Essai Scout Sixty : une Indian dans la ville

Le principal atout de cette Sixty est incontestablement son moteur, fabriqué dans l'usine d'Osceola (Wisconsin, USA) mais conçu et développé en collaboration avec un petit atelier basé près de Zurich (Suisse), Swissauto, qui a notamment roulé en GP500 via la MZ Weber GP1 (récoltant deux pole positions en 1999 avec Van den Goorbergh).

Très souple, le V-twin de 999 cc accepte de descendre puis de repartir au ralenti sur le troisième rapport sans hoqueter. L'injection et la transmission - par courroie, what else ? - sont très doux à la coupure comme à la remise des gaz. Les évolutions en ville sont donc grandement facilitées !

En quittant les petites rues glissantes de Marbella, Moto-Net.Com découvre avec étonnement la remarquable allonge du moulin à eau. Grâce à la gâchette du commodo gauche servant traditionnellement à l'appel de phare, MNC fait dérouler les informations de la petite fenêtre digitale...

En complément du témoin de rapport engagé - très lisible - et de l'horloge - beaucoup moins -, il est possible de faire apparaître la température du liquide de refroidissement, le kilométrage total, le trip partiel et, ce qui nous intéresse davantage, le régime moteur...

Moto-Net.Com essore la poignée sans toucher à l'embrayage - un peu dur - ni au sélecteur - à la course un peu longue. Le petit compteur digital affiche 5000, 6000, 7000 et même 8000 tr/min ! Le rupteur intervient avec douceur 250 tours plus haut environ.

La plage d'utilisation naturellement exploitée se situe entre 2000 et 3500 tr/min, mais en mode arsouille le "païlote" peut la décaler de 2000 tr/min afin de bénéficier de relances plus sensationnelles et sans que cela vire à la séance de marteau-piqueur.

Bien que la fiche technique établisse la valeur de couple maxi à 5600 tr/min (88,8 Nm), guidon en mains Moto-Net.Com préfère naviguer entre 3000 et 4500 tr/min, là où le moteur tourne le plus rond et tracte suffisamment fort pour entretenir un très bon rythme.

À partir de 5000 tr/min, des vibrations apparaissent au niveau des repose-pieds. En insistant comme un débile essayeur moto, les grésillements transitent par les genoux et atteignent les mains après les 6000 tr/min... mais ces hauts régimes ne seront pas explorés par la plupart des utilisateurs raisonnables !

La cinquième vitesse - qui correspond à la sixième de la Scout - conserve son rôle d'over-drive : à 3000 tr/min, la Sixty trotte exactement à 90 km/h. Les 120 km/h sont rapidement atteints - et dépassés ! - sans qu'aucune vibration ne vienne déranger le pilote.

La suppression d'un rapport sur la boîte (le cinquième sur la Scout) n'est absolument pas gênante à la conduite, qui s'en trouve même simplifiée puisqu'on se cale plus rapidement sur le dernier rapport ! Pour cruiser, les mi-régimes du 999 cc sont satisfaisants.

Beaucoup de propriétaires considéreront sérieusement l'achat de silencieux... moins "silencieux" que les échappements livrés d'origine ! Bien trop étouffée, la sonorité des pots Indian est couverte par les bruits mécaniques de l'engin et de sa transmission. Franchement pas satisfaisant.

On comprend pourquoi la filiale Polaris France a choisi d'équiper ses propres Sixty de pots Remus, qui figurent dans le catalogue d'accessoires. Grâce à eux, la petite indienne se mue en vraie chanteuse américaine : un vrai bonheur sur les petites routes espagnoles !

Dans les zones urbaines françaises en revanche, il se peut que les pots de la marque allemande se révèlent un peu trop bruyants... Dument homologués, ils risquent en effet de faire pester les voisins moins mélomanes, surtout si la Sixty est utilisée tous les jours...

Équipée de ses pots Remus, le moteur de la Scout Sixty donne toujours envie de mettre un petit coup de gaz supplémentaire... Or qui dit gaz dit vitesse, qui dit vitesse - en virage - dit prise d'angle, et qui dit angle - sur un custom - dit... étincelles !

Acceptable en balade, la garde au sol n'est plus suffisante si on tient à suivre le rythme d'un camarade qui arsouille aux commandes de son roadster... La Sixty, qui se comporte justement bien lorsqu'on la brusque, nous fait savoir en raclant ses repose-pieds qu'il serait bon de rendre la main.

Consciencieux, MNC observe néanmoins qu'il existe une légère marge de manoeuvre : avant que le pot ou la béquille latérale ne se pose par terre, les repose-pieds peuvent se plier légèrement et permettent de remettre un soupçon d'angle afin de passer un virage qui se referme subitement.

Étouffé par ses silencieux d'origine, le bon "petit" V-Twin Indian est donc bridé par la géométrie de la Scout Sixty (identique à la Scout d'origine). Les motards qui espéraient mettre du gros gaz à tous les étages devront donc attendre que la marque sorte une hypothétique "Sport Scout", plus haute sur pattes ?

Ceux qui souhaitent se balader tranquillement sur route, arsouiller gentiment ou parader fièrement en ville seront en revanche pleinement comblés par la Scout Sixty. Proche de la Scout "tout court" en termes de performances, elle permet à son acheteur de conserver un pécule pour la personnalisation.

Cette nouvelle entrée de gamme ajoute un dernier atout à son jeu en bénéficiant, comme toutes les motos Indian et Victory, d'une garantie de cinq ans. Le rapport performance / prix / sérénité devient diablement intéressant... Et il est clair qu'Indian n'est pas prêt d'enterrer la hache de guerre !