Essai Suzuki GSX-R 1000 ABS : Absolument Gexy !

Si le grand gabarit et les volumes importants de la GSX-R1000 sont souvent décriés - y compris au sein de Moto-Net.Com -, ils apportent tout de même un avantage : sans entrer dans la catégorie routière, la Superbike de Suzuki permet d'envisager de longs périples.

Le dosseret de selle, notamment, est suffisamment large et plat pour accueillir une combinaison de cuir, indispensable pour tourner sur circuit ! Contrairement aux sportives de toute dernière génération donc, la "Gex" permet aux motards les plus téméraires - dont MNC - de se pointer aux journées piste par la route, sans camion ni remorque.

Les deux ergots surplombant les platines de repose-pieds passager et le costaud support de plaque d'immatriculation se révèlent également très commodes pour fixer le chargement à l'aide d'un filet. Il ne faudra pas oublier de disposer un vieux tee-shirt sur la moto pour épargner sa belle peinture...

Côté pratique toujours, l'espace sous la selle passager peut accueillir un bloque-disque "ou un futur U spécifique en cours d'homologation", nous assure Suzuki France. La Gex est donc également parée pour le quotidien !

Contact allumé, démarreur enfoncé et levier d'embrayage tiré : le moteur part au quart de tour et sonne dès le ralenti de manière très rauque et profonde. L'absence de chicane dans le pot Yoshimura monté sur notre modèle d'essai (de route) accentue la tonalité grave, mais même avec le pot d'origine la Suzuki semble cuber 2000 cc !

La position de conduite pilotage de la GSX-R1000 est sans doute la moins radicale et la moins usante des Superbike. En ville toutefois, les poignets sont mis à contribution et le pilote profite des feux rouges pour les soulager.

Réglé au plus haut pour permettre aux - bons - journalistes de prendre un maximum d'angle sur circuit, les repose-pieds de notre Gex basculent d'autant plus le poids du motard vers l'avant. Par rapport à la dernière née des sportives Suzuki, la GSX-S1000F (lire notre Essai MNC du 6 juillet 2015 sur l'Ile de Man, la GSX-R1000 se montre donc plus cassante...

Dure, la selle possède un atout appréciable : sa largeur qui ménage les fesses sur les longs parcours sur autoroutes et belles nationales. Sur petites routes plus bosselées en revanche, le réglage d'origine de l'amortisseur, plutôt ferme, limite le confort des lombaires.

Les premiers tours de roue se font en toute décontraction et les premiers carrefours sont abordés sans mauvaise surprise : pour une sportive, la GSX-R1000 se montre prévenante à la fois en termes de mise sur l'angle et de freinage.

De même, si la sélection de la boîte de vitesses se montre un peu rêche de prime abord, il suffit de synchroniser ses actions au régime moteur pour passer les vitesses à la volée et en douceur. On note que l'injection facilite la tâche : réactive et douce à la fois, elle est bien mieux calibrée que celle de la GSX-S1000 !

Testée dans des conditions de roulage optimales (route sèche et températures élevées), la Suzuki n'a pas eu recours à l'ABS. Ce n'est qu'en jouant avec sur un parking désert que Moto-Net.Com a pu observer son excellent comportement.

À l'avant, le système Bosh n'intervient que très tardivement, mettant en exergue le grip des Bridgestone S20 montés d'origine. L'ABS se déclenche plus rapidement à l'arrière - la roue se déleste assez vite sous l'effet du frein avant - mais les réactions sont douces et rassurantes

Pendant son aller-retour au Mans, le Journal moto du Net a eu le loisir de jauger la protection de la GSX-R1000 : elle est finalement meilleure que celle offerte par la GSX-S1000F, grâce à la position de conduite plus penchée sur l'hypersportive que sur la sportive de route. Les pectoraux sont protégés du vent par la bulle, mais les épaules et la tête restent exposés.

Spacieuse, la "mille" Suzuki plaira beaucoup aux grands motards. Il est possible de varier sa position sur la selle, ce qui espace la fréquence des arrêts sur aires d'autoroute. Au besoin, les "routards" peuvent même descendre les repose-pieds et ouvrir l'hydraulique des suspensions (les réglages sont très accessibles sur la fourche, mais moins sur l'amorto).

Sur le sixième rapport, de légères vibrations apparaissent dans les mains et les pieds du pilote juste au-dessus de 100 km/h. Elles se transforment malheureusement en de désagréables grésillements aux alentours de 120 km/h, mais disparaissent lorsque le compteur de vitesse affiche 140 km/h (6000 tr/min).

Sur autoroute, on se cale donc naturellement à "140 compteur", vitesse à laquelle les radars ne se déclenchent pas : ouf ! Ventre posé sur le large réservoir, nez dans la bulle, on fait défiler les bornes en s'ennuyant ferme, certes, mais sans trop fatiguer.

La consommation en carburant n'est pas excessive non plus : un tout petit peu plus de 5 litres aux 100 km en maintenant un 140 de moyenne sur autoroute. En arsouillant sur route, la conso ne dépasse même pas 6 l/100km. Avec 17,5 litres dans le réservoir, les sorties peuvent être longues !

La GSX-R1000 ne dispose pas de jauge à essence, mais son témoin de réserve lumineux et clignotant ne passe pas inaperçu et évitera toute panne sèche. Simultanément, un troisième trip kilométrique se déclenche automatiquement. On aurait préféré un décompte, mais l'ordinateur de bord ne calcule pas la conso...

Le Journal moto du Net n'a malheureusement pas pu calculer la consommation de la Gex sur circuit, les jerricans de Suzuki France étant dénués de graduations. Le comportement de la moto en revanche a pu être étudié lors de cinq sessions de 20 minutes autour du Bugatti... En piste l'artiste !