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Misano (Italie), le 24 avril 2015

Essai Tuono V4 1100 RR : Apocalypse (tuo)now !

Essai Tuono V4 1100 RR : Apocalypse (tuo)now !

Pour faire décoller la carrière de sa Tuono V4, Aprilia améliore son apparence, son confort et augmente sa cylindrée pour booster ses mi-régimes. MNC l'a brièvement testée sur des routes cahoteuses où ce roadster explosif s'est trouvé bien à l'étroit...

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En dynamique : place, la Tuono V4 1100 arrive !

Embrayage ferme, sélection rêche, selle haute (825 mm soit 10 de moins qu'en 2014), rayon de braquage titanesque, V4 bruyant et qui chauffe généreusement les cuisses : les premiers mètres sur la Tuono V4 1100 RR ne mettent pas particulièrement en avant les progrès annoncés en termes de convivialité !

L'itinéraire tracé par Aprilia pour cette trop courte prise de contact (60 km !) ne lui facilitent pas non plus la tâche : les routes empruntées près du circuit de Misano (Italie) sont étroites, cahoteuses et très glissantes... Impossible d'ouvrir les gaz à plus de la moitié sans déclencher le contrôle de traction, quand ce n'est pas l'anti-wheeling qui s'affole sur les saignées du bitume ! Les premiers virages se prennent avec "4° d'angle"...

Pour ne rien arranger, la police municipale stoppe notre procession à mi-parcours et examine d'un oeil sévère permis de conduire et papiers des motos... Après 45 minutes de palabres, tout le monde est prié de repartir à allure modérée et en respectant les distances de sécurité... Pas très accueillante la Polizia sur les terres de Valentino Rossi : Tavullia, le village qui a vu grandir le célèbre n°46 né juste à côté, à Urbino, se trouve à moins d'un kilomètre !

Quelques courbes avalées avec un peu moins de retenue permettent par la suite d'en savoir plus sur la Tuono V4 1100 RR : légère (184 kg à sec annoncés) et bien équilibrée, l'Aprilia se manie facilement, même si la retenue exercée par son amortisseur de direction se fait sentir à très basse vitesse.

Comme sur le modèle précédent, la rigidité du châssis lui confère un comportement tranchant, d'un bloc, qui exige en retour des gestes précis. A cette condition, sa stabilité - pourtant mise à mal par l'état de la route - est tout simplement exceptionnelle !

La vivacité n'est pas en reste : un simple appui sur le repose-pied suffit à la faire plonger. Les changements apportés à son cadre - bras oscillant allongé et train avant refermé - apparaissent impeccablement mesurés (tous les détails page 3).

Sur ce parcours extrêmement bosselé, les progrès annoncés semblent donc confirmés : le confort est en nette hausse, en grande partie grâce à la cohésion et la progressivité de l'amortissement. Grâce à la déflexion créée par son petit saut de vent, la pression de l'air sur le buste est en outre moins importante que sur la plupart des motos de cette catégorie, souvent strictement naked (nues).

Bien plus souple que par le passé, le compromis de suspension n'attire que des éloges, en tout cas à rythme promenade... Car les très rares fois où MNC est parvenu à accélérer la cadence, la fourche est apparue pas assez freinée en fin de course, occasionnant un sensible verrouillage de la direction lors des entrées en courbes sur les freins...

Au sujet des freins, justement, l'arrière se montre convaincant - tout comme l'ABS, réactif et transparent. A l'avant, le bilan est légèrement moins flatteur : l'énorme puissance convoquée par les étriers Brembo est très largement suffisante, mais le toucher au levier droit laisse à désirer, notamment sur le premier tiers de la course. Sûr qu'un maître-cylindre radial - et non axial - éradiquerait ce souci.

Un moteur de ouf !

Sur les millésimes précédents, la pièce maîtresse de la Tuono V4, son atout principal, était incontestablement son moteur. En 2015, les motoristes Aprilia sont pourtant parvenus à l'améliorer, rendant le 4-cylindres en V ouvert à 65° encore plus sensationnel qu'il ne l'était déjà !

Repris à la RSV4, le bloc italien bénéficie en toute logique de certains aménagements apportés au moteur de la Superbike en 2015 et s'offre au passage une solide cure de musculation grâce à une augmentation de sa cylindrée de 77,4 cc (relire notre Point technique page 3) !

Selon les motoristes de Noale, l'objectif est d'améliorer son agrément et ses mi-régimes, et de le rendre plus facilement exploitable. Le couple passe ainsi de 113 à 121 Nm, ce qui va effectivement dans ce sens. En revanche, l'augmentation de la puissance de 170 à 175 ch et le raccourcissement de la transmission finale (15x42 contre 16x42) ne s'inscrivent absolument pas dans cette tendance "adoucissante"...

Chassez le naturel, il revient au (triple) galop, surtout chez un constructeur aussi tourné vers la compétition et les performances qu'Aprilia ! D'ailleurs, dès la mise en route, le V4 grogne et vitupère, tandis que son sourd grondement annonce clairement la tendance : ça va être sportif !

L'injection parfaitement réglée permet de faire résonner toutes les tonalités de sa mélodie en faisant varier au degré près l'ouverture de ses papillons de gaz. Dommage qu'un à-coup de transmission sur le filet gâche cette excellente connexion avec la roue arrière... Comme en 2014, le V4 reprend dès 2000 tours sur les premiers rapports, voire un poil moins en faisant preuve de souplesse sur les gaz.

Plus à son aise dès 2500 / 3000 tr/mn, le moteur relance ensuite avec une force peu commune de 4500 à 8000 tr/mn. Indubitablement, les mi-régimes ont gagné en punch : quel que soit le rapport, la Tuono ressort des courbes comme un boulet de canon ! Et plutôt du genre balèze, le canon !

Ensuite, c'est "l'apocalypse" jusqu'aux 12 000 tr/mn du rupteur ! Le V4 hurle, le bitume se fripe sous l'énorme motricité du pneu de 190 mm, les manches du blouson se retroussent : l'allonge, le caractère et la puissance de ce moteur sont hallucinantes ! Assagie la Tuono V4 ? Mon oeil, oui !

Grâce au shifter installé de série - ce qui est loin d'être habituel dans la catégorie -, ce manège à grosses sensations repart d'un simple coup de botte, sans débrayer ni couper les gaz. L'explosion produite par la micro coupure d'allumage se mêle à la sonorité rauque de ce moulin à baffes, projetant le pilote dans un environnement sensoriel à part, véritablement unique...

Verdict : à peine moins radicale et toujours aussi excitante !

Malgré nos réserves liées à l'environnement routier parfaitement inadapté à une telle moto, la Tuono V4 1100 RR paraît avoir effectivement progressé dans de nombreux domaines, dont celui du confort.

Pour autant, le Lion de Noale ne s'est clairement pas transformé en agneau : la précédente version n'était déjà pas avare en sensations mécaniques... mais la Tuono V4 1100 l'est encore plus ! Heureusement que son électronique hyper fine et très bien calibrée apporte sa précieuse assistance : sur circuit, 175 ch ne sont déjà pas de tout repos à gérer, alors imaginez sur route !

L'amateur de motos à sensations sera enchanté par ses périphériques luxueux, ses lignes enfin harmonieuses et son châssis digne d'une moto de course. A l'usage cependant, il lui faudra composer avec un confort spartiate (la selle reste perfectible), des aspects pratiques négligés et un moteur fabuleusement... pousse au crime !

Plus prosaïquement, l'augmentation de 651 euros en 2015 (14 650 € pour la version RR et 16 949 € pour la Factory équipée en Öhlins et Pirelli Diablo Super Corsa SP) ne va probablement pas aider le groupe Piaggio a atteindre ses objectifs de reconquête (lire notre Interview MNC du 16 avril 2015 : les objectifs d'Aprilia France pour les Tuono et RSV4)…

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CONDITIONS ET PARCOURS

 
  • Modèle : RR avec 430 km au compteur
  • Parcours : 63 km (!)
  • Routes : secondaires glissantes et cahoteuses près de Misano (Italie)
  • Pneus : Pirelli Diablo Rosso Corsa
  • Conso : non mesurée (7,8 l/100 km d'après l'ordi de bord à petit rythme)
  • Problèmes rencontrés : Navigation impossible dans l'instrumentation d'une des motos
 
 
 

POINTS FORTS APRILIA TUONO V4 1100 RR

 
  • Mi-régimes en fortes hausses : le V4 arrache le bitume !
  • Amélioration sensible du confort de selle et de suspensions
  • Agilité, stabilité et freinage impressionnants
  • Electronique de pointe
 
 
 

POINTS FAIBLES APRILIA TUONO V4 1100 RR

 
  • Prix en hausse (de 13 999 € à 14 650 €)
  • Aspects pratiques toujours aussi délaissés
  • Maître-cylindre axial
  • Verrouillage train avant sur forts freinages (à confirmer dans de meilleures conditions)