On connaissait les SUV (Sport Utility Vehicule), mais voilà que Gilera nous sort un SUT (Sport Utility Tricycle)... Alors, le Fuoco 500 ie est-il un vrai sportif ou un citadin déguisé en aventurier ? C'est ce que nous avons voulu vérifier : essai !
Après avoir décliné le MP3 en 125 (lire Essai Moto-Net.Com du 19 octobre 2006), 250 et 400, le groupe Piaggio s'est servi de sa marque Gilera pour proposer une version 500 cc de son fameux trois-roues.
Le Fuoco 500 ie est donc le plus puissant de la gamme avec ses 40 ch annoncés (lire Moto-Net.Com du 21 novembre 2006). Et ce n'est pas un mal, car l'imposant système des deux roues à l'avant induit un surcroît de poids non négligeable : l'engin dépasse les 250 kg tous pleins faits !
Sixième meilleure vente des scooters 125 cc en 2007 (lire Moto-Net.Com du 14 janvier 2008), le MP3 125 cc a su convaincre presque 4 000 utilisateurs du bien fondé de son concept révolutionnaire. Le Fuoco parviendra-t-il à chambouler autant le marché très florissant des maxiscooters ?
Gueule de brute
On l'aime ou on le déteste, mais le Fuoco ne laisse personne indifférent. Au diable la discrétion, il fait plutôt dans l'exubérance et le tape-à-l'oeil... voire le bling bling ! Avec sa calandre à cinq phares (dont les deux codes avec des grilles !) surmontant un imposant pare-buffle (!), le Gilera semble le fruit des amours improbables entre un Hummer et un quad...
Ce parti pris est plutôt malin de la part du constructeur italien qui ne pouvait pas, de toute façon, opter pour un avant fin et profilé en raison de la largeur des deux roues. Le reste de la machine est à l'unisson, avec ses marchepieds en alu et son large porte-bagages en gros tubes d'acier.
Outre le gris "Excalibur" de notre machine d'essai, un rouge "Emotion" et un noir "Démon" sont également disponibles... Tout un programme !
Paré pour l'aventure
Sans crouler sous les gadgets, le Fuoco propose une palette d'accessoires assez pratiques. Sous la selle se cache une housse pour la protéger de la pluie lors du stationnement. Dans le coffre qui peut accueillir un casque intégral et quelques affaires, on trouve une petite lumière et une prise 12V pour recharger son portable ou son GPS en roulant. Quant au large porte-bagages, il offre de nombreux points d'ancrage pour attacher un sac.
On trouve également un frein de parking, une boucle pour accrocher un sac entre ses jambes et un antidémarrage à clé codée. Sans ordinateur, le tableau de bord, commun avec le GP 800, se contente d'afficher la température extérieure en plus des infos de bases.
Pour faire défiler les infos en roulant, on dispose d'un bouton bien pratique au pouce droit. Mais on aurait aimé un bouchon d'essence sur charnière et un accès plus aisé au réservoir : attention aux éclaboussures !
Canapé à 3 roues
Le Fuoco réserve un accueil assez agréable à son pilote : sa hauteur de selle très raisonnable de 785 mm le rend accessible à tous les gabarits sans problème. La position est naturelle, l'ergonomie soignée et le confort de selle très appréciable.
En revanche, impossible d'allonger les jambes comme on peut le faire sur de nombreux maxiscooters. Le pilote devra se contenter de la position assise classique, les jambes à angle droit. C'est bien pour les petits trajets urbains, mais cela l'est moins lorsqu'on roule plus longtemps...
Le passager est à son aise sur sa selle large et moelleuse, mais la place dévolue à ses pieds est plus qu'insuffisante : il a juste la place de poser ses talons sur les repose-pieds et la pointe de sa chaussure vient taper dans la cheville du pilote... Pas génial !
Mode d'emploi obligatoire !
Ce qui est sûr, c'est que si on laisse le Fuoco verrouillé sur le trottoir, on ne risque pas de se le faire voler par un non initié ! En effet, il existe quelques astuces à connaître avant de démarrer...
Tout d'abord, on ne peut desserrer le frein de parking qu'une fois la direction débloquée. Après, il faut freiner de l'avant ou de l'arrière pour démarrer. Enfin, on n'est libre de partir qu'en débloquant la suspension avant, soit en appuyant sur le bouton, soit en donnant un coup de gaz en dépassant les 2 000 tr/min.
Mais il suffit d'un jour ou deux pour que ces gestes deviennent parfaitement naturels ! La prise en mains est un peu déroutante pendant les premières heures, surtout aux basses vitesses où la direction se montre assez lourde lorsqu'on braque à fond.
On se surprend toutefois bien vite à se faufiler dans les embouteillages avec une grande aisance. La largeur du train avant n'est pas du tout pénalisante, il suffit de se dire que si le guidon passe, les deux-roues avant passeront. Seuls les deux clignotants avant assez exposés peuvent faire les frais d'un passage un peu optimiste...
Sans les pieds !
La grande spécificité du Fuoco, héritée du MP3, réside donc dans ses deux roues avant et leurs suspensions en parallélogramme, articulées autour de la colonne de direction.
Contrairement au MP3 125 où il est proposé en option, le Fuoco est doté en série du système électro-hydraulique de blocage des suspensions. Ceci permet de verrouiller le train avant quelle que soit la hauteur des roues, l'une par rapport à l'autre.
Ce système évite d'avoir à poser le pied au feu - mais c'est anecdotique et finalement assez artificiel pour un motard - mais aussi, et surtout, il offre la possibilité de stationner à peu près n'importe où sans avoir à dresser le scooter sur sa béquille centrale. On note d'ailleurs que le Fuoco est dépourvu de béquille latérale.
En dessous des 10 km/h, le voyant orange se met à clignoter, vous invitant à bloquer le train avant d'une simple pichenette du pouce droit. Un petit bip sonore vous confirme alors que le système est bien enclenché.
3 roues = sé-ré-ni-té
L'avantage de ce système est bien entendu la sécurité et la tranquillité du pilote. Là où sur un deux-roues traditionnel, on scrute avec angoisse le moindre rainurage, le plus petit gravillon ou la sournoise flaque de gasoil tapie au rond-point, au guidon du Fuoco on passe en sifflotant !
Les pertes d'adhérence sont rendues beaucoup plus rares et elles ont des conséquences beaucoup moins fâcheuses. Il en est de même au freinage : les situations d'urgence qui imposent de piler de l'avant s'avèrent bien moins inquiétantes.
Il est néanmoins possible de bloquer les deux roues avant, y compris sur le sec, mais le risque de chute, même s'il existe, est considérablement amoindri. De la même manière, toute glisse ou blocage de la roue arrière se montre parfaitement gérable...
Malgré ce sentiment de sécurité, il faut bien entendu garder la tête froide et ne pas se sentir invulnérable : comme sur deux roues, le danger sur trois roues vient beaucoup des autres usagers !
Utilitaire trans-banlieue
Avec son monocylindre Master 500 à double allumage et injection, le Fuoco ne s'interdit aucun terrain de jeu. Son couple de 41,2 Nm à 5 500 tr/min fait merveille en ville où ses accélérations vous scotcheront sans faiblir jusqu'à 120 km/h... Gare aux radars !
Au final, le Gilera se révèle à peine moins alerte qu'un Piaggio X9 500 ou qu'un Peugeot Satelis 500, pourtant équipés de la même motorisation. Sous la pluie, le mono parvient même à faire patiner la roue arrière au démarrage.
Le souffle de son moteur lui autorise les trajets sur autoroute. Capable de croiser sans problème à 130 km/h, il peut accrocher un petit 160 km/h quand l'horizon se dégage, le tout dans un confort de pacha et sans aucune vibration.
Seule la protection du haut du corps laisse franchement à désirer à cause du saute-vent fumé, certes très joli, mais trop bas.
Ludique, mais pas sportif
Avec de tels arguments, on est impatient de profiter de la sérénité que confère le Fuoco pour s'amuser sans danger sur les petites routes viroleuses. Et là : déception !
Le Gilera se montre assez joueur et son moteur suffit à s'amuser dans les virages serrés, mais la garde au sol est terriblement insuffisante ! La moindre prise d'angle un peu musclée, à gauche comme à droite, se solde par un gros raclage de la béquille centrale.
Le problème est que, à la différence d'un repose-pied sur une moto, la béquille centrale est un point dur qui a tendance à délester la roue arrière lors des gros appuis... C'est moyennement grave dans une courbe bien régulière, mais beaucoup plus embêtant dans un virage ou un rond-point serré...
De plus, les 250 kg de l'engin en ordre de marche et les deux roues avant grèvent quand même la maniabilité et l'efficacité pure. Donc, malgré sa mine de mauvais garçon, on cantonnera le Fuoco à la balade et non à l'arsouille !
Scooter des champs ?
Avec la stabilité et le look de baroudeur du Fuoco, une petite virée dans la verdure s'imposait... Et dans cet exercice, force est de constater que le trois-roues est assez surprenant !
Bien sûr, ce n'est pas une machine d'enduro, mais le Gilera passe à un rythme de sénateur dans bien des endroits, y compris très boueux ! Car si ses deux pneus avant sont très routiers (Michelin Pilot Sport SC), le pneu arrière (Michelin Gold Standard) offre suffisamment de sculptures pour avoir de la motricité même sur sol gras.
Mais de nouveau, il ne faudra pas non plus demander au Fuoco l'impossible et préférer les chemins assez roulants !
Le choix de la sécurité
En résumé, nous avons poussé le Fuoco dans ses derniers retranchements sur des terrains où l'utilisateur lambda s'aventurera finalement assez rarement : l'off road et les petites routes. Mais pour une utilisation urbaine et utilitaire, il comblera le cadre pressé et soucieux de sa sécurité.
Reste son prix assez élevé de 7 600 €, qui ne se justifie que dans le cadre d'un usage quotidien sur les pavés mouillés et entre les files de voitures. Comparé à un Piaggio X9 500 doté de l'ABS et proposé à 7 370 €, le choix s'avère cornélien...
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