Essai pneu moto : Dunlop Sportmax D212 GP Pro

Notre première session sur le circuit de La Ferté-Gaucher se réalise sur une piste piégeuse : sèche à de rares endroits, sa teinte sombre ne facilite pas sa lecture et c'est donc sur un rythme de sénateur hydrophobe que MNC effectue ses premiers tours de Dunlop D212 GP Pro...

Notre S1000RR prudemment réglée en mode "Rain" par notre ouvreur, Axel Maurin, est remarquable de douceur et de facilité : les accélérations et freinages sont dosables au millimètre, ce qui facilite notre redécouverte du tracé francilien.

Certes, les pneus viennent de quitter leur couverture et sont à température. Mais il nous faut encore les rôder ! Or dans ces conditions délicates, l'exercice est loin d'être évident, d'autant que les pneus ne brillent guère sur le "mouillé-séchant"...

La présence d'eau dans la petite chicane après la ligne droite fait invariablement intervenir le contrôle de traction BMW. On s'en doutait : les rares rainures du D212 GP Pro ne suffisent pas pour évacuer la fine pellicule d'eau. Dans la cassure à droite, normalement très rapide, les petites glisses ne présagent rien de bon non plus...

L'après-midi, MNC repart à l'assaut d'une piste enfin sèche aux commandes d'une GSR 750. "Le D212 GP Pro s'est imposé lors du dernier Bol d'Argent avec cette moto", nous signale Francis Audefroy. Essayons donc !

C'est naturellement dans la section nord du parcours, la plus technique, que le duo gagnant est le plus à l'aise. Le roadster Suzuki bénéficie d'une mise sur l'angle franche et rapide qui permet de passer du pif au paf - et au pouf ! - avec une facilité déconcertante.

Sages au début, les prises du frein avant se font de plus en plus tardivement et l'on entrevoit assez rapidement les limites de la GSR "stock" mise à notre disposition. Le train avant s'enfonce beaucoup, si bien que le lâcher de levier doit être progressif pour ne pas nuire à l'équilibre de la moto et à la trajectoire du païlote...

Dans la partie plus roulante du circuit, le nouveau Dunlop séduit par la stabilité qu'il confère à la Suzuki. De plus en plus Marquez marquées, les prises d'angle ne tardent pas à mettre à mal les ergots des repose-pieds, alors que les freins perdent peu à peu en efficacité.

En rentrant aux stands, on découvre que les pneus sont loin d'être usés : la gomme est encore en très bon état et le dernier demi-centimètre sur les flancs est encore vierge. "Le profil du D212 est plus rond que le D211 et ses bords plus abrupts", nous affirme Patrice Omont.

Sportmax D212 GP Pro : ce que MNC a pu constater

Pour attaquer davantage et tenter de martyriser un peu plus le pneu, MNC sélectionne pour sa troisième sortie une GSX-R 750. Bien plus stable que sa frangine GSR, la Gex nous permet notamment de freiner bien plus fort et de constater que le pneu avant dirige parfaitement la moto, même sous une grosse contrainte.

Le caractère agile et facile du Dunlop D212 est de nouveau très appréciable : il permet de trouver instantanément ses marques et d'imprimer un bon rythme très rapidement. Le pneu arrière transmet au sol l'entière puissance du 4-cylindres japonais : la confiance règne !

Le train arrière reste rivé au sol et l'on peut mettre autant de gaz que possible pour se catapulter hors des virages. Dans les grandes courbes du début de parcours, on se plaît à pencher de plus en plus, progressivement, à son rythme.

La grande parabolique du retour est elle aussi excessivement plaisante à négocier aux commandes de la Gex chaussées de D212 : abordée un peu trop vite, on peut garder les freins plus longtemps sur l'angle - comme les vrais pilotes ! - pour rejoindre sans forcer la trajectoire correcte...

Une fois le premier point de corde franchi, on remet les gaz à mesure que s'ouvre la courbe, genou toujours vissé sur le bitume et regard projeté vers le second point de corde qui fait aussi office de point de déclenchement pour l'épingle suivante : non, MNC ne se la joue pas "pilote de GP", c'est Mister Maurin qui nous a montré !

C'est d'ailleurs en compagnie de ce vice-champion de France Supersport 2012 que nous reprenons les commandes d'une S1000RR, en mode "Sport" cette fois ! Le pilote pro se colle à notre roue arrière et nous prodigue de précieux conseils en direct via une liaison radio.

Cette méthode baptisée "duo-run", bien connue et appréciée des stagiaires de la De Radiguès Rider School et des motards participant aux stages BMW Track Experience), est très instructive d'un point de vue pilotage : "tu peux élargir davantage... oui, c'est bien... non, tu dois déclencher plus tôt", nous fait observer Axel.

Elle est également intéressante en ce qui concerne notre essai, puisque le tempo suggéré - mais non imposé ! - par l'instructeur pousse le pneu plus loin dans ses retranchements. Les accélérations surtout, déclenchées de plus en plus tôt, mettent en avant le haut niveau de grip sur l'angle.

Une fois la BMW et son électronique bien en main, on se plaît à essorer franchement la poignée droite alors que la moto est encore inclinée. Retenue lorsqu'elle est sur l'angle, la BMW lâche progressivement - mais sûrement ! - ses 193 chevaux, donnant d'un coup à notre circuit d'essai des airs de piste de karting !

Un pilote essayeur - qui n'a jamais fait de compétition - peut alors se rendre compte que la remise des gaz peut être sacrément franche, même lorsque la moto n'est pas complètement relevée. Un peu haut dessus de ses bottes, MNC élargit dans le double droit précédant la ligne des stands et incite Axel à passer devant à la fin du deuxième tour...

Dans la boucle suivante, notre ouvreur prend soin de décomposer chaque virage, de commenter à la radio ses trajectoires, de valider notre vitesse de passage dans la géniale parabolique et nous fait tout de même tourner en tout juste 2 minutes.

Malheureusement trop large à la sortie du gauche commandant la ligne droite, MNC a le malheur de mordre au-delà du vibreur, dans la bande de gazon... La sanction est fulgurante : pertes éclair de l'avant, de l'arrière, de l'amour propre et du joli cuir Ixon aux couleurs Moto-Net.Com !

Les Dunlop D212 GP Pro sont bien évidemment hors de cause dans cette chute qui a eu raison d'un levier d'embrayage et d'un flanc de carénage de BMW S100RR. Notre instructeur l'est tout autant, car il roulait à un rythme idéal.

Nous lui avons d'ailleurs promis de renouveler l'expérience - sans tomber cette fois -, mais en conservant les Dunlop D212 GP Pro, car MNC n'a pas eu l'occasion d'atteindre leurs limites. Mais le pourrait-on seulement ? Rien n'est moins sûr... Ce pneu s'adresse aux pilotes, aux vrais, à ceux qui chassent le chrono. À vos marques ?

Sportmax D212 GP Pro : les trois dimensions disponibles

• Avant : 120/70 ZR 17 TL
• Arrière : 190/55 ZR 17 TL ou : 200/55 ZR 17 TL