La Chambre syndicale internationale de l'automobile et du motocycle (CSIAM) organise dorénavant des rencontres pour partager son analyse du marché moto. Moto-Net.Com a assisté à la première : formation, marché, ZAPA, équipement, contrôle technique, etc.
C'est une grande première : la Chambre syndicale internationale de l'automobile et du motocycle (CSIAM), qui fédère et représente les intérêts des filiales françaises des constructeurs automobiles étrangers, a donné vendredi à la presse son point de vue sur l'évolution du marché de la moto et du scooter en France (lire notre Dossier spécial Marché 2012).
Thierry Archambault, président délégué de la CSIAM, débute la réunion - calquée sur ce qui se fait déjà dans les branches voitures et poids lourds depuis plusieurs années - en rappelant les principaux chiffres du secteur en ce début d'année 2012.
"Le marché total 2/3 roues à moteur (hors quadricycles) a enregistré 56 711 immatriculations en cumul à fin avril 2012, soit une baisse de 7,8% par rapport à la même période pour 2011", observe le responsable de la chambre syndicale.
La formation de 7 heures fait mal
"La CSIAM note une relative stabilité des immatriculations sur les motos et les scooters de plus de 125 cc (+0,08 %), une baisse soutenue des motos et scooters de 125 cc (-19,4 %), compensée en partie seulement par une progression des trois roues de 25,6 % sur la même période", poursuit Thierry Archambault.
Selon la CSIAM, "la baisse des ventes des 125cc continue à s'expliquer en grande partie par la contrainte des 7 heures de formation obligatoire mise en place depuis le 1er janvier 2011 et dont le plein effet n'est intervenu sur les chiffres du marché qu'à compter du printemps 2011".
Merci la CSIAM ! |
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Dans l'assemblée, on fait remarquer qu'une formation de trois heures avait été instaurée bien avant et que cette dernière ne semblait pas impacter les ventes aussi gravement. "En effet, car cette "ancienne" formation n'était pas rétroactive ! Et c'est là toute la différence", observe la CSIAM.
"La demande a été mal maitrisée", rebondit Eric de Seynes, président de la branche motocycle de la CSIAM et président de Yamaha Motor France (YMF) : "certains clients étaient contraints de remonter sur Paris pour passer la formation quand d'autres, dans le sud notamment, étaient victimes d'une véritable flambée des prix avec des tarifs de 350 à 400 euros".
"Aujourd'hui encore, il existe des régions où il est difficile de passer la formation. Or pour de nombreux clients, l'achat d'une 125 est un achat d'impulsion qui répond à l'envie de revenir à la moto", enchaine le patron de YMF... Les ventes du secteur des 125cc se seraient donc repliées en conséquence.
D'une manière générale, les résultats sont légèrement en deçà des prévisions des constructeurs, "qui annonçaient en début d'année un marché annuel en recul de l'ordre de 5% au maximum", rappelle Thierry Archambault.
En outre, la CSIAM souligne que la météo n'a pas été favorable, en février et avril surtout, alors qu'il s'agit d'un "facteur très important pour l’analyse du marché du neuf en début d’année".
Des signes encourageants
"Ces chiffres décevants ne doivent pas marquer le caractère mature, solide et très réactif aux nouveautés du marché français, qui reste l'un des plus dynamiques en Europe dès lors qu’on intègre à l’analyse le marché de l’occasion", retient Thierry Archambault.
"Le pic du mois d'août 2008 représente le record pour la moto en France en termes de ventes de véhicules neufs et d'occasions", développe Eric de Seynes. "Après trois années de crise, le marché total n'a baissé que de 5% ", expose le double président, estimant le nombre actuel des transactions à environ 900 000 sur 12 mois lissés (50 cc, 125, cc, grosses cylindrées et MP3 confondus).
"Parallèlement, on observe que le nombre de permis moto délivrés est en augmentation ces dernières années, ce qui est encourageant", nous assurent les responsables de la CSIAM (pour info, 108 264 permis A et 4212 permis A1 avaient été délivrés en 2010, soit respectivement -1% et +10% par rapport à 2009). Toutefois, d'autres sujets sont bien moins réjouissants...
C'est le cas par exemple des ZAPA (Zones d'actions prioritaires pour l'air, lire MNC du 6 avril 2011 : les deux-roues anciens bientôt interdits en ville ?), "un texte mal ficelé sur lequel les constructeurs et la CSIAM n'ont malheureusement pas de leviers car très peu voire pas d'interlocuteurs valables", signale le président délégué de la CSIAM.
Jean-Claude Hogrel, président de la branche deux-roues du Conseil national des professionnels de l'automobile (CNPA, lire notre Interview du 1er février 2012), confirme : "les gens sur le terrain sont perdus, à commencer par les maires, car les réglementations diffèrent selon les villes test !"
"La France est en retard sur ce sujet, notamment par rapport à l'Allemagne, la Suède, mais aussi l'Italie ou l'Espagne", alerte la CSIAM : "dans ces pays, les deux-roues motorisés sont autorisés" et c'est parfaitement logique : "pourquoi interdire l'accès des centres-villes à de petits véhicules qui consomment moins de 2 l/100 km pour certains ?"
Des dossiers d'actualité...
Certains noteront que pour les constructeurs, le remplacement du parc roulant "âgé" par des véhicules répondant aux dernières normes d'antipollution pourrait représenter une manne extraordinaire. "Peut-être, mais à court terme seulement !", devance Eric de Seynes.
"Les vieux deux-roues perdraient de leur valeur, le réseau et les concessionnaires en souffriraient trop", poursuit Reinhold Zens, président de KTM France, présent à cette réunion aux côtés de ses confrères de BMW, Ducati, Honda et Triumph notamment.
Dans la même lignée, "la problématique des nouveaux permis, la réglementation changeante et complexe du permis A n'aide certainement pas la profession... Dans l'auto, un seul permis donne accès à toutes les autos, c'est tout de même plus simple !", observe Grégoire Billette, secrétaire général de la Fédération nationale du commerce et de la réparation du cycle et du motocycle (FNCRM).
Du domaine de l'hypothétique cette fois - le doute plane d'autant plus que le gouvernement est en train de changer ! -, de nouvelles réglementations en termes d'équipements pourraient modifier les caractéristiques du marché de la moto en France...
"Des réflexions ont été engagées sur la nécessité de rendre obligatoire le port de certaines protections ou équipements", rappelle Thierry Archambault, évoquant le travail du délégué interministériel à la sécurité routière, Jean-Luc Nevache (lire MNC du 24 novembre 2011 : après l'alcool, le deux-roues motorisé est la priorité).
95% du marché du motocycle en France |
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"Il faut voir quel type de nouvelles règles pourraient être appliquées, dans quelles conditions, à quelle population : 125 cc, grosses cylindrées, tous ?...", expose brièvement le président délégué de la CSIAM, qui a préféré prendre les devants.
"Les membres de la CSIAM sont statutairement des constructeurs, mais nous avons créé un groupe informel réunissant plusieurs équipementiers afin de nous entretenir sur ce sujet de plus en plus d'actualité", nous informe Thierry Archambault.
Selon l'évolution du dossier, cette initiative pourrait aboutir sur une véritable structure. Après tout, l'union fait la force. C'est ensemble par exemple que les constructeurs ont réussi à obtenir le retour de l'équivalence du permis B / 125 cc en 1996.
Enfin, la question du contrôle technique a bien entendu été déterrée lors de cette première réunion. "Il existe à ce sujet deux niveaux de lecture", déclare le président délégué de la CSIAM. "En ce qui concerne le texte seul, il est très clair : le contrôle technique concerne le cyclomoteur, point à la ligne".
... et des dossiers au frais
Notons à l'occasion que contrairement à ce qu'avance la Délégation à la sécurité et à la circulation routières (DSCR), "le business plan n'est pas viable", estime la CSIAM. D'après elle, seule l'adoption d'un "plan B" permettrait d'appliquer le projet de loi.
"Puisque ce texte vise essentiellement le contrôle du bridage des cyclos, un contrôle de conformité (et non "technique", nuance, NDLR !) suffirait. Celui-ci pourrait être réalisé là où sont effectués les entretiens et révisions des véhicules", propose la CSIAM.
"D'un point du vue plus militant cette fois, certains considèrent que c'est un coin enfoncé vers le "contrôle technique moto" et s'en inquiètent", explique notre hôte... Mais qu'ils se rassurent : "ce n'est pas d'actualité et nous ne tenons pas à réveiller ce dossier". Chut, donc...
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