Le roadster qui balance la sauce... bolognaise !

Dès que l'horizon se dégage, le Streetfighter se montre radicalement différent : on oublie la "Violence Urbaine" et on profite enfin pleinement de la santé du moteur qui, entre 4 000 et 8 500 tr/min, catapulte littéralement le pilote.

Ces vives accélérations sont d'ailleurs largement amplifiées par une délectable bande son ! Il devient alors très difficile de résister aux appels de la Ducat' : chaque rotation - trop courte en France, hélas... - de la poignée droite distille son lot d'adrénaline... Gare à l'overdose !

Dans sa version standard, la Streetfighter est dépourvue du fameux système DTC (Ducati Traction Control) et de ses huit niveaux de sensibilité. Mais en version 100 chevaux, le méchant roadster ne met pas à mal ses pneus Pirelli Corsa III, pas plus que ses suspensions Showa.

Car ces suspensions se montrent tout à fait capables ! Naturellement, les puristes vanteront aux Öhlins de bien meilleures performances, mais pour un motard, même aguerri, les suspattes japonaises offrent une tenue de route au-dessus de tout soupçon.

Entièrement réglables, la fourche et l'amortisseur arrière offrent à la "sortie d'usine" un compromis orienté plutôt vers le sport. De quoi satisfaire la majorité des propriétaires, forcément "arsouilleurs" dans l'âme !

Dans les enchaînements rapides ou en pleine courbe, le train avant - qu'on trouvait lourdaud au tout début... - se montre au contraire très vif et sensible aux mouvements du pilote. Et là encore, on réalise que cet engin n'est pas destiné au premier venu.

Bon, à 14 990 € le bout on s'en serait douté. Mais au moment de prêter son pur-sang à un copain moins expérimenté, on ne manquera pas de lui rappeler les sempiternels avertissements : "sans rire, cette moto elle accélère très fort, elle est vive et elle freine aussi très fort !"

En effet, armée des mêmes Brembo Monobloc que la version S, la Streetfighter standard est une référence en termes de freinage. Sur une belle route, on prend autant de plaisir à rentrer dans les courbes qu'à en sortir ! À la fois très puissant et parfaitement dosable, le frein avant n'interfère en rien sur l'angle de la moto ou sa trajectoire. Un vrai régal !

Sur voie express, la Streetfighter fait de nouveau sa difficile : des vibrations secouent les fesses du conducteur et le manque évident de protection limitera les liaisons par autoroutes. À titre d'info, on sait qu'on est en 6ème - il n'y a pas d'indicateur de rapport engagé - lorsque la moto atteint 115 km/h à 4 000 tr/min.

Un ratio qui risque toutefois d'être revu à la baisse par bon nombre de possesseurs... Car pour de banales histoires d'homologation, Ducati - et c'est loin d'être le seul constructeur - fait tirer ses motos exagérément long.

Aussi, "pas mal de clients n'hésitent pas à supprimer une dent sur leur pignon", nous indique Ducati France. Sur la Streetfighter, on pourra donc troquer le pignon de 15 dents d'origine contre un de 14. Les accélérations et reprises de la Ducat' s'en trouveront améliorées, tout comme son comportement à basse vitesse.

Seule sa consommation d'essence augmentera légèrement sur long parcours, ce pour quoi elle n'est pas vraiment conçue... Pas plus qu'elle ne l'est pour le duo d'ailleurs !

Le passager devra en effet être sacrément amoureux du pilote - ou de la moto ! - pour supporter le supplice... Niveau confort, la selle ne vaut guère mieux qu'un capot. Sauf que ce dernier, au moins, est raccord avec la peinture de la moto !

De plus, il faudra endurer les vibrations du twin et un éloignement conséquent du pilote et du réservoir pourtant indispensables pour résister aux fougueuses montées en régime ou prises de freins...

Pour résumer, la Streetfighter de Ducati est une véritable "diva" : usante en ville, divine sur route, fatigante sur autoroute et pas vraiment adepte du ménage à trois ! "Roadkiller" bien plus que "Streetfighter", elle offre des performances dignes d'une Superbike. Logique, dès lors que son tarif s'en approche... C'est dans deux mois Noël ?!