Dure semaine pour nos deux aventuriers partis explorer l'Amérique latine en 125 : alors que tout se passe bien jusqu'à Sucre (Bolivie), les premières chutes et galères mécaniques apparaissent sur la route du Paraguay... 17ème épisode : black is black !
On l'attendait, on la guettait, on l'appréhendait... Et elle est arrivée : la semaine noire mécaniquement signée Bornes in America vous souhaite la "bienvenue" !
Elle commence bien pourtant, cette semaine : la route asphaltée menant à Sucre (Bolivie) ravit nos fesses quelque peu fatiguées par la piste d'Uyuni et les 160 km à parcourir sont une promenade de santé : les Andes baissent d'un ton (de 4000 à 2000 m), les virages s'enchaînent, les arbres feuillus pointent leur nez et seuls quelques chiens errants perturbent notre conduite tranquille.
Sucre, capitale constitutionnelle de la Bolivie, est un patrimoine mondial pour son vieux centre : un bon CV pour faire une halte culturelle ! La ville est magnifique et ses maisons, plus blanches les unes que les autres, lui donnent des airs méditerranéens. La balade nous charme et nous laisse rêveurs... On en profite pour chiner dans les derniers marchés boliviens et profiter des dernières habitudes locales...
Et à partir de là, l'aventure, la vraie, prend du galon ! Les guides touristiques sont aux oubliettes, on part pour 1600 km jusqu'à Asunción, à la carte et au feeling ! En entrée : 400 km de piste sablonneuse en descente ! Les virages sur corniches se succèdent et notre stock de bidons d'essence vole à droite et à gauche... Bref, un terrain bien propice à un écart...
Et justement : PE, aux commandes devant, valse dans le décor (un genre de fossé / mur) à l'entrée d'une épingle à droite ! Sa moto et lui se retrouvent à l'envers : la scène glace le sang de Béru qui s'empresse de l'aider et heureusement, plus peur que de mal : PE y laisse son compteur, un peu de sa fourche et quelques égratignures. Rien de bien méchant mais on repart quand même un peu refroidi...
Quelques dizaines de kilomètres plus loin, lors d'un banal franchissement de ruisseau, des pierres savonnettes font chavirer Béru dans l'eau ! Il ne reste plus qu'à éponger les affaires... Après tant de remous, un petit bout d'asphalte nous fait bien plaisir !
La route initialement choisie pour le Paraguay n'ayant pas de douane, le goudron se prolonge jusqu'à Villamontes où on le quitte avec quelques sous et des bidons d'essence. Les Andes font place à une verdure hostile, une sorte de jungle locale : la région du Chaco !
Après 70 kilomètres de sable sous une chaleur de plomb en direction de la frontière, on demande l'hospitalité à un camp de travailleurs. Posant son poignard sur la table, le proprio demande à voir nos motos, histoire de sentir l'entourloupe ou pas... ¡ No problemo, señor ! Jouant sur l'intimidation, le brave homme nous accepte sans problème. Sa femme nous raconte l'histoire d'un belge assassiné il y a 15 jours sur la route et son fils écrase un scorpion sous l'une de nos motos... La nuit fut courte !
Le Paraguay s'ouvre maintenant à nous : plus de 400 km de no man's land à parcourir jusqu'au premier village, soi-disant lieu de prestige pour les attaques à mains armées... Les pauses se font rares, notre préoccupation première étant l'essence : les bidons diminuent, les réserves s'épuisent au fil des kilomètres et la panne tant redoutée semble inévitable... On réfléchit à plusieurs alternatives lorsque soudain, le village se dessine à l'horizon. Ouf ! Ravitaillement, sandwiches : le plus dur appartient théoriquement au passé...
Sauf qu'en voulant ramasser une pièce tombée par terre le long de la chaussée, PE y laisse sa chambre à air... Première crevaison après 19 000 km, chapeau quand même ! Réparation faite, la route doit nous mener à une colonie mennonite. Mais à 8 kilomètres de l'arrivée dans la pénombre, la chaîne de Béru (pourtant régulièrement graissée) fait encore des siennes et se casse en deux ! Remorquage de fortune jusqu'au pueblo où le verdict tombe : son axe de transmission avant est mort, ainsi qu'un rayon... PE y laisse un rayon también, bref c'est la totale mécanique !
Heureusement, la colonie mennonite nous change vite fait les idées : de grands blonds et de grandes blondes, blancs de peau, coulent ici des jours tranquilles, parlant allemand à chaque coin de rue et en aucun cas espagnol. La situation est bien étrange en plein milieu du Paraguay ! L'école y est en allemand, les produits et les panneaux routiers aussi : original ! La route jusqu'à Asunción est droite, très droite : agréablement asphaltée, elle nous permet d'oublier nos tracas mécaniques et d'admirer les pâturages et palmiers sur le bord de la chaussée...
Vu nos galères mécaniques, le test de notre matériel Tucano Urbano n'est que partie remise... Restez connectés pour les prochains épisodes et bonne semaine à tous !
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