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Paris, le 25 avril 2013

Essai Yamaha FJR1300 AS 2013 : lifting électronique

Essai Yamaha FJR1300 AS 2013 : lifting électronique

En dotant la FJR1300AS des derniers raffinements technologiques, Yamaha fait coup double : sa moto GT gagne en efficacité et relance le constructeur dans la course à l'armement électronique. En prime, son embrayage robotisé ''2.0'' est à maturité. Essai.

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Une moto à la carte

Quelques kilomètres suffisent à mettre en lumière plusieurs évidences au guidon de la Yamaha FJR1300 2013 : d'une part, le surpoids de cette version "AS" (+7kg par rapport à la "A") n'arrange en rien un embonpoint déjà prononcé, ni la tendance de sa direction à engager à basse vitesse (lire notamment notre Essai comparatif MNC : la Yamaha FJR1300A 2013 face à la Honda Pan European).

La FJR n'a donc rien d'une "ballerine urbaine" malgré son rayon de braquage court, son accélérateur précis, sa transmission par cardan transparente et sa mise sur la béquille centrale plus facile qu'auparavant (de "30%", selon le constructeur aux diapasons).

Le freinage partiellement couplé s'avère aussi puissant que progressif et s'offre de surcroît en série les services d'un ABS. Un système qui montre toutefois ses limites lors de gros freinages de l'avant uniquement : la centrale antiblocage se déclenche assez tôt et de manière sensible, rallongeant parfois les distances d'arrêt sur un revêtement cabossé (petites rues pavées, notamment).

Capables d'accueillir chacune un gros casque intégral, les valises démontables font aussi partie de la dotation d'origine : côté pratique, la FJR1300 place la barre très haut, comme le souligne la présence d'un vide-poche à fermeture automatique à l'intérieur duquel se trouve une prise 12V. Gare toutefois à bien apprécier le gabarit des valises : elles sont plus larges que les efficaces rétroviseurs, ce qui complique les évolutions dans les encombrements.

La position et l'ergonomie générale sont identiques au modèle précédent : le pilote reste le dos bien droit et les bras tendus vers les branches de guidon, suffisamment surélevées pour épargner le moindre effort sur le haut du corps. Au pire, un système de cales amovibles permet d'ajuster la hauteur du guidon.

Les membres inférieurs ne sont pas exactement logés à la même enseigne : les genoux sont généreusement écartés par le réservoir d'essence de 25 litres et la position typée "Sport-GT" des repose-pieds (relativement hauts et en arrière) impose à un pilote de plus d'1m75 de placer la selle en position haute pour éviter un repli trop prononcé des jambes sur de longues distances.

L'occasion de saluer la facilité de l'opération, puisqu'il suffit de déplacer une cale sous l'assise pilote puis de monter ou descendre une pièce servant à accueillir la patte de fixation de la selle pour passer d'une hauteur de 805 à 825 mm. On y gagne toutefois en confort ce que l'on perd en assurance à basse vitesse, puisque déplacer cette moto de 296 kg tous pleins faits sur la pointe des pieds n'a rien d'aisé !

Recouverte d'un nouveau revêtement sur ses côtés, cette selle offre par ailleurs un maintien assez ferme, une situation que n'arrangent pas les fourmillements perceptibles sous les fesses dès 4000 tr/mn et qui tendent ensuite à se propager dans les bottes et les mains.

A 4000 tr/mn justement, le 4-cylindres en ligne emmène l'équipage juste en dessous de 130 km/h sur le cinquième et dernier rapport. A cette allure, la protection offerte pour le buste et la tête se montre satisfaisante, même si cette affirmation est à pondérer puisque notre moto d'essai était équipée d'une bulle optionnelle plus haute de 103 mm que l'originale. A noter que malgré sa hauteur plus importante, ce pare-brise n'engendre pas de poussée aérodynamique trop sensible dans le bas du dos à haute vitesse.

Et des hautes vitesses, précisément, le moteur de la FJR1300 ne demande qu'à vous en donner, même amputé de 40 ch en France : MNC a atteint la (non) respectable allure de 239 km/h ! Ultra-élastique, le "4-pattes" feule discrètement au ralenti et peut repartir sans un hoquet à 1000 tr/mn sur le dernier rapport. Sa poussée se renforce ensuite en continu de 3000 tr/mn à 6000 tr/mn, régime où le bridage lui coupe la chique... alors qu'il reste 3200 tr/mn avant le rupteur !

Retravaillé au niveau des revêtements internes et de l'injection, ce 4-cylindres de 1298 cc trouve un allié de choix dans la gestion automatisée de l'embrayage : terminés les à-coups et les réactions brutales de la précédente génération, le Yamaha Chip Controlled Ship (YCC-S) est maintenant parfaitement au point.

Un demi-tour au ralenti suffit à mesurer l'étendue des progrès : là où le dispositif précédent imposait une certaine circonspection à cause de son manque de progressivité (surtout à froid), l'YCC-S deuxième génération fait désormais preuve d'une douceur et d'une précision remarquables. La synchro entre la gestion des gaz et l'ouverture/fermeture de l'embrayage est très bien maîtrisée, presque aussi finement que celle obtenue en gérant soi-même le patinage des disques !

Grâce à ce système, il devient encore plus simple d'enrouler sur le gros couple de la FJR1300 2013 (120 Nm en France), simplement en montant un rapport du bout des doigts aux alentours de 5500 tr/mn ou, classiquement, en recourant à ce "bon vieux" sélecteur. Celui-ci prend finalement la forme d'un shifter, qu'il est possible d'utiliser pour monter et descendre les rapports sans débrayer et sans aucune réaction parasite.

Ce tableau positif est sublimé par la qualité et l'efficacité des suspensions à ajustement électronique. Ultraconfortable en mode "Soft", la FJR1300 AS 1300 gagne en rigueur en mode intermédiaire ("Standard") et devient bien plus précise et presque sportive en mode "Hard" : les différences entre chaque mode sont clairement perceptibles et profitent à l'agrément de conduite.

Verdict : mise à jour réussie !

Certes, la routière Yamaha conserve ses petits défauts en conduite très dynamique, déjà constatés par MNC sur sa "frangine" à embrayage manuel (relire notre Essai MNC de la FJR1300A 2013). Son train avant verrouille sur les freins, sa garde au sol est relativement facile à mettre en défaut et son poids ainsi que son inertie moteur tendent à l'entraîner à l'extérieur des courbes.

Mais une fois assimilées, ces caractéristiques s'apprivoisent relativement facilement : il suffit de prendre garde à ne pas provoquer d'importants transferts de masse en entrée de courbes et de profiter des réjouissantes reprises du 4-pattes pour s'en extraire. Et n'ayez pas peur d'essorer la poignée droite : l'anti-patinage est aussi efficace que discret lors de son entrée en action !

Grâce aux bienfaits de l'électronique, la Yamaha FJR1300 AS 2013 progresse dans pratiquement tous les domaines et devient une véritable moto à la carte : un coup de pouce suffit à métamorphoser son amortissement, mais aussi son comportement moteur.

Cette mise à jour a un prix : à 19 499 €, la FJR1300 AS coûte 1500 euros de plus que le modèle précédent, même si cette inflation se justifie par la sophistication supérieure et l'incontestable bond en avant de l'agrément offert par l'embrayage robotisé.

Reste que le fleuron routier des Bleus entre du même coup dans la fourchette haute des tarifs en vigueur dans la catégorie des motos routières : 19 455 € pour une BMW R1200RT (avec poignées chauffantes, régulateur, anti-patinage et ESA), 17 499 € pour une Kawasaki 1400GTR ou 18 870 € pour une Triumph Trophy SE.

Espérons que la somme des progrès apportés à cette FJR1300AS 2013 et l'arrivée à maturité de sa transmission semi-auto suffisent à (re)lancer sa carrière : depuis son lancement en 2006, la version "AS" ne s'est écoulée qu'à moins de 1000 exemplaires en France, avec des "creux" à moins de 100 immatriculations par an.

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CONDITIONS ET PARCOURS

 
  • Modèle avec 1350 km au départ
  • Options : bulle haute (+103 mm) et déflecteurs de pieds
  • Parcours : 500 km entre La Baule et Paris
  • Routes : ville, petites et grandes routes
  • Pneus : Bridgestone BT-023
  • Conso moyenne : Non mesurée (entre 5,7 et 6,9 l/100 km selon l'ordinateur de bord)
  • Problèmes rencontrés : batterie rapidement déchargée sur une moto dont le contact n'a pas été coupé à l'arrêt et dont le moteur a été démarré et éteint plusieurs fois de manière très rapprochée.
 
 
 

POINTS FORTS YAMAHA FJR 1300 AS 2013

 
  • Progrès de l'embrayage robotisé
  • Plus-values des suspensions électroniques
  • Onctuosité mécanique
 
 
 

POINTS FAIBLES YAMAHA FJR 1300 AS 2013

 
  • Poids à l'arrêt (et à l'arsouille !)
  • Ergonomie des commandes et instrumentation
  • Prix