Dans le cadre de la Mission parlementaire d'information relative à l'analyse des causes des accidents de la circulation, le PDG de la Mutuelle des Motards, Patrick Jacquot, est intervenu début septembre à l'Assemblée nationale où il a présenté sept propositions visant à améliorer la sécurité des usagers deux-roues.
Dans le cadre de la Mission parlementaire d'information relative à l'analyse des causes des accidents de la circulation, le PDG de la Mutuelle des Motards, Patrick Jacquot, est intervenu début septembre à l'Assemblée nationale où il a présenté sept propositions visant à améliorer la sécurité des usagers deux-roues.
"Les accidents avec tiers représentent plus de 80% des accidents de moto et de scooter"
"En 28 ans d'existence, la Mutuelle des Motards a accompagné ses sociétaires et leurs familles dans plus de 220 000 accidents, et nos statistiques confirment les études officielles comme le rapport MAIDS : dans plus de 2 accidents sur 3 avec un tiers, le conducteur de 2-roues n'est pas responsable, il est victime" a rappelé Patrick Jacquot qui se serait appliqué à battre "en brèche les préjugés sur le comportement des motards et des scootéristes" des députés français.
En réponse aux questions des parlementaires, l'assureur a proposé "sept mesures de fond qui s'appuient sur des constats partagés par tous, chercheurs, pouvoirs publics, usagers, mais qui ne sont toujours pas mises en oeuvre".
1. La création d'un véritable continuum éducatif, dès le plus jeune âge, de l'école jusqu'aux formations post-permis
Déplorant que le temps consacré à la sécurité routière soit réduite à "la portion congrue" dans l'enseignement scolaire, Patrick Jacquot a rappelé aux parlementaires l'importance d'une formation suivie auprès des plus jeunes usagers deux-roues.
"Si multiplier les messages de prudence est nécessaire, il faut permettre aux futurs conducteurs de décrypter les interactions entre les modes de transports, mais aussi d'analyser les comportements des usagers en fonction de leurs contraintes propres", a expliqué le PDG de la Mutuelle des Motards aux élus.
2. Mieux former les conducteurs de 2-roues à moteur à l'analyse des situations à risque
D'après Patrick Jacquot, "les hôpitaux et les cimetières sont pleins de motards et de scootéristes qui avaient la priorité". Selon lui, cette situation est induite par le sentiment de "sur-confiance" que ressentiraient des motards et les scootéristes "très attachés à leur statut prioritaire dans la circulation".
En clair : trop confiants dans leurs capacités à s'extirper du flux de circulation, les usagers deux-roues sont parfois amenés à payer très cher une sorte de sentiment de supériorité. D'autant que celui-ci "se cumule aux défaillances de perception, de diagnostic et de pronostic des automobilistes", précise le PDG.
Une analyse qui, avouons-le, n'est pas totalement dénuée de fondement. En revanche, espérons qu'elle ne participe pas à assombrir encore un peu plus la vision restrictive de certains "anti deux-roues" pour qui TOUS les motards sont des délinquants en puissance…
3. Former les automobilistes à la détection des 2-roues dans le trafic en intégrant à la formation de base au permis de conduire automobile l'initiation à la conduite d'un 2-roues
D'après les statistiques collectées par la Mutuelle des Motards, la fréquence des accidents entre automobilistes et conducteurs de deux-roues baisserait "de moitié lorsque l'automobiliste a suivi une formation deux-roues ou est titulaire du permis gros-cube".
Une baisse spectaculaire, sans doute explicable par la conscience de la vulnérabilité des usagers deux-roues des automobilistes eux-mêmes "motards ou scootéristes".
4. Créer un véritable décompte officiel du parc roulant 2-roues à moteur
Malgré la baisse de 19,8% de la mortalité routière des deux-roues en 2010, nos dirigeants ont tendance à s'accrocher à des statistiques "chocs" (donc "médiatiques") pour définir la pratique du deux-roues, comme le fait qu'à kilométrage égal, le risque d'accident serait 20 fois plus élevé sur deux-roues qu'en automobile.
Agacé par cette "habitude", Patrick Jacquot a rappelé que faute de véritable comptage officiel du parc roulant depuis les années 80, il parait bien difficile d'établir des statistiques fiables...
"Si l'on additionne gros cubes, 125 cc et cyclomoteurs, véhicules neufs et véhicules d'occasion, la Mutuelle estime le nombre de 2-roues en circulation à aujourd'hui 3 millions", a indiqué le PDG de la Mutuelle des Motards aux parlementaires, ce qui signifie que la part des 2-roues dans le trafic est plus proche des "10 % que des 2 % systématiquement invoqués".
Qui plus est, le big boss de l'assurance motos et scooters a tenu à souligner que le nombre de kilomètres parcourus en deux-roues serait en constante augmentation "car les nouveaux utilisateurs (125, scooter) utilisent quotidiennement leur 2RM pour se rendre sur leur lieu de travail". Une proportion d'usagers qui représentait "16% du trafic intra-muros" à Paris en 2010 d'après M. Jacquot, qui s'appuie sur des données de la préfecture de Police de Paris.
5 - Mettre en place un véritable suivi des autos et motos écoles
"Aujourd'hui se multiplient les boîtes à permis, où forfaits-miracle et bachotage ont valeur d'enseignement dans des établissements dont le modèle économique est basé sur le nombre", déplore le PDG qui insiste sur le fait que "les conducteurs n'apprennent plus à conduire, mais à réussir l'examen"
Une pratique dont se défend l'Association pour la formation des motards (AFDM), partenaire de la mutuelle des motards, qui fait partie des rares enseignes a avoir "basées son travail sur la qualité de l'enseignement" n'a (évidemment !) pas manqué de souligner Patrick Jacquot !
Selon le dirigeant de la Mutuelle, cette politique du chiffre aurait des conséquences directes sur l'accidentalité préoccupante des novices : "selon la Préfecture de Police de Paris, 30 % des motards tués dans la capitale détenaient leur permis depuis moins d'un mois. Ce pourcentage de tués monte à 60 % chez ceux qui détenaient le permis depuis moins d'un an", indique le PDG.
6 - Créer l'équité entre usagers
Rappelant que le Conseil Interministériel de la Sécurité Routière (lire notre Dossier spécial CISR) souhaite imposer une formation obligatoire aux motards et aux scootéristes qui n'ont pas conduit de deux-roues depuis cinq ans, Patrick Jacquot a demandé aux parlementaires d'envisager la même politique pour tous les usagers.
"Pourquoi ne pas faire la même chose avec les automobilistes, qui partagent le même environnement routier, et sont soumis aux mêmes interactions entre usagers ?", s'est interrogé le patron de la Mutuelle qui appelle à "l'équité entre usagers".
7 - Prendre en compte la fragilité des 2-roues dans l'infrastructure
Séparateurs de voies inappropriés, ralentisseurs digne d'une table de moto-cross ou peintures au sol glissantes : les exemples d'équipements routier et de mobilier urbain mal conçus, voire dangereux, pour les motards et les scootéristes sont nombreux et se multiplierait même selon Patrick Jacquot.
Le dirigeant de la Mutuelle a ainsi indiqué aux députés que "toutes les études démontrent le caractère aggravant de l'infrastructure dans les accidents de moto et de scooter" et souhaite que soit intégrée "la sécurité des 2-roues dans le cahier des charges obligatoire de tout nouvel équipement routier ou mobilier urbain".
Le Président directeur général de la Mutuelle des Motards a argumenté sa septième et dernière proposition en précisant que des expériences "menées par certaines collectivités comme le Conseil Général de l'Hérault" montrent que si la fragilité des deux-roues est intégrée "dès la conception d'un projet, le surcoût final est de 1 %".
Reste à savoir si cet infime surcoût peut devenir une cause défendue par nos parlementaires qui, pour beaucoup, "misent" plutôt sur le médiatique renforcement de l'arsenal répressif et la rentable multiplication des radars automatiques… Restez connectés !
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