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INTERVIEW
Paris, le 18 mai 2016

Interview Yamaha : la MT-10 est notre nouveau fer de lance roadster

Interview Yamaha : la MT-10 est notre nouveau fer de lance roadster

Pour compléter notre essai de la MT-10, nouveau maxi-roadster de référence chez Yamaha, MNC s'est entretenu avec Alexandre Kowalski, directeur de la communication et de la compétition, qui nous livre les ambitions de cette moto inédite. Interview.

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Conçue à partir de la dernière génération de R1 et son "4-pattes" Crossplane, la MT-10 est l'une des nouveautés motos parmi les plus importantes pour Yamaha en 2016. Avec sa face avant patibulaire (mais presque !) et ses 160,4 chevaux, cet "hyper-roadster" interpelle - voire intimide - et se classe directement au niveau des références (lire notre Essai MNC complet de la Yamaha MT-10).

Si son efficacité est hors de critique grâce à sa partie cycle et sa mécanique enthousiasmantes, cette nouvelle moto offre une radicalité justement dosée - ni trop, ni trop peu. Autre surprise : le confort et les aspects pratiques ne sont pas totalement négligés (pour le genre), via notamment des suspensions bien calibrées, une certaine protection du buste mais aussi une prise 12V, un régulateur et une instrumentation complète à défilement depuis le guidon.

Par le biais d'autres éléments optionnels comme un pare-brise, une selle confort, des protège-mains et des valises semi-rigides, Yamaha nourrit même des visées routières avec cette nouveauté 2016, en attendant une possible MT-10 "Tracer"... MNC s'est entretenu à ce sujet - et bien d'autres ! - avec Alexandre Kowalski, directeur de la communication et de la compétition de Yamaha Motor France. Interview.

Un design fort comme marque d'identification

Moto-Net.Com : Toute la gamme MT se singularise grâce à un fort parti pris esthétique, clairement identifiable au niveau de la face avant de la MT-10. En quoi cette signature visuelle est-elle importante pour Yamaha ?

Alexandre Kowalski, directeur de la communication et de la compétition Yamaha Motor France : A travers l'arrivée de la MT-09, de la MT-07 puis des MT-125 et MT-03, Yamaha a graduellement mis en place une nouvelle segmentation dans sa gamme autour de la même philosophie MT "Master of Torque" (maître du couple, NDLR) et l'univers Dark Side of Japan. Chacune de ses motos cultivent les mêmes fondamentaux : caractère, sensations, émotions mais aussi un design général d'inspiration similaire.

Sur la MT-10, cela se traduit effectivement par une face avant caractéristique, mais elle partage pour autant des éléments communs comme le feu arrière identique à la MT-09 ou les écopes latérales grillagées. C'est une marque d'identification, une manière de tisser un lien entre chacune de ces motos pourtant de cylindrée et d'architecture différentes (monocylindre sur la MT-125, bicylindre sur les MT-03 et MT-07, 3-cylindres sur la MT-09 et 4-cylindres sur la MT-10, NDLR).

"Recueillir l'ADN de la R1 et la transposer à un roadster"

M. -N.C. : Ne craignez-vous pas de rebuter certains motards avec cette démarche et cette partie avant tout sauf consensuelle ?

A. K. : Cela s'inscrit dans la philosophie fixée dès la création du projet MT et c'est une démarche volontaire de notre part. L'axe de développement de la gamme MT s'articule autour de designs particuliers, y compris sur cette MT-10. De cette manière, ce nouveau fer de lance de notre gamme se distingue aussi du reste de la production. Certes, les goûts et les couleurs ne se discutent pas et il est possible que quelques clients n'adhèrent pas, mais c'est un choix identitaire assumé de notre part.

M. -N.C. : La MT-10 sacrifie de nombreux éléments nobles présents sur la R1, comme la boucle arrière et les jantes en magnésium et offre une électronique moins évoluée. S'agit-il d'un choix purement économique ou existe-il des raisons d'ordre technique ?

A. K. : C'est un compromis entre l'approche technique et économique. Comme avec les autres MT, notre objectif est d'offrir le bon produit, au bon prix, au bon moment. L'idée avec la MT-10 est d'en quelque sorte recueillir de l'ADN de la R1 et de le transposer sur un roadster, à l'image du calage moteur Crossplane et du châssis périmétrique très proches de notre Superbike.

Maintenant, la composante tarifaire entre évidement en ligne de compte, d'où des choix rationnels. Par exemple, la centrale inertielle de la R1 n'apparaît pas indispensable sur route, tout comme des bielles en titane ou des jantes en magnésium. L'essentiel est cependant préservé, que ce soit en termes d'efficacité ou de caractère, comme vous avez pu le constater pendant l'essai (effectivement, la MT-10 s'avère sensationnelle au sens propre et redoutablement équilibrée, NDLR).

M. -N.C. : Certes, 160,4 ch et 111 Nm sont déjà des valeurs très respectables. Mais au regard des 200 ch à disposition sur le moteur de la R1, on pouvait s'attendre à un peu plus sur la MT-10, histoire de toiser d'égale à égale les 175 ch de la Super Duke R et de la Tuono V4 1100. Quelles sont les raisons de ce choix ?

A. K. : Franchement, c'est déjà largement suffisant ! Pour dominer ces 160 ch, il faut déjà s'y employer, vous ne trouvez pas ?! Sans parler des vitesses rapidement atteintes... Par ailleurs, la course à la puissance est une chose, mais qu'elle reste exploitable en est une autre. Or notre philosophie avec la gamme MT est justement d'offrir beaucoup de sensations, mais exploitables à tous moments.

"160 ch, c'est déjà largement suffisant !"

On peut mettre 200 ch sur une moto, 210 voire 220 ! Mais à quoi bon si cette puissante est impossible à passer au sol ? Notre volonté est plutôt d'aller vers l'émotion ressentie en s'amusant avec des moteurs de caractère : c'est aussi ça, la marque MT.

M. -N.C. : Certains constructeurs européens doublent leur offre avec une version plus sportive et souvent plus luxueuse, avec un certain succès. Yamaha pourrait-il imiter cette démarche avec une MT-10 "S" ou "R", plus proche encore de la R1 ? Ce serait d'autant plus légitime que vous déclinez déjà votre Superbike en deux versions (R1 standard et R1M)...

A. K. : Non, je ne pense pas, car la R1 est une Hypersportive qui représente le joyau technologique de Yamaha, surtout dans sa version "M" avec ses suspensions électroniques. Elle s'adresse à une certaine frange d'utilisateurs plus restreinte, des personnes friandes de très hautes technologies. La MT-10 vise une cible plus large, avec des volumes de ventes en conséquence.

Dans ces conditions et dans sa configuration actuelle, la MT-10 est déjà suffisamment performante et bien équipée, avec entre autres son contrôle de traction paramétrable ou ses modes de conduite. Avec cette moto, Yamaha est plutôt tourné vers une démarche d'accessoirisation destinée à valoriser ses aptitudes routières, comme nous vous l'avons montré avec la version équipée de bagagerie et d'un pare-brise.

M. -N.C. : Cette version accessoirisée, justement, pressent-elle l'arrivée d'une possible MT-10 Tracer, suivant en cela votre démarche routière-sportive à caractère initiée avec la MT-09 Tracer ?

A. K. : A ce jour, la "Tracer 1000" à laquelle vous faites mention, vous l'avez sous les yeux ! C'est cette MT-10 équipée d'accessoires optionnels, chargée de mettre en valeur certaines de ses capacités routières sans pour autant dénaturer l'esprit sportif, voire rebelle de la moto.

M. -N.C. : A 13 199 euros jusqu'au 31 juillet (13 499 € après), la MT-10 est plutôt bien placée dans la catégorie des "maxi roadsters maxi sportifs". Pensez-vous que ce prix allié à toutes ses qualités lui ouvre les portes du succès sur ce marché, aujourd'hui en perte de vitesse ? Quelles sont vos ambitions commerciales en France ?

Des volumes compris entre 1000 et 2000 unités en France

A. K. : L'objectif de Yamaha avec cette MT-10 est de l'assoir en haut de la catégorie des roadsters, très disputée et concurrentielle en France. Nous espérons qu'elle deviendra la nouvelle référence des roadsters sportifs de grosse cylindrée. Certes, cette catégorie connaît actuellement une baisse de régime, mais c'est aussi un phénomène cyclique lié à un creux de cycle de vie produits. A partir du moment où l'on apporte une nouveauté, cela profite à tout le segment qui reste très important concernant les roadsters sportifs. En termes de volumes, ceux-ci seront importants mais je n'ai pas de chiffres précis à vous communiquer. Il faut aussi garder à l'esprit que la moto arrive tard en saison (fin mai, début juin), ce qui complique l'estimation de ses résultats, forcément inférieurs à ceux d'une année pleine...

M. -N.C. : Alors quelles sont vos ambitions pour la deuxième année de commercialisation ? 1000 immatriculations ? 2000 ?

A. K. : Plus de 1000, c'est une certitude car nos ambitions sont plus élevées sur ce modèle, mais moins de 2000.

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