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INTERVIEW
Paris, le 17 juillet 2003

Rémy Heitz : "celui qui me convaincra que la vitesse est une bonne chose n'est pas né !"

Rémy Heitz : "celui qui me convaincra que la vitesse est une bonne chose n'est pas né !"

Après sa balade avec Moto Journal, le délégué interministériel nous livre ses premières impressions. Bilan : il s'engage à sensibiliser les automobilistes et à améliorer les infrastructures, mais il reste encore du boulot sur la vitesse... A qui le tour ?

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Après sa balade avec Moto Journal (lire Rémy Heitz fait de la moto), le délégué interministériel livre ses impressions à Moto-Net. Bilan : il s'engage à améliorer les infrastructures et à sensibiliser les automobilistes grâce à des opérations "Motards d'un jour", mais il reste encore du boulot sur la vitesse... A qui le tour ?

Alors M. le délégué interministériel, ce petit tour à moto ? Opération de communication ou vrai souci de mieux comprendre ?
Oh, vous savez, la communication ! Non, c'était une réelle volonté de comprendre et ce n'était pas du tout conçu comme une opération démagogique, c'est clair. Moi, ça m'a permis de me rendre compte d'un certain nombre de choses, car j'avais déjà un embryon d'expérience mais là on a pu faire l'expérience dans de bonnes conditions, en faisant un itinéraire d'une centaine de kilomètres sur différents types de voies.

J'ai trouvé ça très intéressantQu'avez-vous appris ?
J'ai trouvé ça très intéressant, parce que ça m'a permis de prendre conscience de ce qu'on vit sur une moto. La façon dont on se situe sur la chaussée, la façon dont on perçoit des choses que souvent on ne perçoit pas quand on est automobiliste ou piéton. Je pense par exemple à l'importance des risques liés aux infrastructures, comme une plaque d'égout proéminente ou au contraire un peu trop enfoncée dans la chaussée. Ce sont des détails pour un automobiliste, mais pas pour un motocycliste.

Comptez-vous demander des budgets supplémentaires pour améliorer ces infrastructures ?
Oui, en tout cas ça va me permettre de sensibiliser l'ensemble de ceux qui sont chargés de l'entretien, de l'exploitation et des travaux pour les faire avancer.

Avez-vous eu peur ?
Je dois dire qu'en raison de ma très faible expérience, j'ai vraiment eu l'impression d'être exposé et vulnérable, surtout quand on allait un peu vite.

Un peu vite, M. le délégué ?
Dans le respect des limitations bien entendu ! Car dans le cahier des charges de cette expérience, j'avais bien insisté pour que les limitations soient respectées !

Même pas une petite pointe à 150 ?
Non, non, non ! 130 ! A un moment, oui, c'est vrai, je lui ai demandé d'accélérer un peu mais on est pas allé jusqu'à 150 ! Et à propos de vitesse, je me suis vraiment rendu compte que les motards sont en grande situation de vulnérabilité. D'où l'importance de respecter les règles sur la vitesse ! Vraiment, ça m'a semblé tout à fait important.

Quai du Louvre, vous êtes-vous senti davantage en sécurité dans les voies de bus ou sur la chaussée au milieu des voitures ?
Sur le sujet des voies de bus, il y a des règles et je pense qu'il faut avant tout les respecter. Mais c'est vrai que d'une manière générale, quand on est motard on se sent plus vulnérable qu'un automobiliste dans un flot important de circulation. Il faut donc voir comment, en effet, on peut trouver des solutions appropriées. Mais je ne souhaite pas, en l'état, donner une position tranchée sur les voies de bus.

C'est pourtant une vraie question de sécurité routière, au moins dans les grandes villes !
Là, on a fait l'expérience sur un seul trajet et toutes les motos ne roulaient pas dans les voies de bus. Je ne sais pas ce que ça donnerait si toutes les motos avaient le droit d'y circuler ! C'était expérimental, ce n'est pas représentatif de ce que serait la situation à flot continu avec tous les motards sur la voie de bus...

Moto Journal du 17 juillet 2003, en vente près de chez vousPensez-vous appréhender différemment les études d'accidentologie des motards ?
Ce que j'espère, c'est que les prochains chiffres montreront une diminution du nombre de motards tués. C'est ma première préoccupation. Je veux voir une baisse équivalente dans toutes les catégories d'usagers, aussi significative chez les motards que chez les automobilistes. Je ne voudrais pas que les motards soient à la traîne, c'est-à-dire que la baisse soit moins sensible chez eux.

Mais ce n'est pas forcément la vitesse qui cause les accidents !
Je ne suis pas d'accord. Je ne suis pas du tout convaincu par les arguments sur la vitesse et tout ce que je vois au quotidien tend vraiment à me démontrer le contraire. Celui qui me convaincra que la vitesse peut être une bonne chose n'est pas né ! Il y a plusieurs façons de ne pas être dans le flot, on peut rouler un peu plus doucement, on peut rouler différemment. Je crois que la vitesse n'est pas la réponse au problème. Ce qui est certain c'est que sur l'autoroute, à la vitesse maximale autorisée, je trouvais déjà que l'allure était rapide !

Mais pourquoi ne pas instaurer une vitesse maximale pour les motos différente de celle des voitures, comme c'est déjà le cas pour les camions ?
Ce que vous êtes en train de me dire, c'est qu'il faudrait que les motards aient l'autorisation de rouler un petit peu plus vite ?

Euh...
Écoutez, ce que j'ai constaté en faisant de la moto, c'est que les autres motards roulent beaucoup, beaucoup plus vite... Les dépassements de vitesse sont quand même très excessifs, on voit beaucoup de motards rouler à 160 ou 180 km/h... Il faut déjà commencer par se rapprocher de la règle. C'est le plus important.

A l'aide des nouveaux radars numériques ?
Ca, il faudra bien vous faire à cette idée : les radars seront installés, ils fonctionneront et ils appréhenderont toutes les catégories d'usagers y compris les motocyclistes. Et de toute façon, les radars automatisés ne supprimeront pas les contrôles humains. Il y aura encore des contrôles classiques avec interception. Donc les motards n'échapperont pas à la règle sur la vitesse. Ce que j'ai observé aussi, c'est qu'avec votre collègue on a eu un comportement raisonnable sur la route et on a donc été respecté. Il n'y a pas eu de comportements hostiles d'automobilistes à notre égard sur l'ensemble du parcours et je pense qu'il en aurait été différemment si on avait roulé à vitesse excessive. Car je vois quand même de plus en plus d'automobilistes se plaindre du comportement des motards, sur le thème "que faites-vous en direction des motards, nous on fait des efforts mais pas eux". C'est quelque chose que j'entends tous les jours donc vraiment, je pense que dans l'intérêt des motards, il faut absolument que la vitesse baisse.

Mais les radars automatisés ne peuvent pas distinguer le type de véhicule !
C'est vrai que si on règle la machine à 130 sur autoroute, un camion ne pourra pas être verbalisé. Mais il y aura des dispositifs spécifiques pour les poids-lourds. On peut très bien par exemple contrôler les camions limités à 90 en réglant la machine à 90, en ne retenant pas les voitures particulières. Et on peut aussi faire du contrôle classique vis-à-vis des camions. De toute façon, les camions comme les motards seront compris dans le dispositif !

Allez-vous développer la formation des automobilistes et les sensibiliser à la présence de motards à leurs côtés ?
Oui, et je peux même vous dire que nous allons développer les opérations Motards d'un jour. Je pense que c'est extrêmement important pour un usager de se mettre dans la peau d'un autre. Tous les automobilistes sont par ailleurs piétons et beaucoup de piétons sont aussi automobilistes, mais peu sont motards. Et vraiment, c'est très important de sensibiliser les autres sur la vulnérabilité des autres usagers.

Cette expérience va-t-elle vous inciter à acheter un deux-roues ?
Je suis très attiré par le scooter pour des questions de gains de temps, mais je ne suis pas encore sûr de franchir le pas... En tout cas, si j'en achète un, je l'essaierai avant et je me formerai, car je n'en ai jamais conduit et je ne sais pas du tout si je serai à l'aise sur ce genre d'équipement...

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