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ORAGE, Ô DÉSESPOIR
Paris, le 27 août 2018

Les pilotes MotoGP expliquent l'annulation du GP de Grande-Bretagne 2018

Les pilotes MotoGP expliquent l'annulation du GP de Grande-Bretagne 2018

La situation ne manque pas d'ironie : le GP de Grande-Bretagne 2018 est littéralement tombé à l'eau, dans un pays où la pluie fait pourtant partie du décor ! Mais plus que la pluie, c'est bien l'incapacité de la piste de Silverstone à évacuer l'eau qui a convaincu les pilotes et l'organisateur du MotoGP d'annuler l'épreuve britannique. Explications.

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Cal Cruthlow, 8ème du championnat MotoGP provisoire, compte en toute logique parmi les plus frustrés de cette situation : le sujet de Sa Majesté, confirmé jusqu'en 2020 chez Honda-LCR, se dit tout simplement "dégoûté de ne pas pouvoir participer à mon Grand Prix national. C'est très décevant que la situation météo se soit à ce point dégradée".

Rappelons que la course MotoGP a dans un premier été déplacée avant les épreuves Moto3 et Moto2 en raison des prévisions météo inquiétantes, avant d'être plusieurs fois reportée à cause des ondées. Les pilotes - qui ont pu disputer le warm-up sur piste sèche en fin de matinée - sont restés dans l'expectative plus de quatre heures, avant que la décision de jeter l'éponge ne soit officialisée.

"La commission de sécurité a décidé de retarder, et de retarder encore, avant de décider que l’état de la piste n’était pas sûr à cause de l’eau stagnante sur l’asphalte", raconte Cal Crutchlow. "C'est une journée très, très triste pour les fans et je suis vraiment désolé pour ceux qui étaient venus pour me soutenir ainsi que les autres pilotes de MotoGP. Nous sommes juste désolés de ne pas pouvoir faire le spectacle, mais nous n'avons pas pris cette décision à la légère".

Or ce n'est pas l'abondance de la pluie qui a causé cette situation rarissime (la dernière annulation d'une course en catégorie reine remonte à 1980, pour cause de neige au GP d'Autriche) : le principal problème provient de la piste de Silverstone, tout bonnement "noyée" sous l'averse... Faute d'évacuer correctement l'eau, le bitume générait d'impressionnantes flaques dans lesquelles les motos partaient en aquaplaning.

Résultat : six pilotes ont chuté à haute vitesse dans le même secteur samedi pendant les essais libres 4 ! Pire : Esteve "Tito" Rabat a dû être hospitalisé en urgence après avoir été fauché par la Honda en perdition de Franco Morbidelli, alors qu'il se relevait dans les graviers. L'espagnol du team Avintia souffre de multiples fractures à la jambe droite qui menacent sa fin de saison...

Le constat est d'autant plus rageant que le bitume anglais venait d'être resurfaçé dans le but d'améliorer son adhérence et son état général ! Une opération complètement ratée à l'évidence, puisque non seulement le drainage est inopérant, mais en outre les bosses présentes sur la piste ont fait l'objet du courroux des pilotes dès la première journée d'essais !

"Un week-end qui se passait bien pour nous s'est transformé en une situation inacceptable, et maintenant il faut comprendre ce qu'il s'est passé exactement", gronde Andrea Dovizioso, très critique envers ces travaux visiblement bâclés. "Nous en reparlerons à la commission de sécurité, car refaire la surface d’une piste puis découvrir qu’elle a plus de bosses qu’avant, avec un problème de drainage, c'est clairement insuffisant pour un championnat de ce niveau."

Marquez et Lorenzo montent au front

Faute de pouvoir disputer la course dans des conditions de sécurité correctes malgré l'adhérence des pneus pluie, les pilotes MotoGP - emmenés par Jorge Lorenzo et Marc Marquez - ont sollicité une réunion de crise avec la direction de course et la commission de sécurité vers 16h00. 

"La journée a été longue, inhabituelle et fatigante et nous espérons que cela ne se reproduira plus", tonne Marquez. "La commission de sécurité a analysé la situation et je pense que la direction de course doit être respectée. Ils ont écouté et au final, la sécurité est restée la préoccupation principale de tout le monde".

Malgré l'intervention de balayeuses sur la piste pour tenter d'évacuer l'eau stagnante, aucune amélioration ne s'est profilée pendant l'après-midi, rendant illusoire la perspective de disputer la course à 17h00 comme l'espérait un moment l'organisateur. Sans compter que plus la journée avançait, plus la température descendait... et donc plus l'adhérence faiblissait !

Marc Marquez, qui s'est rapidement positionné en faveur de l'annulation, rappelle qu'aussi douloureuse soit cette décision, elle est dictée par la prudence : "l'un de nous est déjà à l'hôpital", répond-t-il  sévèrement à l'intention de ceux qui insinuent qu'elle joue en sa faveur, puisqu'il mène le championnat avec 59 points d'avance sur Rossi. "J'ai regardé l'écran toute la journée et j'ai vu les fans patienter dans les tribunes : cela aurait été bien de les récompenser, mais il faut parfois garder la tête froide."

"Bien sûr, nous sommes désolés pour les fans qui sont venus nous voir", regrette en écho son coéquipier Dani Pedrosa, "mais je suis encore plus triste pour Tito qui est blessé et a une longue convalescence devant lui".

"La piste n’offrait pas les conditions adéquates pour courir en sécurité"

Pour Jorge Lorenzo, qualifié en pole position du GP de Grande-Bretagne, "l'asphalte ne drainait pas correctement et la situation ne s’est pas améliorée avec le temps. Nous avons décidé d’annuler la course car la piste n’offrait pas les conditions adéquates pour courir en sécurité", assure le pilote Ducati, actuellement troisième au provisoire.

De l'avis général, cette décision était la meilleure solution même si l'annulation d'une course ne fait plaisir à personne. "Courir est ce que nous préférons tous, y renoncer n'est pas une chose facile", souligne "Pedro". D'autant qu'à la frustration de ne pas prendre la piste s'ajoute aussi celle de perdre une occasion de marquer des points, voire de gagner des places au championnat !

"L'annulation d'une course est le pire des scénarios et un dernier recours", confirme Massimo Meregalli, directeur du team officiel Yamaha. "Cependant, je pense que nous pouvons tous convenir que la sécurité des pilotes doit toujours passer en premier. Il aurait été irresponsable de les envoyer en piste aujourd'hui, en sachant leurs préoccupations concernant l'aquaplaning. Nos pensées vont aux fans qui ont attendu et attendaient avec impatience le GP de Grande-Bretagne".

Miller et Zarco partagés sur l'annulation du GP de Grande-Bretagne

Si cette annulation fait officiellement consensus, certains ont tout de même exprimé quelques réserves pendant la réunion avec la commission de sécurité. Parmi eux Johann Zarco (7ème au provisoire) et Jack Miller (12ème), qui auraient volontiers patienter davantage avant de définitivement annuler la course.

Le français et l'australien, qui n'ont pas froid aux yeux, semblaient même prêts à tenter le coup malgré les flaques d'eau stagnantes, notamment dans le secteur 7 et 8 où s'est déroulé le crash de Rabat. Les deux pilotes se sont cependant rangés à la décision générale sans la contester, admettant effectivement la prise de risques très importante qu'impliquaient ces conditions. 

"La course a été annulée après que nous ayons attendu longtemps dans l'espoir que la pluie s'arrête et qu'il y ait moins d'eau sur la piste", explique Johann, devancé depuis peu par Danilo Petrucci comme premier pilote "privé" (classement relatif dans la mesure où Petrux dispose d'une Ducati avec des spécification d'usine chez Pramac).

"On peut généralement courir quand il pleut, même s'il pleut toute la journée, d'autant que la pluie n'était pas très épaisse. Mais avec le nouvel asphalte, ils ont apparemment fait une erreur : le bitume, très bosselé, était très glissant et provoquait de l'aquaplaning", regrette le pilote Tech3.

"Nous avons pu sentir que nous étions déjà à la limite dans le tour de reconnaissance. Nous avons pris la décision de ne pas pouvoir courir car il y avait encore trop d’eau. C'est dommage parce que nous étions tous prêts. Mais au final, il était plus prudent de prendre cette décision", admet le futur pilote KTM qui évoque une "décision collective".

Loris Baz privé du meilleur morceau de l'orange !

Autre pilote fatalement déçu de cette "non course" anglaise : Loris Baz, qui remplaçait au pied levé Pol Espargaro sur la KTM RC16. Le Haut-Savoyard, qualifié 18ème à 5 secondes du poleman, repart de Grande-Bretagne avec la frustration de ne pas avoir pu transformer en course les progrès réalisés pendant les d'essais.

Un coup dur pour le n°76, passé cet hiver du MotoGP au WSBK chez BMW Althea, qui se réjouissait samedi soir d'avoir retrouvé ses "automatismes" malgré une petite chute sur le prototype Orange..

Pourquoi pas un report au lundi ?

C'est la question à laquelle le promoteur Dorna n'a jusqu'ici donné aucune réponse satisfaisante.. Pourquoi ne pas avoir décalé les courses Moto3, Moto2 et MotoGP du dimanche au lundi, sachant que cette journée est fériée en Grande-Bretagne et que les prévisions météo annonçaient une belle amélioration ?

Un report de 24 heures aurait permis à la programmation MotoGP de conserver ses 20 rendez-vous initialement prévus, et surtout d'offrir le spectacle attendu par les spectateurs ! Car si les billets seront normalement remboursés, les personnes présentes dans les gradins peuvent faire une croix sur leurs frais "annexes" (transport jusqu'au circuit, hébergement, carburant, parking, etc.).

Pour certains, venus de loin, cela peut représenter une somme rondelette littéralement tombée à l'eau... De quoi provoquer certains mouvements de grogne dans les tribunes, comme sur les forums Internet où certains s'insurgent contre une certaine forme d'amateurisme dans la gestion de cette crise. 

"Nous avons bien sûr proposé de courir le lendemain", révèle Hervé Poncharal, team manager de Tech3 et président de l'association des teams en Grands Prix (IRTA). "Nous l'avions fait au Qatar il y a quelques années (en 2009 à cause d'un orage, NDLR). Mais cela a été rejeté. Cela doit être une décision unanime et certaines équipes Factory (dont le HRC selon la rumeur, NDLR) ne voulaient pas courir lundi, alors ça ne s'est pas fait", révèle le dirigeant français.

Rabat déjà debout !

Bonne nouvelle toutefois au terme de ce week-end décevant : le courageux Esteve Rabat est déjà en mesure de poser le pied au sol, au lendemain de son opération visant à réduire ses fractures au tibia, péroné et fémur. "Tito", habitué des grosses blessures, est parvenu à bouger sa jambe dès le samedi soir, puis à réaliser quelques pas au moyen d'un déambulateur le lendemain !

Le pilote Avintia restera à l'hôpital de Coventry (Angleterre) jusqu'en milieu de semaine, avant d'être transféré à Barcelone (Espagne) au centre universitaire Quiron Dexeus. La durée et les modalités de sa convalescence seront alors évalués avec davantage de précision.

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