Obligatoire depuis le 1er janvier, la nouvelle formation pour les titulaires du permis auto souhaitant conduire une moto ou un scooter 125 divise les assureurs spécialistes du deux-roues. Exemple avec Patrick Jacquot de la Mutuelle et Franck Allard d'AMV.
Obligatoire depuis le 1er janvier (lire Moto-Net.Com du 4 décembre 2008), la nouvelle formation pour les titulaires du permis automobile souhaitant goûter aux joies de la 125 (moto ou scooter) divise les assureurs spécialistes du deux-roues. Exemple avec Patrick Jacquot de la Mutuelle des motards et Franck Allard d'AMV.
En 3 heures, c'est un non sens !
Pour Patrick Jacquot, PDG de la Mutuelle des Motards, "si les objectifs du gouvernement sont respectés par les organismes de formation, les conducteurs de 125 seront aussi à l'aise sur leur monture que les titulaires du permis moto ! Mais on a oublié un zéro dans la durée de la formation. En 3 heures, un tel cahier des charges est un non-sens", estime le patron de la Mutuelle dans un communiqué.
"Nous n’attendions pas de miracle", poursuit-il : "même en scooter, et sans devoir acquérir la maîtrise d’une moto dotée d’une boîte manuelle, trois heures ne suffisent pas pour acquérir l’autonomie nécessaire pour évoluer sur la route en sécurité. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la Mutuelle propose à ses sociétaires depuis 1996 dix heures d’initiation à la 125. Avec l’obligation d’effectuer cette pseudo-formation sur une moto à boîte, quand les scooters représentent plus de 70% du marché 125, on ne peut pas être plus en décalage avec la réalité".
Chez AMV, le propos est plus mesuré. Interrogé par Moto-Net.Com, Franck Allard, son fondateur et président, reconnaît volontiers qu'il est "très partagé" non seulement sur le contenu de cette formation obligatoire, mais également sur son existence même.
La fréquence d'accidents diminue d'année en année, notamment en 125
"De prime abord, il est logique d'exiger une formation. Et un assureur ne peut pas être contre ce qui peut contribuer à réduire les risques", indique le patron d'AMV. "Mais je constate aussi que la fréquence d'accidents de deux-roues (le rapport entre le nombre d'accidents et le nombre d'assurés) diminue d'année en année, notamment en 125 ! Il n'est donc pas évident que la formation corresponde à un réel besoin"...
Ainsi depuis 1996, date de la remise en vigueur de l'équivalence permis B / 125, AMV n'a noté "aucune augmentation" de la fréquence des accidents. "Aujourd'hui les autorités sont sensibilisées par les deux-roues car le nombre des accidents a augmenté, mais le parc a considérablement augmenté ! Et tous mes collègues vous le confirmeront : la fréquence des accidents est en baisse !"
"N'oublions pas que chacun est différent", poursuit Franck Allard qui regrette que "l'on passe son temps à généraliser les choses" : "Certains utilisateurs sont plus adroits que d'autres sur un deux-roues, certains ont fait de la mobylette à 14 ans, d'autres non, etc. Il ne faut pas s'imaginer que les gens sont largués sur un deux-roues : s'ils s'y mettent, c'est qu'ils s'en sentent capables !"
"Je ne suis pas un anarchiste", prévient le big boss, "mais en France on adore légiférer et imposer la même chose à tout le monde... Il existe pourtant d'autres mesures pour améliorer la sécurité des deux-roues, comme leur permettre d'utiliser les couloirs de bus ! Je trouve invraisemblable qu'à Paris, on oblige les motos à rester dans l'embrouillamini de la circulation !"
En attendant, le gouvernement a prévu d'évaluer la mesure début mars, soit trois mois après son entrée en vigueur : l'occasion de la généraliser, de l'améliorer ou encore de l'enterrer avec les honneurs ? A suivre... Restez connectés !
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