Le roadster qui balance la sauce... bolognaise !

Les toutes premières évolutions aux commandes de la Ducati sont loin d'être évidentes : l'embrayage est dur, le premier rapport très long et le train avant pas si léger que ça. Pour tout dire, on n'est pas sur un gentil roadster japonais !

Avec le bicylindre italien, mieux vaut éviter de descendre sous les 3000 tr/min. De ce fait, la moto est délicate à mener sous les 30 km/h sans toucher au levier gauche. Heureusement, s'il est dur, il ne manque absolument pas de progressivité et permet de se jouer du manque de souplesse du moteur.

En ce qui concerne l'agilité de la Streetfighter, la première impression de lourdeur passe relativement vite. Amortisseur de direction trop sévère, profil du Corsa III atypique ou géométrie revue trop radicalement - la colonne de direction passe de 24° sur la Superbike à 25,6° sur le Streetfighter -, on ne saurait vraiment pointer la raison d'un tel ressenti.

Le Streetfighter n'est pas un vélo, pas même un Vélib', mais au bout de quelques carrefours et ronds-points on apprend vite à gérer ses sensations et ses efforts. Dommage qu'on ne puisse pas améliorer de la sorte le rayon de braquage de la bête. Il est parfois insuffisant pour suivre les scooters dans les files ou stationner rapidement sa moto dans les moindres recoins.

Bon point en revanche pour les rétroviseurs qui ne freinent en rien les évolutions vers la pole position au feu rouge. De plus, la visibilité y est bonne : ça ne vibre pas et le panorama ne se limite pas à ses propres coudes !

La boîte de vitesse brille également en milieu urbain par sa douceur. Malheureusement, son étagement long et la rugosité du moulin auquel elle est associée contraignent le pilote à naviguer entre les trois premiers rapports... Si bien que l'avant-bras gauche des non-initiés a tôt fait de surchauffer !

Et ce n'est pas la seule partie du corps qui doit faire preuve d'endurance ! Au bout d'un bon quart d'heure de roulage en ville - on ne choisit pas nécessairement de rester bloquer tout ce temps dans le trafic ! -, les légères vibrations émises par le guidon entraînent d'importants fourmillements dans les mains.

Au niveau des jambes, les cuisses - surtout la droite - sont également mises à rude épreuve : la chaleur dégagée par le cylindre arrière est conséquente, surtout lorsque les ventilos du radiateur se mettent en marche. Comme toujours, ce désagrément s'observe en été et beaucoup moins - voire pas du tout, au contraire ! - en hiver.

Enfin, les plus mijaurées se plaindront de la plaque de protection du pot située pile au niveau du talon droit. Au-delà de l'inconfort tout relatif qu'elle procure, cette pièce est surtout inesthétique. Mais c'est çà ou la brûlure ?!

Dans ces conditions de circulation, la consommation de la Streetfighter peut dépasser les 7l/100km. Sur route, à condition de ne pas trop attaquer, on descendra sans mal sous les 6l/100km. Au final, la conso moyenne relevée sur l'ensemble de notre essai est de 6,5 l/100km.