L'Angleterre découvre les "born-again bikers", ces quadragénaires souvent aisés qui se mettent à la moto pour retrouver une certaine jeunesse ou simplement éviter les embouteillages. Un phénomène de société qui inquiète les autorités...
Ils ont attendu la quarantaine pour assouvir un rêve de gosse, affirmer leur refus de vieillir ou simplement gagner du temps entre le bureau et la maison de campagne maintenant que les enfants sont grands... Surnommés les "Bambis" en Angleterre - Bambi est l'acronyme de "Born-Again Middle-aged Bikers" -, ces "nouveaux motards entre deux âges" participent à la bonne santé du marché de la moto mais inquiètent également les pouvoirs publics en matière de sécurité routière : l'an dernier, 128 606 motos neuves ont été immatriculées en Grande-Bretagne, soit deux fois plus qu'il y a 10 ans ! Dans certains commissariats britanniques, on parle aujourd'hui ouvertement des "dangers potentiels non négligeables causés par ces motards saisonniers"... Conditionnés par plus de 20 ans de conduite automobile, les "Bambis" n'ont en effet ni les réflexes ni la condition physique des "motards traditionnels", qui commençaient souvent à rouler dès leur plus jeune âge sur des motos de cylindrée modeste. Séduits par les caractéristiques hyper sportives de certaines motos modernes, et confortés par des revenus assez élevés, ils accèdent immédiatement à des motos de forte puissance, ce qui en raison de leur manque d'expérience peut constituer un facteur accidentogène non négligeable. Du côté des "vieux de la vieille", on observe le phénomène d'un oeil légèrement condescendant - voire caricatural. Ainsi Philip Neale, directeur des affaires publiques du Motorcycle Action Group (MAG, l'équivalent de la FFMC), explique que les Bambis sont aisément reconnaissables sur la route : "ils ne sortent que les dimanches ensoleillés. Ils ont autour de 40 ans, n'ont pas de problèmes d'argent et conduisent les plus grosses sportives du marché. Ils portent des cuirs colorés flambant neufs, délicatement assortis à leurs gants et à leurs bottes. Ils sont aussi plein d'enthousiasme, et leurs motos sont toujours astiquées avec soin et équipées des derniers gadgets à la mode. Pour moi, ce sont des guerriers du dimanche. J'en connais même qui ont acheté une bécane à 10 000 livres (plus de 100 000 FF, NDLR) pour faire 5 km par semaine"... Pour Geoffrey Crowther de l'université de Huddersfield, qui a étudié les différents groupes sociologiques de motards, "les gens achètent les produits qui leur parlent de leur passé. Or les Bambis sont des baby-boomers nés dans les années 50 ou 60, élevés avec les images de L'équipée sauvage et de Easy Rider. Faire de la moto est donc pour eux un moyen de revisiter leur jeunesse. Certains achètent des motos de forte puissance afin d'affirmer leur maîtrise de soi, leur virilité, etc. On peut qualifier ça de freudien !". Et après tout, si les freudiens mettent leur clignos et proposent leur aide quand on est en rade, pourquoi pas !
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