Essai Z900 2020 : Kawasaki revient sur sa "Neuf-sans-aides"

Moteur

Pour rappel, le 4-cylindres de la Z900 est basé sur celui de la... Z1000 ! Il cube 948 cc, soit 140 de plus que le "huit cents", et dispose des traditionnels refroidissement liquide, double arbre à cames en tête et 16 soupapes (29 mm côté admission, 24 côté échappement).

D'après les ingénieurs nippons, l'alésage de 73,4 mm (soit 2,6 mm de moins que sur la Z1000 de 1043 cc) et la course de 56 mm (conservée donc) "ont été sélectionnés pour obtenir les caractéristiques moteur souhaitées". À savoir : distribuer les 125 ch et 98,6 Nm (inchangés en 2020) de manière linéaire et expressive, sans brusque chute de puissance tout en haut du compte-tours.

Côté expression justement, Kawasaki assure avoir particulièrement travaillé la sonorité : "après la Z1000 de 2014, la Z900 est le second modèle de la gamme à bénéficier d'une véritable recherche sonore sur l'admission", soulignent les Verts dont le moteur rugit plutôt bien passé 7000 tr/min.

La forme de la boîte à air, son entrée orientée vers le haut - et donc vers les oreilles du pilote -, la présence d'une paroi séparatrice au centre du carter supérieur, les cornets de 50 mm sur les cylindres extérieurs et de 25 mm sur les deux intérieurs : tout coïncide pour donner à l'admission de la Z900 "un son clair et pondéré", distinct du "rugissement puissant et nerveux de la Z1000", illustrent les ingénieurs japonais.

Les deux longueurs de cornets doivent également consolider les performances à bas et moyens régimes (version longue) et amplifier le son (version courte). Le diamètre d'admission de 36 mm doit quant à lui assurer "une réponse idéale à mi-régime, tandis que les papillons secondaires garantissent la souplesse et la sensibilité de l'accélération". En ce qui concerne les mi-régimes, MNC n'est pas pleinement convaincu. Pour le reste en revanche, il n'y a pas tromperie !

Grâce à un procédé spécifique de fonte, initié sur les Ninja H2 et Ninja H2R, le poids des pistons de la Z900 serait comparable à celui de pistons forgés. Ils s'associent à un vilebrequin dont la légèreté vantée par Kawasaki autorise - effectivement - de vives montées en régime. Pour augmenter les performances à haut régime, des canaux ont été ajoutés entre les cylindres.

Un arbre d'équilibrage secondaire, entraîné par un pignon monté sur la sixième masselotte du vilebrequin, est censé supprimer les vibrations excessives et conserver les bonnes. Le Journal moto du Net reconnaît à nouveau que la "Zed" étouffe correctement les grésillements du 4-pattes... sauf au niveau des platines de repose-pieds.

Les gaz d'échappement sont expulsés dans des coudes reliés deux par deux par des tubulures (1 et 4, 2 et 3). Ces raccords doivent renforcer le couple à mi-régime, tandis que le diamètre des coudes (35 mm) " avantagent les performances à haut régime ainsi que la discrétion sonore au ralenti", estime Kawa.

Sur le modèle 2020, la chambre d'expansion a pris du volume afin d'anticiper la norme Euro5 à venir... sans modifier la taille du silencieux qui conserve le look compact et sombre du pot de la Z800, s'habillant d'un embout et d'un cache en inox.

À l'instar de sa petite frangine Z650, la Z900 se dote d'un embrayage antidribble assisté. Pour rappel, il intègre deux types de came : une d'assistance et une antidribble, d'où son nom ! La première came adoucit appréciablement le fonctionnement du levier, la seconde évite que ne pneu arrière ne dribble ou ne dérape lors d'un rétrogradage trop brutal ou involontaire.

Plus classique, la boîte de vitesses comprend six rapports : cinq plutôt rapprochés pour favoriser les accélérations et les relances, et un sixième qualifié de "surmultipliée" par le constructeur qui permet de cruiser sur autoroute à 140 km/h (compteur !) sans trop faire mouliner l'engin (juste au-dessus de 6000 tr/min).

La version A2 reste naturellement au catalogue : elle représente environ la moitié des ventes de Z900 ! Sur cette version bridée à 95 chevaux (70 kW) voire 48 ch (les fameux 35 kW maxi concédés aux nouveaux permis), la démultiplication finale est raccourcie : deux dents sont ajoutées à la couronne pour consolider les reprises...

Partie cycle

Le cadre de la Z900 ne pèse que 13,5 kg : à titre de comparaison, celui de la petite soeur Z650 - pourtant née en 2017 elle aussi - pèse 15 kg... Rien d'illogique toutefois : le 4-cylindres est un élément suspendu qui participe activement à alléger la partie cycle.

Le moteur est fixé au cadre via cinq supports rigides : "à l'avant et à l'arrière de la culasse, derrière le bloc-cylindres ainsi qu'en haut et en bas du carter moteur", précise Kawasaki. Conçu avec les méthodes élaborées lors de la confection des Ninja H2/R, le cadre treillis en acier supporte également une boucle arrière constituée de deux autres tubes.

En-dessous, "le bras oscillant en aluminium extrudé ne pèse que 3,9 kg, ce qui réduit les masses non suspendues et favorise également l'agilité de la moto", se félicite le constructeur. Suite au souci et rappel des tous premiers modèles, Kawasaki a décidé de renforcer le châssis de sa Z900 au niveau de l'axe de bras oscillant.

D'origine Kayaba, l'amortisseur arrière muni de biellettes est réglable en précontrainte et détente. Idem pour la fourche inversée de 41 mm dont les réglages s'effectuent uniquement au niveau du tube gauche, sous le guidon. Celui-ci, ouvert et large, écarte sensiblement les bras, comme sur la devancière Z800.

Autre modification "de taille" pour 2020 : la hauteur de selle n'est plus aussi faible qu'auparavant ! Posée à 795 mm en 2017, elle se poste désormais à 820 mm du sol. Kawasaki a simplement inversé selle basse de série et selle haute optionnel... L'appui sur les poignets n'est pas exagéré pour autant, et les pilotes de plus d'1,70 m posent toujours les deux pieds par terre simultanément.

Installés sur la jante à cinq bâtons, les deux disques "pétales" de 300 mm sont toujours mordus par des étriers - même pas radiaux ?! - à quatre pistons opposés. Les plaquettes de frein en résine sont chargées de procurer "un feeling progressif qui facilite le dosage du freinage, pour les débutants comme pour les motards expérimentés". MNC valide à nouveau !

Derrière, un simple disque "pétales" de 250 mm est pincé par un étrier simple - et efficace ! - piston. Obligatoire en Europe depuis 2017 sur les motos et scooters des plus de 125 cc, l'ABS de la Kawasaki est confié au compatriote Nissin. Les pneus sont toujours fournis par Dunlop, mais les D214 "Z" spécifiques cèdent leur place au Roadsport 2.

Électronique

C'est un nouveau chapitre qui s'ouvre pour la Z900 : contrairement au "Neuf-sans-aides" originel, le modèle 2020 se met à jour d'un point de vue électronique ! Le contrôle de traction Kawasaki (KTRC) est jumelé à deux modes de puissance moteur.

Le pilote peut désormais adapter sa machine aux conditions de roulage ou à ses "zhumeurs" : mode de conduite Sport pour bénéficier du potentiel entier du moulin et d'un traction-control - très - permissif, mode Road pour profiter encore des 125 chevaux et d'un antipatinage plus vigilant, mode Rain pour brider le moulin à eau à 69 chevaux (52,25 ch sur le modèle A2) et maximiser le travail du KTRC.

Un quatrième mode Rider permet au motard de sélectionner indépendamment le niveau du contrôle de traction (1,2,3 ou désactivé) et la puissance moteur ("Full" ou "Low"). Ces choix s'exécutent très facilement et en roulant grâce aux boutons placés sur le commodo gauche... et via à la nouvelle instrumentation (voir plus bas).

Réservé au seul feu arrière en 2017 - en forme de Z qui veut dire Zed ! -, l'éclairage par Diodes Electro-Luminescentes se généralise en 2020 : phares, veilleuses diurnes, clignotants, et même la petite lampe éclairant la plaque d'immatriculation sont désormais à LED. "Full LED" !

Pour souligner l'évolution technologique que connait la Z900, Kawasaki a redessiné l'optique avant, son habillage ainsi que ceux du radiateur et du réservoir. La touche "Sugomi" se veut plus prononcée, plus agressive. Les nombreux fans du genre s'en féliciteront... Les autres n'adhéreront pas davantage.

Instrumentation

Comme en 2017, la Z900 partage la même instrumentation que la Z650 pour la nouvelle année. Elles abandonnent toutes deux le compteur-tours au look analogique - mais à aiguille digitale - et pique aux Ninja H2 et Versys 1000 leur jolie dalle TFT couleurs de 10,9 cm de diagonale.

"Vitesse, régime moteur, témoin de rapport engagé, shift-light, jauge d'essence, odomètre et trips partiels A/B, consommation instantanée et moyenne, autonomie restante, vitesse moyenne, temps de parcours, température du liquide de refroidissement, horloge, tension de la batterie, rappel du prochain entretien (géré par le concessionnaire), rappel du changement d'huile (gérable par le propriétaire), modes de conduite, signal d'appel et alerte email, indicateur Bluetooth, témoin de conduite éco"... Kawa a fait le plein d'infos !

Grâce à la connexion Bluetooth, l'application Kawasaki "Rideology The App" donne accès aux informations collectées par le smartphone et la moto : les coordonnées GPS peuvent être combinées aux vitesses, régimes, rapports engagés, consommation, etc.

À l'inverse, l'écran de la Z900 "peut également afficher, grâce à une icône, si un appel téléphonique ou un e-mail a été reçu". Pratique pour garder contact avec ses camarades de virée : "je me suis pas réveillé, on se rejoint directement à Dampierre pour une andouillette-frites ce midi".