C'était à prévoir : avec les mauvais chiffres de la mortalité routière (+ 30,4% en septembre) ressurgissent des propositions toujours plus restrictives. Dernière en date, la volonté d'un sénateur d'interdire tous les dispositifs permettant de signaler et localiser les radars et contrôles policiers, avertisseurs et réseaux sociaux compris.
Jean-Pierre Grand, sénateur LR de l'Hérault (34) et maire de Castelnau-le-Lez, fait part dans un courrier adressé au gouvernement de son souhait de rendre illégal tous les moyens permettant de prévenir de la présence de radars et de contrôles de police. Immédiatement très critiquée, cette mesure vise dans un premier temps les avertisseurs de radars, pudiquement renommés "avertisseurs de zones de dangers" en 2011.
Depuis cette date, les Coyote, Winkangoo et autres Waze n'indiquent plus la localisation précise des contrôles radars (automatiques ou embarqués), mais des "zones dangereuses" qui s'étendent sur 500 mètres en ville, 2 km hors agglomération et 4 km sur autoroute. Autrement dit, une portion suffisante pour se faire flasher "pour votre sécurité". Voire plusieurs fois ! Sont aussi concernés les traditionnels "appels de phare" entre usagers et les échanges via CB entre camionneurs.
"Ce genre de comportements a des conséquences sur l'efficacité de la politique de lutte contre l'insécurité routière", assure Jean-Pierre Grand, qui n'hésite pas à faire jouer la carte de la menace terroriste en argumentant que tous les moyens de signalement des contrôles "constituent une source d’information majeure pour les délinquants, voire pour les terroristes". Carrément !
Et le sénateur Grand nourrit même un projet répréhensif d'envergure encore plus grande : l'élu héraultais appelle à faire supprimer aussi les réseaux sociaux sur lesquels circulent les informations relatives à la présence de radars et policiers sur les routes ! Seul hic : après des mois de débats et un procès très médiatisé, la cour de cassation a récemment autorisé l'existence de tels groupes de discussion. Une trentaine de ces groupes rassembleraient aujourd’hui quelque 500 000 membres.
Dont acte ? En théorie oui, mais en pratique, pas tout à fait... Le gouvernement ne peut revenir sur une décision de la cour de cassation mais peut la contourner en changeant les textes de loi, dans la mesure où une décision de la cour de cassation n'est relative qu'à la législation à la date à laquelle elle a été rendue. Autrement dit, l'Etat peut passer au-dessus en ajoutant un article au code de la route visant à interdire les échanges de ce type sur des groupes spécifiques via les réseaux sociaux...
"Interdire toute signalisation, que ce soit par le biais des réseaux sociaux ou de boîtiers communautaires, c'est insensé. D'abord parce que ces outils ont un véritable rôle à jouer dans la sécurité routière : ils préviennent des zones potentiellement dangereuses, rappellent les limitations de vitesse et favorisent donc la vigilance des usagers. D'autre part, parce que ces dispositifs sont aujourd'hui à ce point développés et répandus parmi les automobilistes - on parle en millions d'utilisateurs - qu'il serait irréaliste de chercher à les interdire totalement", s'insurge Daniel Quéro, président de "40 millions d'automobilistes"
Pour Pierre Chasseray, délégué général de l'association, ce sont surtout les possibles dérives qui sont à craindre : "si l'on interdit les boîtiers, les applications, les réseaux sociaux, on retirera bientôt aussi les panneaux de signalisation des radars. On risque alors de rendre légitime n'importe quel lieu d'implantation des radars, qu'il soit accidentogène ou non, et de rendre encore moins acceptable la politique de répression de la vitesse. Une nouvelle fois, la bonne nouvelle ne serait que pour les caisses de l'État, qui verrait croître à coup sûr les recettes liées aux amendes radars, qui s'élèvent déjà à près d'un milliard d'euros".
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