Essai Versys 2010 : Kawasaki corrige son tir

Quel bonheur en effet que d'emmener ce trail chaussé de vrais pneus routes 17 pouces (des Dunlop Sportmax 221, mais les Pirelli Scorpion Sync sont proposés sur les versions non-ABS) virage après virage, avec une facilité et une efficacité déconcertantes.

On remerciera au passage le poids contenu de la bête (206 kg tous pleins faits et +3 kg pour l'ABS), son pneu arrière de 160 mm seulement, son excellent rayon de braquage et son haut et large guidon qui permettent de basculer la moto d'un angle sur l'autre bien plus facilement que sur n'importe quelle sportive...

Sur parcours lent, les possesseurs de Supersport ou Superbike devront même se cracher copieusement dans les gants pour suivre les pilotes de Versys. Même les propriétaires de roadsters rouleront - pour la plupart - un ton en dessous : essayez, vous verrez !

Naturellement, sur les portions plus rapides, les sportives prendront le dessus : le bicylindre 650 cc a ses limites (64 ch à 8000 tr/min toujours et 61 Nm 1200 tours plus tôt), tout comme ses hautes suspensions (qui font profiter de débattements de 150 mm à l'avant et 145 à l'arrière) !

En revanche, la position de conduite droite et le confort de selle aidant, on aligne les kilomètres sur la Versys sans s'en rendre compte. Et sur ce point, Kawasaki est en net progrès.

La nouvelle bulle offre en effet une meilleure protection : chez les plus grands, seules les extrémités des épaules et du casque sont désormais ballottées par le vent. Il suffit de peu pour se protéger de l'essentiel des secousses, mais on regrette juste que ses trois réglages différents nécessitent l'emploi d'une clé (fournie).

En fait, seuls les freins pourront être véritablement critiqués par les plus sportifs de nos lecteurs : leur manque de mordant, au demeurant bien sécurisant sous la pluie, demande au pilote de saisir franchement le levier pour effectuer de gros freinage aux abords des épingles ou des carrefours.

Sur la version ABS, on note lors de l'intervention du système quelques tressautements du levier et de la pédale. Ce n'est pas forcément agréable mais pour 600 € (la version standard est affichée à 7 390 €), on se prémunit efficacement des chutes stupides qui pourraient endommager la toute nouvelle plastique de la belle !

Car c'est là que réside l'essentiel de l'évolution de ce - top ? - modèle : un lifting censé relancer son attrait auprès des motard(e)s âgé(e)s de 30 à 40 ans - "lui ou elle", insiste Kawasaki -, avides de liberté, de fun, de sorties entre amis, de sport, mais aussi de fonctionnalité et d'efficacité en milieu urbain.

Les responsables de la marque - en Europe comme en France - se sont aperçus un peu tard d'un décalage entre leur discours commercial et la réalité. Ainsi, à sa sortie en 2006, la Versys était présentée comme une moto polyvalente mais avant tout rigolote.

Or "beaucoup de nos utilisateurs mettent en avant son aspect pratique propre au trail de moyenne cylindrée, ce qui nous amène à modifier un peu notre communication", nous explique Maurice de Rochefort, responsable presse de Kawasaki France.