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INTERVIEW DANA BROWN
Paris, le 20 mars 2015

Le film ''On Any Sunday, The next Chapter'' le 27 mars au cinéma

Le film ''On Any Sunday, The next Chapter'' le 27 mars au cinéma

Oyez, oh yeah ! Une projection unique de ''On Any Sunday, The Next Chapter'' est programmée en France le 27 mars. En avant première, Moto-Net.Com a pu assister à la projection parisienne hier soir et interviewer son réalisateur, Dana Brown. Roulez-y !

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Interview MNC du réalisateur Dana Brown

En présentant le nouveau film de Dana Brown - fils du vénérable Bruce... Brown, pas Lee ! - intitulé "On Any Sunday, The Next Chapter" (lire MNC du 15 mai 2014), Moto-Net.Com doutait sérieusement que les motards français pourraient un jour voir ce documentaire sur grand écran...

Et pourtant, ce sera bel et bien le cas puisqu'une projection unique est programmée dans une semaine, le vendredi 27 mars 2015 à 20h, dans les cinémas CGR et quelques salles supplémentaires (voir la liste sur le site officiel). Et foi de MNC, vous auriez vraiment tort de ne pas y aller !

Tout d'abord, parce que les documentaires sur la moto ne courent ni les rues, ni les salles de cinéma. Ensuite et surtout, parce que cette suite de "Challenge One" - c'est le titre de "On Any Sunday" en France - est véritablement époustouflante.

Le tournage en résolution 4K - quatre fois plus précis que la HD - n'est pas un artifice : la netteté et la pureté des images, littéralement stupéfiantes, ne peuvent être appréciées que sur très grand écran. Le visionnage du film en DVD dans son salon sera assurément moins renversante...

Le ton du film, calqué sur celui du "On Any Sunday" original, plaira à la fois aux anciens nostalgiques - ah, qu'il était cool ce Steve McQueen ! - qu'aux jeunes gavés de vidéos surproduites. Bourré de remarquables scènes d'actions et garni de somptueux paysages, ce "nouveau chapitre" fait toujours la part belle aux hommes - et aux femmes - qui pratiquent la moto chaque dimanche chaque jour !

On apprécie enfin que la boisson énergisante Red Bull, qui est à l'origine de ce film et en est le principal producteur via sa "House Media", soit resté au second plan - voire hors-champ ! - dans cette magnifique fresque.

À l'occasion de l'avant-première française organisée hier soir au Grand Rex, à Paris, Moto-Net.Com a pu s'entretenir avec le très sympathique et charismatique Dana Brown. Interview.

Moto-Net.Com : "On Any Sunday" est sorti en 1971, puis Don Shoemaker a réalisé "On Any Sunday II" en 1981. Et depuis, plus rien ! Pourquoi avoir attendu plus de 30 ans avant de tourner ce nouveau chapitre ?
Dana Brown :
En fait, j'ai fait quelques trucs à base de scènes inédites de On Any Sunday, des DVD sur le tournage, sur l'envers du décor, comme "On Any Sunday : Revisited"... Je devais avoir 10 ans quand j'ai vu l'original et j'ai tout de suite dit à mon père : "c'est ce que je veux faire plus tard !" J'ai étudié le cinéma et la réalisation au lycée, puis mon père m'a demandé de bosser avec lui. On a tourné "Undless Summer 2" et d'autres documentaires. Quand il a pris sa retraite, bien après cela, j'ai commencé à faire mes propres films. Je n'avais jamais vraiment réfléchi à faire la suite d'un de ses films parce que dans un sens, je les trouvais parfaits. J'ai réalisé "Step Into Liquid" sur le surf, et "Dust Of Glory" sur la Baja 1000, et d'autres encore.

Comme j'étais le "fils de", je tenais à laisser mon empreinte. Mais lui et moi avons des idées communes, comme le fait que nous soyons tous les deux les narrateurs. J'ai toujours aimé On Any Sunday. Un jour j'ai reçu un appel de Red Bull Media House : ils voulaient que je réalise un film sur le surf... C'était l'idée et je la trouvais intéressante. Et puis on a discuté et on a évoqué la moto. Je leur ai dit que j'adorerais tourner un film sur la moto, mais je ne pensais pas qu'ils voudraient l'appeler On Any Sunday ! J'ai donné mon accord et ils m'ont dit qu'on l'appellerait On Any Sunday... Je leur ai dit "les gars, c'est un grand classique, un film culte !" On risquait de prêter le flanc aux critiques... Mais ils ont insisté. J'en ai donc parlé à mon père et on s'est finalement dit qu'il était temps d'en faire un nouveau. Le sujet, le monde de la moto, est si riche qu'on pourrait presque faire un On Any Sunday chaque année...

Il y a d'ailleurs des documentaires sur le Tourist Trophy, sur l'International Six Days Trial, ou sur des pilotes comme Robbie Maddison. Il y a des tas de superbes histoires et c'est sans fin... Donc, j'ai utilisé le nom On Any Sunday avec une certaine réticence mais je suis heureux de l'avoir fait aujourd'hui car cela ouvre beaucoup de portes... Et puis papa a 77 ans, ma mère est décédée il y a cinq ou six ans, il ne fallait pas trop tarder pour rendre hommage à ce film qui m'a donné envie de faire ce que je fais. C'est top !

MNC : Quel est votre meilleur souvenir du tournage de "On any Sunday" ?
D. B. :
Nous nous sommes rendus sur quelques courses en famille. J'avais dix ans et j'allais voir mon père, rien d'incroyable jusque-là. Mais il connaissait les pilotes, nous pouvions aller dans les stands, il connaissait bien Mert Lawhill (champion AMA 1969, NDLR). Pour un gosse, c'était palpitant de voir que mon père était ami avec ces champions ! Ca marque beaucoup. Je me souviens aussi de la première fois que je l'ai vu au cinéma, cette manière qu'avait la foule de réagir. Je me disais que c'était génial de savoir faire ça, de raconter des histoires.

MNC : Est-ce que vous roulez toujours chaque dimanche à moto ?
D. B. :
Non. Je surfe tout le temps car là ou je vis, en Californie, je peux aller à pied à la plage. En revanche, il y a des tas de lois qui interdisent la pratique de la moto off-road, donc je ne roule pas autant que je voudrais. Mais j'essaie quand même. J'ai fait une sortie avec Robbie (Maddison, NDLR) il y a deux jours à Athènes... Il ne faut pas essayer de le suivre ! J'ai abandonné en tout cas : il n'arrêtait pas de faire des roues arrière, avant... Mais j'ai passé un bon moment.

MNC : Quelle est la discipline moto que vous préférez regarder ?
D. B. :
Probablement le MotoGP. Tout cet apparat... Bon, ça ne rend pas tout à fait pareil à la télévision, mais sur place, à Valence par exemple, quand on ressent toute cette énergie dans l'arène, cette passion, qu'on voit tous ces gars si talentueux et compétents... Oui, je dirais le MotoGP. On le regarde en décalé à la TV avec papa, on est toujours impressionnés. Mais je regarde tout, j'aime tout.

MNC : Celle(s) que vous pratiquez ?
D. B. :
Oh, je ne fais que du tout-terrain, pour m'amuser. J'ai depuis longtemps passé l'âge de me lancer dans d'autres pratiques !

MNC : Sur son site officiel, votre père rappelle que Steve McQueen a financé On Any Sunday et témoigne aussi qu'il lui a ouvert pas mal de portes. Peut-on dire que Red Bull a été votre Steve McQueen ?
D. B. :
(Rires) Ah, je n'avais jamais pensé à ça, mais oui. Je n'y avais pas du tout pensé de cette manière... Lorsqu'on bossait sur le script, on se demandait qui pourrait devenir le nouveau Steve McQueen, qui serait notre célébrité. On s'est vite aperçu qu'il n'y aurait personne car il était unique, à la fois pilote et acteur. On a donc effacé ce personnage. Mais maintenant que vous le dites, c'est vrai, Red Bull nous a ouvert bon nombre de portes. Nous savions par exemple que Marc (Marquez, NDLR) montait en MotoGP et en tant que sponsor, Red Bull avait un accès privilégié. J'ai rencontré Robbie grâce à eux. C'était donc très utile.

MNC : Ce film existerait-il sans le soutien du "Taureau Rouge" ?
D. B. :
Monter un tel projet sur les sports extrêmes, tourner un film et le diffuser sur grand écran est loin d'être évident. Je l'ai déjà fait par le passé, mais il faut vraiment y croire. Aurait-on pu faire ce film sans eux : possible. Serions-nous là aujourd'hui pour en parler : j'en doute. Ce type de documentaire nécessite un gros investissement, cela engage beaucoup de monde et sur le papier, ça ne génère pas tant d'argent que cela.

J'ai produit "Step Into Liquid" avec des fonds privés, mais Lionsgate a pris le relais. Même si tu réalises un super film, personne ne peut gérer seul toute la communication nécessaire par la suite. Il faut quelqu'un qui sache le faire et qui a les moyens de le faire. Je suis heureux que vous me permettiez d'en parler, car on a souvent des remarques du style "oh, mais c'est Red Bull"... Sauf que ce que vous dites est un peu vrai : ils nous ouvrent des portes. Ca paraît bête, mais même aujourd'hui ils nous ont considérablement simplifié la tâche en venant nous chercher à l'aéroport, en nous mettant en relation avec vous...

MNC : À propos de Red Bull et des sponsors en général, ne trouvez-vous pas qu'ils ont modifié le monde de la compétition, l'état d'esprit des pilotes, leurs comportements ?
D. B. :
Comparé à il y a 40 ans avec On Any Sunday, oui je pense. Il y a beaucoup plus d'argent en jeu maintenant. Beaucoup plus ! Les pilotes sont devenus des personnages publics, ils sont sans doute moins excentriques que par le passé, mais quand on les rencontre - et je pense que cela transparait dans le film -, ils ne sont pas si "unidimensionnels", comme on le dit au sujet des joueurs de la NFL (Ligue de football américain)... Ils sont très accessibles.

Alors bien sûr, ça peut agacer certains de voir tous ces pilotes et leurs casquettes vissées sur la tête... Mais c'est grâce à cela qu'ils sont payés. Une partie de mon propre public ne comprend pas et n'apprécie pas ce genre de publicité, mais de toute manière, si ce n'est pas une casquette Red Bull, c'est une Monster, ou une Rockstar, ou une autre. Au final, Dieu bénisse les sponsors car au moins, grâce à eux, ces gars peuvent vivre et travailler correctement, en toute sécurité. Et il est bon qu'ils soient récompensés en tant que sportifs de haut niveau !

MNC : Il y a effectivement bien des sports où les athlètes aimeraient être soutenus de la sorte...
D. B. :
C'est ça. J'ai vu des vidéos de gars qui bondissent dans tous les sens sur des immeubles, parfois de l'un à l'autre (cette discipline s'appelle le Parkour, NDLR). Red Bull investit dans ces gens, ils cherchent toujours de nouvelles pratiques et je trouve ça très bien car de toute manière ces gamins le feraient quand même. Sauf que là ils peuvent en vivre, c'est le rêve pour eux !

MNC : Qu'est ce qui selon vous a le plus changé en 40 ans entre les motos ou le matériel vidéo ?
D. B. :
Wow... C'est dur... Les deux ont tellement changé ! Je ne sais pas si vous avez vu, mais papa avait dû monter d'énormes caméras sur les casques parce que les modèles embarqués n'existaient pas, sauf peut-être en Formule 1. Aujourd'hui, tout le monde peut acheter une Go Pro et la fixer quasiment n'importe où, ça n'a plus rien à voir.

Pour filmer ses scènes au ralenti, mon père avait dû improviser en utilisant des batteries 24 volts dans des cameras 12 volts ! Ca a beaucoup changé. Mais les motos aussi ont évolué. On parlait tout à l'heure de MotoGP : Marc pose son coude par terre... Vraiment, les deux ont beaucoup changé. Mais c'était aussi un peu ça l'idée du film : si "The Next Chapter" est visuellement très différent, le coeur du sujet, le coeur du motard, la passion et le plaisir que l'on ressent en pilotant une moto, tout cela demeure, comme le sens de l'humour ou la camaraderie. C'est tout l'intérêt : l'esprit est le même, mais la manière d'aborder les choses est bien plus moderne.

MNC : Au sujet de cette passion justement... En France, la passion de la moto est toujours présente, mais on note toutefois que l'âge moyen des motards augmente. Est-ce pareil aux Etats-Unis ? A-t-on du mal à décrocher les jeunes de leurs écrans, smartphones, jeux-vidéos, etc. ?
D. B. :
C'est une autre très bonne question ! (merci, merci, NDLR) Je ne sais pas... Il y a de moins en moins de gamins qui pratiquent la moto en France ? C'est certain qu'avec les jeux-vidéos, ils peuvent le faire... sans le faire ! C'est probablement le cas aux USA aussi, mais quand vous sortez sur les terrains de cross ou de flat track, vous voyez énormément de jeunes sur des motos. En compétition, beaucoup ont 20-21 ans. Sur route en revanche, je ne saurais dire. Nous sommes allé sur la côte Est, vers New-York, Manhattan, Boston, et les gens là-bas continuent de regarder les motards en se demandant "mais pourquoi ?" La moto n'a aucun sens pour eux. On m'a posé la question : "vous avez fait ce superbe film sur le surf, si beau... Pourquoi en faire un sur la moto ?" Mais ça a toujours été comme ça.

MNC : Pensez-vous que cette mentalité vis-à-vis de la moto pourrait changer à l'avenir ?
D. B. :
C'est possible. Quand on regarde ce que fait Robbie, par exemple, c'est si précis et si incroyable quelque part. C'est très loin de l'image que certains se font de lui et de ses collègues : ils ne sont pas justes chargés de boissons énergisantes et ne s'envoient pas au casse-pipe !

MNC : Vous avez un garçon, Wes, qui travaille dans le surf. Fait-il de la moto ?
D. B. :
Oui ! Encore une fois, là où nous habitons, c'est plus pratique de surfer. Les garde-forestiers sont très stricts et on ne peut pas partir se balader comme ça. Mais mon père a des tas de motos et quand Wes allait chez son grand-père, il roulait souvent.

MNC : Vous avez aussi des petits-enfants et je sais que votre père vous affait offert une Super 8 quand vous étiez jeune... Avez-vous offert des Go Pro à la nouvelle génération de "petits Brown" ?
D. B. :
Oui ! Pas à ma petite-fille qui n'a que quatre mois, mais à mon petit-fils de quatre ans. Il fait du skateboard, de la trottinette, et c'est incroyable ce qu'ils savent faire avec ça. J'ai passé des Go Pro à ses parents pour qu'il se filme lui-même...

MNC : Espérez-vous qu'il tourne un autre "On Any Sunday" dans 20 ou 30 ans ?
D. B. :
Bien sûr ! Absolument ! Oui ! C'est notre patrimoine, ils vont en hériter. De mon point de vue, il faut réaliser des films ou des oeuvres artistiques non pour soi ou pour les revendiquer, mais pour les autres, pour qu'ils les apprécient et se les approprient.

MNC : Ce sera notre conclusion. Merci, Mister Brown !
D. B. :
Merci à vous !

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