Hot couture ou prêt à frimer ?

Présentée aux motards américains il y a un an exactement, la Fury ne s'est pas faite prier longtemps pour débarquer sur le Vieux continent : bien conscient que ce type de motos intéressait de plus en plus de motards - surtout en France, pays des "sans chevaux" et de la répression à tout va -, Honda a décidé d'intégrer son modèle dans son catalogue européen 2010 (lire MNC du 5 février 2009 : la Fury traversera-t-elle l'Atlantique ? et MNC du 13 juillet 2009 : La Fury débarque, nom de code VT1300CX)...

Pour traverser l'Atlantique, le nouveau custom nippon a malheureusement dû changer de nom : l'appellation "Fury", sulfureuse à souhait, étant déjà déposée de notre côté de l'océan, Honda a décidé de rebaptiser sa moto "VT1300CX". Dommage, pour une fois que les japonais se la jouaient "bad boys" !

En comparaison, le nom de la Saxon fait bien plus allumeur et pour cause : l'américaine se nomme "Firestorm", soit rien moins qu'une tempête de feu... Ce chopper "Pro-street" - et donc "de forme allongée et de taille basse", décrit le constructeur himself - ne fait certainement pas dans la demi-mesure !

Outre ces dénominations très différentes, on constate en béquillant les motos face à face que notre duel du jour va rapidement tourner au duo, tant les engins diffèrent... Certes, ce sont tous deux des customs et pour l'oeil non averti des passants, ces deux motos appartiennent à la même catégorie.

Mais un biker avisé - le vrai, celui avec les tatouages et le gilet en cuir ! - ne manquera pas de noter l'inégalité du combat, tant l'américaine s'apparente plus à une préparation soignée jusqu'aux moindres chromes qu'à une moto de "grande" série, comme la Honda : normal après tout, avec près de 15 000 euros d'écart !

Posées sur leur béquille latérale, les deux montures attirent copieusement l'attention. Sous le soleil timide de ce mois de février glacial, les chromes scintillent et captivent les touristes et autres badauds. Bien peu remarquent que la Honda recourt un peu trop au plastique : capotage de phare, couvre-clignos, couvre-culasses et cache-transmission notamment, tandis que la Saxon voue un culte sans borne au bon vieux métal.

Hormis ce détail d'importance - les chromes étant au custom ce que les promesses non tenues sont aux hommes politiques : incontournables ! -, la Saxon se révèle en outre mieux soignée que la Honda. Au niveau des clignotants par exemple, ceux de la Firestorm sont minuscules et parfaitement intégrés. À l'arrière, ils sont identiques aux feux stop, tandis que ceux de la VT1300CX cassent l'harmonie de sa ligne, qu'achevait pourtant superbement l'esthétique feu à diode.

À l'arrière toujours, la présence d'une plaque excentrée - et dûment homologuée, nous assure l'importateur - sur l'américaine permet de dégager totalement la vue sur son pneu de 260 mm de large. À côté, celui de la japonaise qui ne mesure "que" 200 mm ne profite pas de la même mise en valeur et semble presque fin...

Au-delà de ces considérations bassement matérielles, les néophytes se tournent de toute façon invariablement vers la Saxon. Et la raison est simple : face au coloris blanc et aux tatouages tribaux de la Firestorm qu'Absolut Cycles nous a aimablement confiée, la tenue noire de la Fury VT1300CX semble trop stricte. Dans son autre robe bleue électrique, la Honda se serait sans doute mieux défendue...

Les résultats du sondage Moto-Net.Com réalisé lors de cet essai - auprès d'un échantillon ultra-représentatif de touristes japonais, de badauds parisiens et de plusieurs groupes de Djeunz ! - sont formels : la Saxon est bien plus impressionnante et attirante que la Honda !

De même, le chrome de la fourche - démesurément looooongue ! -, des jantes - incroyablement fines - et des freins - Brembo, please - de la Saxon font passer pour terne celui qui orne les éléments de la Honda... Poignées, repose-pieds, maître-cylindre du frein arrière, durites et même klaxon sont autant de détails que l'on sent méticuleusement étudiés par les Yankees mais plus rapidement abordés par les Samouraïs.

Les motards plus avertis noteront tout de même quelques fautes de goût sur l'américaine : on note principalement un compteur - digital ?! - bien moins léché que celui - analogique - de la japonaise et une cosse électrique qui pend nonchalamment entre les deux cylindres, et dont les colliers de serrage noirs brisent la pureté du coloris blanc du cadre...

Des peccadilles pour certains, mais étant donné la philosophie "tout-dans-l'esbrouffre" de l'engin et son prix, la marge d'erreur esthétique s'avère extrêmement faible... Et maintenant, en selle !