L'importateur de MV Agusta, Cagiva et Husqvarna en France, Marcel Seurat, a accepté de livrer à Moto-Net ses impressions sur le marché de la moto en France et sur l'avenir de ces marques.
L'importateur de MV Agusta, Cagiva et Husqvarna en France, le patron de la SIMA Marcel Seurat, a accepté de livrer à Moto-Net ses impressions sur le marché de la moto en France et sur l'avenir de ces marques. Interview.
Moto-Net : après toutes les rumeurs et incertitudes récentes, comment voyez-vous le futur de Cagiva ?
Marcel Seurat : MV Agusta et Cagiva, c’est la même entreprise. Le passé n’a pas toujours été facile, mais c’est reparti. La production a repris, nous sommes là avec des motos disponibles. Le futur est assuré et la confiance revient. Par exemple, nous sommes en pleine reconstruction de notre réseau et nous avons énormément de contacts. Je suis certain qu’au moins 50% des gens qui travaillaient avec nous (NDLR : avant la crise traversée par le groupe Cagiva) vont revenir. Ils nous ont quitté parce qu’il fallait bien qu’ils mangent, on avait plus rien a leur proposer ! Mais maintenant qu’on a de nouveaux de belles motos, ils nous connaissent et ils vont revenir.
Moto-Net : le marché de la moto est-il favorable ?
Marcel Seurat : tu te rappelles il y a 10 ans, ça avait été une vraie catastrophe, le marché s’était effondré. Eh bien nous, on faisait alors +182% ! Tout ça pour dire que si tu as les bons produits, ça marche ! Surtout que nous, on n’en vend pas des milliers et nos clients sont du genre fidèles. Regarde Husqvarna : la plupart ne font pas de compétition ! Ils n’ont pas besoin du dernier modèle, ils ont pu nous attendre et retarder leur achat.
Moto-Net : quoi de neuf pour MV Agusta ?
Marcel Seurat : on présente la F4-1000 et la Brutale est disponible. C’est bien simple, on a trop de demandes ! Tout ce que l’on peut avoir est déjà vendu !
Moto-Net : envisagez-vous d’engager la F4 1000 en compétition ?
Marcel Seurat : c’est une décision qui est de la responsabilité de l’usine et aujourd’hui, non ce n’est pas prévu.
Moto-Net : la SIMA pourrait-elle aider des initiatives privées, par exemple en endurance ?
Marcel Seurat : ces motos modernes sont extrêmement complexes. Seule l’usine peut fabriquer les pièces spéciales nécessaires pour courir. Je pense qu’à notre niveau, nous ne pourrions rien faire de sérieux.
Moto-Net : aujourd’hui vous bénéficiez de l’effet nouveauté, mais à terme l'image dune sportive ne passe-t-elle pas par la compétition ?
Marcel Seurat : non, je ne crois pas. D’autres marques ne font pas de compétition et se portent très bien comme BMW, Triumph ou Harley-Davidson.
Moto-Net : ce ne sont pas vraiment des sportives !
Marcel Seurat : on ne se place pas vraiment sur le créneau des sportives. Nos clients sont plutôt à la recherche de quelque chose d’exceptionnel, d’exclusif et ils sont prêts à payer pour ça. Attention, ce qui m’a toujours frappé, c’est que ce sont de vrais motards qui ont généralement une longue expérience de la moto. C’est comme les Harleys, on dit souvent que c’est des motos de frimeurs. Moi, j’habite à Beaune à côté de l’autoroute, hé bien ce que je vois le plus passer c’est des Harleys ! Je ne sais pas ce que foutent les autres motos ! Je dirais que les amateurs de motos comme la MV, ce sont des gars qui ont réussi mais qui veulent entretenir l’image de voyou liée à la moto. "voyou avec classe" ! D'ailleurs je vais te raconter une histoire : il y a 30 ans, je connaissais bien le directeur des parfums Hermes. On faisait des balades ensemble, il avait une Honda CB 750 Four. Un jour je le vois arriver avec une Munch Mammut, pas vraiment un engin facile et horriblement cher ! Je lui demande ce qu'il fait avec un truc pareil et il me répond : "il y a quelques jours je me suis arrêté au feu avec ma Honda, un ouvrier de mon laboratoire s’est arrêté à côté de moi avec la même ! Eh ben, ça m’a fait chier ! Au moins avec celle là ça n’arrivera plus". Tu vois, aujourd’hui comme il y a 30 ans, il y aura toujours des amateurs pour ce genre de motos exclusives.
Moto-Net : comment se positionne Cagiva ?
Marcel Seurat : pour le moment il n’y a pas de grosses nouveautés mais c’est une priorité de l’usine. On aura quelque chose de vraiment marquant bientôt. Dans les petites cylindrées on continue avec les mêmes bases mais on envisage un engagement en compétition de la Mito. C’est pareil pour la 1000 Raptor, on aimerait bien l’engager en roadster Cup. Il lui manque un peu de chevaux, mais on sait comment faire pour les trouver.
Moto-Net : et la Navigator ?
Marcel Seurat : elle a été un peu oubliée, c’est certain. Il faut dire que l’on a été assassiné par la concurrence à l’époque. Ce n’était pas très élégant : celui qui est en train de crever, on le laisse au moins crever tranquillement ! Pourtant, c’est une excellente moto. Nous allons nous attacher à la faire redécouvrir... Et certains seront surpris.
Moto-Net : croyez-vous au retour d’un mono routier ?
Marcel Seurat : ça reviendra certainement un jour. Le mono procure des sensations incomparables. Depuis 30 ans que je suis dans ce métier, je peux te dire que les modes sont cycliques : 1 cylindre, 2 cylindres, 3, 4 et même 6 ! et puis on revient à 4, 3, 2 puis 1 ! C’est la même chose pour le 2 temps et le 4 temps.
Moto-Net : sauf que le 2 temps paraît définitivement hors jeu avec les règlements anti-pollution.
Marcel Seurat : pour le moment c’est le cas. Jusqu’au jour ou les ingénieurs se pencheront vraiment sur la question et trouveront une solution. Et là, tout le monde en voudra...
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