selon lui d'avoir égalé sur pneu course son chrono établi l'an dernier sur gomme tendre en Superpole. En fait, la mémoire du pilote de 32 ans lui joue - déjà - des tours...

En 2016 en effet, les qualifications allemandes s'étaient disputées sur une piste pas-tout-à-fait sèche, ce qui avait fatalement bridé les pilotes. "Super" Sykes avait néanmoins signé le deuxième meilleur chrono de l'épreuve derrière Davies... et loin devant Rea qui avait exceptionnellement du prendre part à la SP1 !

En première manche, le "Number One" de la discipline était tombé à cause d'un faux point mort et n'avait pas marqué le moindre point, pour la deuxième course consécutive... Ses soucis de boite l'avaient heureusement lâché en seconde manche : l'impitoyable "JR" s'était imposé, et était relancé vers son deuxième sacre mondial.

La reprise du WorldSBK en Allemagne sera tout aussi décisive pour Rea cette année. Comme Yamaha à Suzuka, le pilote Kawasaki vise un triplé... mais le sien est inédit : aucun pilote de Mondial Superbike, pas même Fogarty, Bayliss ou Corser, n'a conservé sa couronne trois années de suite.