On parle beaucoup de la pollution de l'air extérieur, mais saviez-vous que l'intérieur de votre appartement ou de votre maison est au moins aussi nocif ?
Quand on parle de pollution, on pense généralement à la pollution extérieure (gaz d'échappements, rejets industriels, etc.) et à son cortège de mesures plus ou moins efficaces (circulation alternée, pot catalytique et autres limitations de vitesse). Ce qu'on sait moins, en revanche, c'est que la pollution existe tout autant, sinon plus, à l'intérieur même des habitations ! La progression des cas d'asthme, de tumeurs au cerveau et de leucémies ces 20 dernières années, particulièrement chez les enfants, serait en effet due en grande partie à la mauvaise qualité de l’air à l’intérieur des bâtiments, ce que les Américains nomment déjà le "sick building syndrome" (SBS, "syndrome des bâtiments malsains"). D'ici quelques années, les habitants des bâtiments pairs pourront-ils rentrer chez eux les jours pairs seulement, tandis que les numéros impairs devront rester dehors et attendre le lendemain pour réintégrer leurs pénates ? Les premières études, prises très au sérieux par les autorités sanitaires, sont catégoriques : il y a davantage de polluants à l’intérieur qu’à l’extérieur des habitations... Moisissures, émissions chimiques, bactéries, acariens, champignons : telle est en quelques mots la composition de votre petit intérieur douillet ! Le marché est d'ailleurs visiblement porteur, si l'on en croit le nombre de sociétés américaines proposant leurs solutions miracles : filtres à air, générateurs d'ions, etc. Mais la pollution biologique n’est pas la seule responsable de la piètre qualité de votre environnement intérieur. En raison du développement rapide des nouveaux produits pour le bâtiment, le mobilier et l’entretien, les "composés organiques volatiles" (COV) sont aussi dangereux que prolifiques : feutres de coloriage, produits de nettoyage, revêtements, désodorisants, peintures, moquettes, colles, etc. Retenez votre respiration : les concentrations de COV sont, selon les produits, entre 20 et 300 fois plus élevées à l’intérieur qu’à l’extérieur... De tous les COV (les aldéhydes, le toluène, le styrène, l'hexane ou cette bonne vieille nicotine), le benzène est celui qui suscite le plus d’intérêt puisqu’il provient de la fumée du tabac et des gaz d’échappement des véhicules. Or, sans que l’on sache vraiment pourquoi, la teneur en benzène est plus importante à l’intérieur qu’à l’extérieur. Et le paradoxe ne s’arrête pas là : l’essence sans plomb contient également du benzène, qui provoque des leucémies. En ville, les appartements absorbent la pollution extérieure (monoxyde de carbone et oxyde d’azote) avec une efficacité remarquable. Mais n’allez pas pour autant imaginer que les habitations rurales sont épargnées : on y retrouve tout un tas de pesticides utilisés dans le traitement des surfaces agricoles, véhiculés par les animaux domestiques et par les chaussures des occupants. Faut-il s’inquiéter de ce constat ? Pensez donc ! Actuellement, on ne sait à peu près rien des concentrations de polluants dans l’air, ni de ce que contiennent réellement les peintures ou les colles… Enfin, pour achever de dissiper vos angoisses, sachez qu'on connaît la toxicité d’à peine une substance utilisée sur 100... Heureusement, l’Etat compte dégager 4 millions FF pour financer des missions d’évaluation sur les pollutions intérieures - à titre de comparaison, il consacre annuellement 100 millions à la surveillance de l’air extérieur. Comme ce dernier est moins vicié que celui que nous respirons dans nos thébaïdes demeures, le bon sens recommande donc d’aérer le plus possible. Certes, mais à force d’aérer, ne risque-t-on pas alors d’altérer la qualité de l’air extérieur ?
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