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DUEL
Paris, le 9 août 2011

R1200R 2011 Vs Griso 8V SE : rigueur allemande ou charme italien...

R1200R 2011 Vs Griso 8V SE : rigueur allemande ou charme italien...

Certains préjugés ont la vie dure... En opposant la nouvelle R1200R et la Griso 8V SE, Moto-Net.Com souhaitait éviter les clichés attribués aux produits germaniques et transalpins. C'est loupé : BMW et Moto Guzzi entretiennent leurs réputations ! Duel.

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Achtung motocyclettes !

Une fois les deux bicylindres démarrés, de vifs coups de gaz au point mort font sensiblement pencher les motos sur leur côté droit. Alors que le pilote de la BMW est largement isolé des battements du Boxer, celui installé sur la Moto Guzzi est gentiment ballotté par le Quatrovalvole.

Des tremblotements se font illico ressentir dans les repose-pieds de la Griso 8V SE, mais ils séduisent bien plus qu'ils indisposent. Calqués sur la belle mélodie du pot, les frémissements du guidon donne envie de passer la première et de démarrer !

On découvre alors un embrayage assez dur, qui devient fatigant si l'on reste trop longtemps en ville. De même, la sélection un peu lente et surtout rêche correspondent mal à un usage quotidien dans les bouchons. Une "moto d'homme" en somme, ou tout l'inverse de la BMW : la boite est onctueuse et le levier gauche à la fois doux et progressif.

Le train avant de la R1200R se montre également plus agile et maniable que celui de la Griso. Se mouvoir dans la circulation est donc bien plus aisé aux commandes de la haute et légère Béhème que de la basse et lourde Gouzdzi.

Une moto d'homme et une moto douce

À la belle saison - lorsqu'elle daigne arriver pour de bon... -, la Griso chauffe un peu trop l'entrejambe située à la même hauteur que les cylindres. Sur ce point encore, la R1200R et ses cylindres placés au niveau des chevilles importunent beaucoup moins.

Au final, les trajets en ville ne sont pas le fort de la Griso et on n'est pas mécontent de la garer pour se poser à une terrasse de café. On peut alors admirer sa moto et répondre aux sollicitations des badauds. Pour siroter son demi diabolo grenadine tranquille, mieux vaut cacher le casque et le blouson...

Le pilote de la R1200R au contraire piaffe d'impatience : après un tel premier contact, il lui tarde d'essayer la BMW sur petite route ! Le Boxer est remarquablement souple, reprenant à moins de 2000 tr/min en 6ème dans une sonorité pneumatique agréable et sans à-coups, mais il ne libère véritablement ses coups qu'à partir de 4000 tours.

Bien que le nouveau pot de la BMW se montre plus canaille que l'ancien - la R1200R pétarade joyeusement à la décélération ! -, il s'incline face à celui de la Guzzi, bien plus présent, voire entêtant dans les espaces confinés comme son box de parking, la cour de son domicile - les voisins préfèreront la courtoise BMW - ou les tunnels...

Sur les trois premiers rapports, la Griso accepte de descendre jusqu'à 2000 tr/min, mais elle toussote de trop en 4ème, s'étouffe en 5ème et avale ses soupapes en 6ème ! Plus bruyant et gigotant que le Flat-Twin allemand, le V-Twin italien ne se contente pas de rouler des mécanique : malgré son excédent de poids, la Goudzi tient la Béhème sur la première moitié du compteur !

L'allonge du Boxer

Lorsque les aiguilles dépassent les 4500 tr/min en revanche, la R1200R s'envole irrémédiablement, profitant pleinement de la meilleure allonge de son moteur - la course des pistons du Flat est plus courte... Ainsi, si le Quatrovalvole séduira davantage les amateurs de "sensations" fortes, question efficacité, le Boxer remporte le match haut la main !

La partie-cycle de la BMW est à l'avenant, affutée, offrant au pilote la possibilité de tailler les virages à des vitesses impressionnantes, et en toute décontraction ! Modifiables via le bouton ESA situé sur la commodo gauche, les réglages des suspensions avant et arrière garantissent toujours le même accord.

Le mode "confort" est particulièrement intéressant puisqu'il offre, comme son nom l'indique, un amortissement des plus appréciables et permet dans le même temps de continuer à rouler à un bon rythme. Ceux que les changements d'assiette - modérées par les suspensions made in Munich ! - et n'inquiètent guère pourront même attaquer comme en mode "sport" !

Insensible aux prises de freins même en pleine courbe, le train avant de la R1200R reste figée à la route autant qu'à la trajectoire souhaitée par le pilote. Ce n'est pas le cas de la Guzzi : la belle de Mandello laisse beaucoup moins de place à l'improvisation et demande un pilotage plus coulé.

Le large guidon de la Griso exige à la fois de l'engagement et de la précision lors des mises sur l'angle. Chaussée d'un Roadtec Z8 à l'avant et d'un Sportec M5 à l'arrière (des Scorpion équipent d'origine les Griso 8V SE), notre modèle d'essai se montrait même un peu trop nerveux dans les courbes bosselées et se raidissait dès qu'on effleurait le levier de frein.

Freinage à quatre doigts

L'attaque des freins de la Guzzi est pourtant plus timide que sur la BMW. De même, pour aller chercher toute la puissance des étriers radiaux Brembo, il ne faut pas hésiter à attraper le levier droit par son extrémité. C'est en cherchant à faire les freins au collègue en R1200R qu'on prend à nouveau conscience du surpoids de la Griso 8V.

Le mordant du freinage de la BMW est, lui, immédiat et il suffit de deux doigts - ou d'un seul comme Stoner, étant donné la mollesse du levier ! - pour stopper net la R1200R. Secondés par un ABS - il est indisponible sur la Guzzi -, les freins de la béhème sont à la fois plus agréables à utiliser et plus sûrs en cas de pépin sur la route ou en ville.

La garde au sol supérieure sur le roadster de Munich permet en outre d'attaquer plus sereinement. En essayent de suivre le rythme, la Griso a tôt fait de racler par terre... du côté gauche, là ou se trouve cette satanée béquille fixée sur le large carter moteur !

Que les amateurs de virées "entre amis" - et ils sont nombreux dans les rangs Moto Guzzi - se rassurent toutefois : leur monture leur permettra de rouler à vive allure sans entamer la latérale. Par ailleurs, si le cardan italien n'est pas aussi agréable que son cousin allemand, il permet néanmoins de rouler à faible vitesse sans heurts.

Les suspensions de la Griso 8V SE se montrent moins rigoureuses pendant les arsouilles : la transalpine ne se cale pas aussi docilement que sa concurrente à la réaccélération notamment. De plus, elles ne gomment pas aussi efficacement les trous, bosses ou autres cassis.

Sur long parcours enfin, la selle de la BMW se révèle plus confortable que celle de la Guzzi pour le pilote, mais aussi pour le passager. Ce dernier acclame d'ailleurs l'arrivée de poignées passager sur l'Allemande, alors qu'il les attend toujours sur l'Italienne !

Par les petites routes

Ni l'une ni l'autre en revanche ne sont faites pour l'autoroute. Outre l'absence totale de protection propre à leur catégorie, la BMW se met à vibrer au niveau des repose-pieds et des leviers aux alentours de 4000 tr/min, soit 115 km/h en 6ème. L'image dans les rétros se brouillent complètement, bref, on ne s'éternise pas sur voies rapides.

Sur la Guzzi, les tremblements du twin restent supportables, mais l'appui de l'air sur les bras l'est beaucoup moins ! En limande sur le long réservoir un bras dans le dos, le pilote devra se montrer endurant pour effectuer de longs parcours.

Il ne devra pas être trop regardant non plus sur la consommation : face au vent - il y en a eu sur une grande partie de notre roulage -, la Griso a englouti pas loin de 7,5 l/100km. Vent dans le dos cette fois, le roadster italien brûlait un litre de moins, mais n'est jamais descendu sous les 6,5 l/100km.

Dans les mêmes conditions, la BMW s'est montré plus sobre : entre 5,5 et 7,3 l/100km selon le rythme... Le Boxer s'impose donc dans ce dernier round et remporte le match ! Le programme de la R1200R 2011s'avère en effet bien plus complet que celui de la Griso 8V SE : boulot, balade, arsouille, duo... tout réussit à cette nouvelle BMW, à l'exception de l'autoroute !

Naturellement, cette polyvalence a un prix, et il est élevé. Parée de ses packs d'options, la Béhème coûte 2300 euros plus cher que la Goudzi mine de rien !

Mais cet argument sera sans doute relégué au second plan : ces motos s'adressent principalement à une frange des motards qui n'ont plus "besoin" de rien, plutôt "envie" de tout, y compris d'une moto à 12 000 € - c'est le strict minimum aujourd'hui ?

Aussi, le choix de la Moto Guzzi sera avant tout celui du coeur. Son possesseur profitera alors d'une moto très attachante et "sensationnelle", adepte de balades bucoliques et de pauses alcooliques café ! Il devra faire davantage de concession pour rouler au quotidien, tout comme son passager lors des virées à deux.

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CONDITIONS ET PARCOURS

 
  • R1200R d'origine (Kit option 2, I-ABS 2 et ASC) avec 1950 km au compteur
  • Griso 8V SE d'origine avec 2255 km au compteur
  • Parcours : 450 km
  • Routes : route, ville et autoroute
  • Pneus : Bridgestone BT-021 sur la BMW
    Metzeller Roadtec Z8 (Av) et Sportec M5 (Ar) sur la Guzzi
  • Conso moy : entre 5,5 et 7,3 l/100 km (BMW)
    entre 6,5 et 7,5 l/100 km (Guzzi)
  • Auton moy : 310 km (BMW), 280 km (Honda)
  • Problèmes rencontrés : RAS
 
 
 

POINTS FORTS BMW R 1200 R 2011

 
  • Efficace sur route comme en ville
  • Boxer 2011 plus affûté
  • Agrément de conduite
 
 
 

POINTS FORTS MOTO GUZZI GRISO 8V SE

 
  • Charme naturel
  • Look de la SE pour 500 €
  • Moteur "sensationnel"
 
 
 

POINTS FAIBLES BMW R 1200 R 2011

 
  • Tarif de base
  • Options nombreuses
  • 805 € pour la version Classic
 
 
 

POINTS FAIBLES MOTO GUZZI GRISO 8V SE

 
  • Poids élevé
  • ABS indisponible
  • Exigeante à rouler