L'analyse MNC du World Superbike en Malaisie

Bien qu'il bénéficie du revigorant statut de "rookie" cette année en World Superbike, Nicky Hayden n'a rien d'un débutant : sacré en 2006 en MotoGP face à Valentino Rossi Himself, le "Kentucky Kid" a acquis l'an dernier le titre honorifique de légende des Grand Prix.

Avant de devenir une "Kentucky Legend" - aucun lien avec le jambon, même fumé -, le n°69 avait battu des records de précocité en AMA Superbike (champion à 21 ans en 2002), empilant les victoires comme certains de ses congénères empilaient les tranches de cheddar et les steaks dans leurs hamburgers...

Outre sa colossale expérience - en moto de vitesse comme en glisse ! -, Nicky a profité ce week-end de quelques renseignements glanés auprès de son compatriote Patrick Jacobsen : engagé dans le même team Honda Ten Kate, mais en catégorie Supersport, "PJ" lui aurait assuré que le grip de la nouvelle piste sur le mouillé était très important.

Dimanche soir, Nicky ajoutait que "je sais que tout le monde dit : "on en gagne pas une course dans le premier tour", mais sur le mouillé, c'est possible". C'est d'ailleurs la méthode qu'il a employée... et qui l'a menée à la victoire !

Parti comme une flèche en tout début de course, Hayden n'est même pas crédité du meilleur chrono en piste : contrairement à lui, ses deux voisins de podium sont descendus sous les 2' 17, en vain... L'avance prise lors pendant les quatre premiers tours a suffi à Nicky pour imposer sa bonne vieille Fireblade.

La nouvelle recrue du team Ten Kate met ainsi fin à près de deux ans de disette pour la CBR1000RR qui ne s'était plus imposé en WSBK depuis la victoire de Rea en seconde manche portugaise en 2014... Il y a là un air de déjà vu : en 2005, le "Kentucky Kid" avait relancé le compteur de Honda bloqué depuis presque deux ans en MotoGP (lire MNC du 11 juillet 2016 : Hayden, première fugue en HRC majeur). C'était un an avant son sacre...

Pour le pilote américain, cette première victoire en WorldSBK intervient dix ans après son dernier succès en MotoGP (Laguna Seca 2006). Toujours aussi émotif - et émouvant -, le natif et résident d'Owensboro (USA) n'a d'ailleurs pas pu retenir quelques larmes en entendant l'hymne américain résonner dans les tribunes de Sepang.

Après une longue traversée du désert (sur une Honda 800 cc trop petite, une Ducati 990 cc trop sauvage et une Open Honda trop poussive), le Superbike, Sepang et ses moussons ont enfin étanché sa soif de victoire. Le "Sixty-Nine" doit désormais faire ses preuves sur le sec. Il lui faudra trouver le petit truc en plus pour rejoindre les tous meilleurs. Une nouvelle moto par exemple ?

Dixième pilote américain à monter tout en haut d'un podium WSBK, Nicky Hayden prend le relais d'un certain Ben Spies, couronné en Superbike mondiale durant sa première et seule année... Passé en MotoGP dès l'année suivante, le texan n'a finalement pas réussi à réunir les deux titres. Nicky peut-il le faire ?

Toujours en quête d'un premier succès en World Superbike, Davide Giugliano a lui aussi profité des conditions de piste pas si piégeuses que cela - deux chutes seulement ! - pour enregistrer un bon résultat, son meilleur de l'année.

Pour la septième fois de sa carrière, "D34G" doit se contenter de la deuxième marche du podium World Superbike. Dans la catégorie inférieure, en Superstock 1000, le prometteur italien avait posté sa Panigale - alors flambant neuve - à quatre reprises sur la plus haute marche. Le faire en WSBK est une autre "paire de manches"...

Ce week-end à Sepang, l'officiel Ducati (depuis 2014) s'était montré peu convaincant en première manche sur le sec. Pour la dixième fois en onze course cette saison, son coéquipier obtenait un bien meilleur classement : 3ème place pour le Chaz, 6ème pour Davide.

Sous la pluie le lendemain, l'italien n'a pas hésité à bousculer son encombrant coéquipier gallois pour monter sur le podium. Il le sait : ses employeurs attendent mieux de lui... Ils attendent des résultats au moins aussi bons que ceux de "Chazie", ce qui est loin d'être évident puisque ce dernier est vice-champion du monde !

A contrario, le Rouge transalpin affirme n'avoir pas tenté le diable pour aller chercher la victoire. Il le sait aussi, de nouvelles chutes et de nouvelles blessures réduiraient comme peau de chagrin ses chances de conserver sa place au sein du team officiel...

Prochaine épreuve : la manche de Donington Park, qui marquera samedi soir la fin de la première moitié de la saison 2016 (13 courses sur 26). Vainqueur des quatre dernières courses disputées là-bas (doublé en 2014 et double en 2015 !), Tom Sykes devrait à nouveau être en très grande forme.

Le Ninja n°66 n'aura aucun mal en tout cas à améliorer son résultat obtenu à Sepang sous la pluie : pour rappel durant cette course, Tom avait relayé Nicky (8ème sur le sec). Les autres pilotes britanniques chercheront eux aussi à briller : Rea, Davies, Lowes, Camier... et avec eux, notre "Guinters" national !