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PARIS
Paris, le 25 janvier 2005

L'effet de Sarre sur la circulation des motos dans les voies de bus

L'effet de Sarre sur la circulation des motos dans les voies de bus

Le chevènementiste George Sarre, ex-ministre des transports et actuel maire du 11ème arrondissement, souhaite autoriser les deux-roues motorisés à emprunter les voies de bus. Mais le maire et les Verts continuent à s'y opposer farouchement...

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Le chevènementiste George Sarre, ancien ministre des transports et actuel maire du 11ème arrondissement de Paris, souhaite autoriser "à titre expérimental" les deux-roues motorisés à emprunter les voies de bus dans la capitale.

Mais Bertrand Delanoë et les Verts continuent à s'y opposer avec une énergie aussi farouche qu'incompréhensible... Petit bilan de l'effet de Sarre sur les voies de bus, ou comment des propositions du MRC (gauche) rejoignant celles de l'UMP (droite) sont rejetées par la majorité municipale (gauche verte)...

Malgré le rejet d'un voeu déposé en septembre par le groupe MRC (Mouvement républicain et citoyen, l'ex-MDC de Jean-Pierre Chevènement) au Conseil de Paris, George Sarre ne lâche pas son nouveau cheval de bataille : autoriser les deux-roues motorisés à circuler dans les voies de bus, au moins à titre expérimental pendant six mois.

Si l'on peut s'interroger sur l'intérêt relativement soudain du MRC pour cette revendication déjà ancienne - les nombreuses manifestations organisées en ce sens par la FFMC (lire notamment Moto-Net du 15 décembre 2001, du 17 novembre 2001 ou du 23 septembre 2001) n'avaient eu que très peu d'échos sur l'échiquier politique parisien -, on peut aussi légitimement se demander ce qui pousse le maire socialiste Bertrand Delanoë et son adjoint vert Denis Baupin à refuser aussi catégoriquement une demande pourtant frappée au coin du bon sens.

"Même les BoBos ressortent leurs motos du garage !"

En matière de sécurité routière, le traditionnel clivage droite/gauche semble désormais évoluer vers une opposition intégriste/progressiste : le voeu déposé par le MRC de George Sarre en septembre rejoint celui déposé par le conseiller municipal UMP Pierre Charon lors du Conseil de Paris des 7 et 8 juin 2004, qui visait lui aussi à autoriser les motos à circuler dans les voies de bus !

Proposant d'intégrer cette autorisation dans une "Charte de bonne conduite élaborée en concertation avec les associations de motards", Pierre Charon précisait que "l'ensemble de la circulation parisienne y trouverait des améliorations notoires, les automobilistes n'ayant plus à craindre les zig-zags des scooters et les deux-roues n'ayant plus à tricher avec la législation en cours en quittant et réintégrant illégalement les couloirs de bus".

Frappant au coeur du problème, Pierre Charron concluait en alertant le maire sur le fait que "même les BoBos, si chers à votre coeur, ressortent leurs motos du garage en raison de l'état déplorable de la circulation. Protégeons-les !" Mais même une pointe d'humour ne parvint pas à dérider les "ayatollahs verts de la Mairie de Paris ", selon l'expression de la FFMC (lire Moto-Net du 24 mars 2004, et le voeu fut rejeté par "Denis Baupin et la majorité municipale", selon l'expression de la porte-parole du groupe UMP à la Mairie de Paris.

"Nous allons revenir à la charge !

"Deux types d'objections nous sont faites", précise aujourd'hui à Moto-Net l'entourage de George Sarre : "d'une part l'association "Vélorution", un collectif proche des Verts, estime que la tolérance existe et que les motos dans les voies de bus ne sont jamais verbalisées. Il n'existe pas de statistiques sur ce sujet, mais pour nous le débat ne porte pas sur les pratiques mais sur ce qui est autorisé par la loi et ce qui ne l'est pas. On nous explique aussi que ce serait dangereux pour les vélos. Alors là, je suis très étonné car on parle bien des voies de bus, pas des pistes cyclables réservées aux vélos ! Or si on admet qu'un vélo peut se faire doubler par un bus sur une voie de 4,50 mètres de large, pourquoi pas par une moto ? Et ce n'est pas un argument de dire que les motos roulent trop vite, il y a une limitation à 50 km/h en ville et il s'agit de la faire respecter".

"Nous allons revenir à la charge !", prévient le MRC, à qui Moto-Net souhaite bien du courage : "nous continuons à penser que nos interlocuteurs de la Préfecture et de l'exécutif parisien sont de bonne foi et qu'ils vont finir par admettre qu'ils se sont trompés. Nous pourrions donc déposer un nouveau voeu en Conseil de Paris et s'ils persistaient à le rejeter, on envisagerait d'autres solutions pour mobiliser les usagers"...

George Sarre pourrait donc poursuivre ses contacts avec les associations de motards et peut-être "lancer des pétitions afin de prendre à témoin les usagers de deux-roues motorisés".

Interrogé sur son silence au moment des manifestations organisées par la FFMC en 2001, le porte-parole du MRC assure que "George Sarre avait déjà soulevé le problème, mais pas de manière officielle. On n'avait pas souhaité mettre le débat sur la place publique au début, mais ça n'a pas suffi. Aujourd'hui les voies de bus se sont multipliées et le problème se pose à l'échelle de Paris tout entier, d'où notre proposition" :

Voeu proposé par Georges Sarre et les élus du groupe du Mouvement républicain et citoyen

Vu la communication du Maire de Paris sur les transports du Conseil de Paris du 27 septembre 2004 et sa partie II "Favoriser tous les modes de déplacements" (cf. p.8),

Considérant :

  • les orientations de la politique municipale visant à favoriser le développement de l’usage des deux-roues en toute sécurité avec des aménagements adaptés,
  • le fait que les deux roues sont moins consommateurs d’espace notamment que les voitures pour circuler et stationner,
  • l’existence actuelle de près de 118 km de couloirs de bus ouverts aux vélos (dont 41,7 km ont été protégés par des séparateurs physiques) qui peuvent les emprunter en toute sécurité du fait notamment de la circulation modérée sur ce réseau,
  • l’extension en cours du réseau de couloirs bus protégés lié au programme Mobilien qui concerne 14 lignes de bus,
  • le nombre encore important d’accidents de deux-roues motorisés actuellement impliqués dans plus d’un accident sur deux (56%) et qui représentent 46% des victimes,

Le Conseil de Paris émet le voeu :

  • que la circulation des deux-roues motorisés dans les couloirs de bus protégés soit autorisée à titre expérimental,
  • que cette nouvelle mesure soit suivie de façon à s’assurer que celle-ci ne compromette pas la sécurité des cyclistes qui utilisent ces couloirs de bus.

L'objectif est "d'augmenter la fluidité du trafic", précise George Sarre. "A cet égard, l'initiative qui a consisté à créer des couloirs de bus en site propre ou protégé doit évoluer pour, comme nous le suggérons, qu'au moins à titre expérimental et pendant une période à déterminer, de six mois par exemple, les deux-roues motorisés soient autorisés à y circuler, ce qui est moins dangereux pour leur conducteur que de slalomer entre les files de voitures".

"Je crois que les deux-roues motorisés, dont l’usage se développe actuellement, devraient pouvoir accéder aux voies de bus durant une période probatoire, de façon à s’assurer naturellement que la sécurité des cyclistes ne soit pas pour autant compromise", poursuit le maire du 11ème. "Souvent victimes d’accidents sur la voirie utilisée par les automobiles, les deux-roues motorisés pourraient, en utilisant les couloirs de bus protégés, circuler dans de meilleures conditions de sécurité et avec une plus grande fluidité. Ce sont les raisons pour lesquelles je vous propose d’adopter ce voeu qui répond à la volonté de la Municipalité de maîtriser le développement des deux-roues motorisés".

Bon courage encore... Car les réactions précédant le refus de la proposition de George Sarre en Conseil de Paris les 27 et 28 septembre en disent long sur le chemin qui reste à parcourir... Florilège :

Claude Dargent (PS, 15ème arr.) : "A quoi servirait-il (...) de créer des voies de bus, taxis et vélos si elles sont envahies par les deux-roues motorisés ou des voitures qui n'ont rien à y faire ?"

Charlotte Nenner (Verts, 10ème arr.) : "Il serait dommage d'encourager les deux-roues motorisés sous prétexte qu'ils sont moins encombrants. En effet, ils polluent la plupart du temps bien plus qu'une voiture, parfois 10 fois plus ! Et ils contribuent déjà à hauteur de 35 % aux émissions d'oxyde d'azote du trafic !"

Jean-François Pernin (UDF, 12ème arr.) : "Autre interrogation à propos des deux-roues motorisés, leur essor a notamment pour effet une hécatombe puisque 56 % de ceux-ci sont impliqués dans les accidents de la circulation créant une polémique à propos de l'utilisation des couloirs de bus. "

Jacques Boutault (Verts, maire du 2ème arr.) : "Il faut aussi plus strictement interdire l'accès des deux-roues motorisés aux couloirs de bus et vélos car, face au danger que cela représente, beaucoup hésitent à enfourcher la bicyclette. (...) Je compte sur l'installation des radars dans les couloirs de bus, qui devrait commencer dans les semaines qui viennent et qui permettra une verbalisation automatique de tous les contrevenants et notamment des deux-roues motorisés immatriculés. Je pense aux motards, puisque ce sera systématique et sans intervention humaine. Il y aura donc une deuxième étape d'amélioration du respect des couloirs de bus, je le pense. "

Denis Baupin (Vert, adjoint au maire chargé des transports) : "Un mot malgré tout sur les deux-roues motorisés car il y a un voeu auquel je devrai répondre. Comme le Préfet de police (comme quoi nous avons parfois des points d'accord), je suis en désaccord avec la proposition de voeu de M. Sarre. Je pense que l'ouverture des couloirs de bus aux deux-roues motorisés serait extrêmement accidentogène, et je ne suis pas prêt à prendre ce risque au nom de ceux qui en seraient victimes."

Notons enfin que le groupe MRC déposera lundi prochain, lors de la prochaine séance du Conseil de Paris, un amendement visant à modifier le Plan local d'urbanisme (PLU) relatif aux parkings des deux-roues motorisés. En clair, précise George Sarre, "l’importance du nombre des deux-roues motorisés dans Paris appelle la mise en oeuvre d’une réglementation adaptée dans le Plan local d’urbanisme visant les opérations nouvelles, afin d’y intégrer des espaces de stationnement qui leur soient dédiés". Cet amendement au projet de règlement du PLU vise donc à rendre obligatoire la réalisation de locaux fermés, d’une surface minimale de 20 m2, destinés aux deux-roues motorisés pour les constructions supérieures à 1000 m2.

Alors ? En s'opposant systématiquement à tout ce qui a un moteur sans distinguer son nombre de roues, les Verts font-ils réellement preuve d'ouverture d'esprit et de vision à long terme ? Les socialistes parisiens ont-ils vraiment intérêt à se radicaliser sur un sujet qui semble les dépasser largement ? L'UMP qui brocarde allègrement la gestion de la capitale dans un livret noir intitulé "Le Paris perdu de Bertrand Delanoë, chronique d'une désillusion annoncée" reviendrait-elle réellement sur cette interdiction si elle revenait aux affaires ? Le MRC ex-MDC de Jean-Pierre Chevènement, quasiment porté disparu après ses résultats aux présidentielles, est-il devenu l'allié aussi soudain qu'inattendu des motards parisiens ?

Vous le saurez - peut-être ! - en lisant régulièrement notre Dossier spécial deux-roues motorisés en ville... Et surtout... que le meilleur gagne !

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