Essai Ultra Classic 2012 : la croisière s'amuse !

C'est frais comme un gardon – et avec tous ses points ! - que le "biker MNC" arrive à destination après 700 km de route, sans autre pause que des arrêts ravitaillement. Le séant a été préservé grâce au très bon confort de la selle et les lombaires ne font pas souffrir malgré la position de conduite très droite.

Les cervicales aussi ont été préservées par la bonne protection du carénage : notre moto d'essai est équipée du pare-brise haut que les pilotes d'1m80 n'auront pas de mal à surplomber du regard. Les plus petits conserveront le pare-brise bas qui équipe d'origine la Street Glide. Seule la protection des jambes pêche un peu, surtout sous la pluie.

Pendant deux jours, la concentration des Motorigoles est ponctuée de deux balades réunissant chacune entre 700 et 1000 engins (moto, sides et autres trikes). Pour celle du samedi qui nous verra faire une halte-dégustation au fameux Château de Monbazillac, le photographe officiel de la manif' prend place derrière nous.

Les évolutions à basse vitesse au milieu de centaines de motos, en duo et le tout sous un soleil de plomb, sont assez physiques. Ajoutez à ça la chaleur qui remonte du moteur - mal ! - refroidi par air et vous obtenez une bonne suée dans le blouson !

Fauteuil de ministre

Malgré un cache censé protéger sa cuisse droite, le pilote a l'impression d'être au sauna. Heureusement, ce désagrément ne se fait ressentir que dans le cadre d'une utilisation assez particulière : l'Electra n'est pas faite pour les défilés au pas !

Derrière, le photographe est aux anges : confortablement assis grâce au large dossier et aux immenses repose-pieds passager, il est parfaitement à l'aise pour faire son travail. Curieusement, l'Electra ne propose pas de poignée de maintien pour le passager mais il est parfaitement calé et ne regrette leur absence que lors des gros freinages... qui restent exceptionnels sur ce type de moto.

Notre passager du jour gigote pas mal de gauche à droite, se penche, se retourne même, sans que cela n'altère vraiment la tenue de route de la Harley. Le conducteur se contente de corriger les mouvements du bout du grand guidon : easy !

Bon, les autoroutes et les concentr' c'est bien gentil, mais MNC a aussi envie de savourer les petites routes des Pyrénées et du Pays Basque... Après deux jours de Motorigoles, notre Electra Glide met donc le cap au sud !

Belles mais désespérément rectilignes, les routes des Landes ne permettent pas encore de tester dignement les qualités dynamiques de l'Electra. Très vite, heureusement, les Pyrénées se profilent à l'horizon et nous offrent leurs premières courbes...

Surprenante Electra

L'Ultra Classic fait immédiatement preuve d'une aisance surprenante. Saine et plutôt légère à balancer d'un virage à l'autre, elle offre en plus une garde au sol étonnante. Avec sa partie cycle remaniée en 2009, ce Touring de 430 kg prend en effet plus d'angle que les motos de la gamme Dyna qui frottent assez vite.

Cependant, contrairement aux repose-pieds escamotables des Dyna qui viennent glisser en douceur sur l'asphalte, les platines montées rigide de l'Electra ont tendance à déstabiliser l'engin lors des grosses inclinaisons (en particulier à gauche).

Loin d'être sportif, le rythme de l'Electra peut s'avérer enjoué et ludique, en parfaite adéquation avec ce type de machine !

D'un point de vue dynamique, le seul point réellement critiquable sur cette Electra est son train avant : imperturbable dans 95% des cas, il peut se montrer franchement instable à grande vitesse ou en roulant un peu fort dans des virolos mal revêtus. La roue avant se met alors à godiller de manière inquiétante.

Il faut dire que ce pauvre train avant subit d'énormes contraintes, puisque sur la fourche reposent directement tout le carénage Batwing et l'énorme tableau de bord hyper fourni. Sur toutes les autres motos de ce gabarit, le carénage est solidaire du cadre et la fourche ne supporte donc que le guidon et la roue avant !

Castrée certes, mais plaisante

Malgré les quelque 106 cc (centimètres cube) gagnés par son V-twin, on sent la Harley terriblement étouffée et bridée, à l'échappement notamment. Néanmoins, le bloc de 103 ci (pouces cube) offre un bel agrément de conduite jusqu'à 100-120 km/h.

Sur petite route, on profite du couple présent en bas (134 Nm à 3 500 tr/mn) et surtout de la souplesse remarquable du bicylindre. La boîte de vitesses est ferme mais plutôt agréable à l'usage avec le double sélecteur que l'on apprivoise très vite.

Bien sûr, la partie cycle comme la mécanique préfèrent un pilotage fluide et fait d'anticipation, plutôt que d'être malmenées brutalement.

L'Electra freine plutôt bien... pour une "Big" Harley ! Si le mordant et le feeling ne sont pas forcément au rendez-vous, les deux disques de frein avant parviennent à ralentir plutôt correctement les 600 kg de l'engin et de ses passagers. Pour cela, il faut presser virilement le gros levier de frein avant.

Le prix s'oublie, le plaisir reste !

Au cas où, l'ABS est là pour prévenir tout blocage de roue. Ce dernier a beau être quasi impossible sur le sec, il devient tout à fait plausible sur le mouillé.

Bien que l'Electra s'adresse à une clientèle expérimentée et plutôt sage qui misera plus sur l'anticipation que sur l'improvisation, la présence d'un tel système tranquillise et évitera peut-être une chute un peu bête... et surtout très chère !

Les quelque 3000 kilomètres passés par MNC au guidon de Miss Electra ont évidemment fait ressortir ses petits et gros défauts, ainsi que ses particularités propres aux motos de caractère. Mais ils nous ont aussi révélé une machine bigrement attachante, au guidon de laquelle on prend un grand plaisir... en musique !

Reste son prix qui la met hors de portée de bon nombre de motards, puisque l'Ultra Classic voit son tarif osciller entre 26290 et 27690 € selon le coloris retenu. On se consolera au moment de la revente - mais pourquoi s'en séparer ? - car les motos américaines décotent moins que les japonaises ou les européennes.