Au guidon d'une moto très spéciale dûment numérotée 007, la Yamaha 600 Fazer 2004, notre envoyé spécial vit l'arsouille de sa vie sur la route du Tour aux côtés d'Hubert Rigal, ancien vainqueur de l'épreuve...
Dans la matinée, juste avant le départ de la spéciale sur le circuit d'Issoire, la tension est palpable entre les "pistards" et les spécialistes du rallye routier : depuis le départ de Paris (lire Moto-Net du 5 octobre 2003), les épreuves routières très roulantes et le circuit du Mans ont fait la part belle aux spécialistes de la piste.
A gauche sur la pré-grille, Dominique Sarron est entouré du staff Yamaha et des journalistes tandis qu'à droite, Manoël Delaval est seul, visage fermé...
Mot-Net : Manoël, la nuit a été dure mais profitable ?
Manoël Delaval : dure ? Non, les conditions étaient normales, c'est ça le rallye !
Mot-Net : les choses risquent de se corser sur le circuit...
Manoël Delaval : c’est vrai que je connais peu le circuit, mais je suis prêt à donner le maximum et on verra bien... (son regard s'enflamme, il est chaud bouillant)
Mot-Net : comment as-tu préparé ta machine ?
Manoël Delaval : c’est un CBR 600 F strictement de série, à part les équipements de sécurité...
Départ : dans la série des gros bras, Bonhuil fait le holeshot avec sa Z1000 mais se fait reprendre dès le premier virage par Sarron qui s’envole immédiatement pour mettre plus de 30 secondes à tout le monde en 5 tours !
En 3ème position, Delaval dans la roue de Bonhuil tente un freinage de la mort dans l’épingle avant la ligne droite, mais il se sort et repart dernier avec un tour de retard sur Sarron... "C’est typique de cette épreuve qui marie des spécialités très différentes et où les pilotes doivent savoir se maîtriser", explique Hubert Rigal, double vainqueur de l'épreuve (1975 et 1976) qui roule cette année comme accompagnateur : "il faut savoir en lâcher parfois pour en reprendre ailleurs, mais c’est difficile quand on est trop chaud..."
Direction la deuxième spéciale. On enquille d'abord à un rythme raisonnable : Hubert, sur sa 1000 Fazer, teste mes aptitudes sur la nouvelle 600. Dominique Sarron, victime d'une panne d'essence, se fait dépanner par le team... Kawasaki ! Nous repartons cette fois à un rythme nettement plus rallye et j’admire la propreté du pilotage d’Hubert : pas un écart, le minimum de mouvements sur la moto et pourtant, il avance sévère ! Plusieurs fois, en rencontrant des coulées de boue ou des gravillons, je suis content qu’il ouvre la route !
L'arsouille de ma vie
Nous arrivons en fin d’après midi au départ de la dernière spéciale du jour. Tous les favoris sont prêts à s’élancer. Hubert s’entretient un court instant avec les commissaires et me fait signe de le suivre. Les premiers virages de la spéciale à peine négociés dans cette montée très étroite et bosselée, nous entendons rugir des moteurs derrière nous : Dominique Sarron vient de me passer à gauche et Manoël Delaval à droite ! Rigal, toujours aussi vert à 54 ans, met gros gaz et prend la roue des deux premiers du classement... Je n’hésite pas un instant : c’est l’arsouille de ma vie, gaaaaz ! Marc Troussart me passe, suivi de Bruno Bonhuil. Je m’accroche à la roue de Bonhuil en faisant hurler le moteur du Fazer, qui racle un peu partout mais passe sans broncher, déconcertant de facilité et d’efficacité à l’attaque.
J’arrive au bout de la spéciale juste derrière Hubert Rigal qui s’arrête alors que les autres s’éloignent plein gaz. Il rigole et me tape dans le dos : "t'as vu ce qu’on leur a mis ? Tu roules vraiment bien pour un routier !". C'est un rêve, je vais me réveiller... Hubert m’explique alors que la spéciale a été annulée car il manquait des commissaires de piste. Frustrés, les concurrents sont donc partis à fond pour s’arsouiller dans la spéciale avant l'arrivée à Villefranche-sur-Saône... Une annulation symptomatique des problèmes d’organisation du Moto Tour 2003, encore un peu jeune pour être suffisamment bien rôdé : trop de spéciales sur route sont écourtées ou annulées, ce qui déséquilibre l’épreuve en faveurs des spéciales sur circuit.
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