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Sienne (Italie), le 14 novembre 2014

Essai MV Agusta Dragster 800 RR : bon, brute et truand à la fois

Essai MV Agusta Dragster 800 RR : bon, brute et truand à la fois

Comme la Brutale 800, la Dragster 800 se décline en 2015 dans une version RR que Moto-Net.Com a pu essayer sur les - plus ou moins - belles routes de Toscane. Calqué sur le roadster, le muscle bike spaghetti de MV Agusta nous a... décalqués ! Test.

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Dragster 800, rayons RR en action !

Doux et prévenant au ralenti et juste au-dessus, le 3-cylindres de 798 cc accepte volontiers de tourner sous les 3000 tr/min même en 6ème. Il tire fort sur les bras passés les 4000 tr/min en 4ème et devient carrément bestial de 8000 tr/min jusqu'au rupteur (13 200 tr/min) sur les trois premiers rapports.

C'est dans cette dernière situation que la position de conduite du Dragster 800 RR trouve tout son sens : identique à celle du Dragster "standard", l'attitude du pilote est plus figée sur l'avant que sur les Brutale. Un bon point quand on connaît la propension qu'a le "roadsteRRrr" à se cabrer sur sa roue arrière !

Certes, les motards aux grandes gambettes qui ont pour habitude de se reculer sur leur selle pour limiter la flexion de leurs genoux risquent de se sentir un peu prisonnier. Mais on reste calé "dans" la selle de la Dragster, jamais coincé.

En revanche tous les utilisateurs, grands ou petits, dodus ou maigres, reprocheront à la selle son manque de confort. Guère plus épaisse qu'une piadina, elle ne s'affaisse pas d'un nanomètre lorsqu'on s'assoit dessus... tout comme l'amortisseur. Par rapport à la Brutale, la selle de la Dragster RR semble du coup plus haute que ce que laisse supposer le constructeur (respectivement 810 et 811 mm).

Comme sur la Brutale 800 RR (relire notre Essai MNC de la MV Agusta Brutale 800 RR, puisqu'on vous assure que les deux motos partagent le même moteur et la même transmission !), on prend grand plaisir à monter et descendre les vitesses sans recourir au levier gauche grâce au convaincant shifter "Up&Down". Les accélérations et reprises en mode Sport n'en sont que plus efficaces !

Dans cette version "Double R", la Dragster n'est d'ailleurs plus très loin de la puissance maxi affichée par la Diavel (162 ch dans le monde libre). La Ducati a beau profiter d'un couple maxi bien plus généreux (127,5 Nm en full), elle pèse 42 kg de plus que la MV Agusta (respectivement 210 et 168 kg à sec). Moto-Net.Com serait curieux d'opposer ces deux "Muscolo-Bici"...

En attendant cet alléchant duel, MNC continue de cravacher seule la moto de Varese. Identique à la Brutale 800 RR en termes de motorisation - elle est si bonne, pourquoi la modifier ?! -, la Dragster 800 RR en diffère sensiblement au niveau de la tenue de route.

Alors que le roadster a tendance à se désunir mollement sur mauvais revêtement, la faute notamment à un amortisseur insuffisamment freiné hydrauliquement, sa version "muscle-bike" sous stéroïdes fait bloc. Au final, la trajectoire n'est pas mieux conservée, mais les sensations changent radicalement !

Sur le vilain raccord présent pile à l'entrée du virage où s'est posté notre photographe (gloups), l'impact de la roue avant n'est pas suffisamment filtré par la fourche. Celle-ci transmet sans grands ménagements le choc aux jolis demi-guidons... et donc aux bras. L'amortisseur de direction n'est pas là pour décorer !

Le passage de la roue arrière n'est pas plus doux - cette fois, ce sont les fesses qui dégustent -, si bien que la moto élargit en tressaillant. "Vous sentirez la différence entre la Brutale et la Dragster", nous avait prévenu le jeune, beau et grand patron de MV Agusta : "l'une est douce, l'autre est extrême". Il n'y a effectivement pas photo !

Tremblant lui aussi sur les petites routes défoncées, le pilote comprend rapidement que la Dragster 800 RR n'est pas faite pour ce type d'itinéraire bis. Un soupçon moins agile que la Brutale en raison de son pneu arrière de 200 mm, elle se montre surtout bien plus sèche.

Trop réactive sur les bosses en entrée de courbe, la moto est également trop rigide en sortie : le pneu arrière a beau être large, il peine à passer toute la puissance au sol et le contrôle de traction pourtant très permissif finit par brider le moteur, de manière très lisse cependant.

Ce qui correspond bien mieux à la Dragster 800 RR, ce sont les grandes courbes au ruban impeccable dans lesquelles sa rigueur et sa précision font mouche. Dans ces conditions - rencontrées dans la seconde partie du lancement presse des deux "RR" en Toscane -, MNC a pu se rendre compte que la Dragster était bien un monstre (hum) d'efficacité.

Les possesseurs de maxiroadsters ou de sportives, qui ne manqueront pas de ricaner devant le look "m'as-tu-bien-reluqué-de-haut-en-bas" de cette MV, risquent d'être surpris tant ils devront se cracher dans les gants pour la suivre ! "Rira bien qui rira le dernier", pourrait bien devenir la devise des possesseurs de Dragster 800 RR...

Équipée des mêmes disques avant de 320 mm et étriers à quatre pistons et montage radial - Brembo, per favore ! - que la Dragster standard, la RR autorise des freinages de brute, certes, mais pas épaisse : les abords des virages sont toujours finement contrôlés. Là encore, la MV Agusta en étonnera plus d'un !

Le point sur lequel elle ne risque pas de tromper grand monde, en revanche, est le confort : tout à fait capable d'enrouler calmement grâce à son injection parfaitement calibrée et à sa partie cycle légère et intuitive, la Dragster 800 RR ne ménage pas suffisamment son pilote.

Que ce soit sur les pavés et ralentisseurs d'un centre-ville ou sur les bosses et trous des petites routes, le motard ne profite clairement pas des 125 mm de débattement (avant et arrière) annoncés par les Italiens sur leur fiche technique...

Sur voies rapides non plus la Dragster ne convainc guère, à cause des vibrations que l'on sent monter à travers les somptueuses platines d'aluminium du cadre et qui s'installent sous les fesses du pilote... En outre, le volume sonore généré par les échappements finit par étourdir.

Alors que les potentiels clients ne tiendront pas compte de cette sonorité tapageuse - ou plutôt si, puisqu'elle colle à merveille avec l'esprit de cette moto ! -, ils regretteront sans doute la fermeté de l'amortisseur arrière et la finesse de la selle.

"On aurait aimé bénéficier de l'amortisseur de la Brutale sur la Dragster pour gagner en confort", fait remarquer Moto-Net.Com à Brian Gillen, responsable des plateformes 3 et 4-cylindres chez MV Agusta. "Mais c'est bien le cas, seuls les réglages de l'hydraulique diffèrent !", nous rétorque-t-il à la fin de notre roulage.

Pour résumer, ce "muscle bike spaghetti" propose donc un moteur épatant - voire éclatant : self-control exigé ! -, une partie cycle hyper rigoureuse - parfois trop ! -, une électronique et un équipement haut de gamme, le tout pour un tarif très haut placé, surtout au regard de sa moyenne cylindrée. En trois mots donc : ce Dragster 800 RR est à la fois bon, brute et truand. Avis aux amateurs !

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CONDITIONS ET PARCOURS

 
  • Modèle d'origine
  • Parcours : 50 km
  • Routes : petites, sinueuses et défoncées
  • Pneus : Pirelli Diablo Rosso II
  • Conso : non mésurée
  • Problèmes rencontrés : RAS
 
 
 

POINTS FORTS DRAGSTER 800 RR

 
  • Tre Pistonni enchanteur
  • Tenue de (belle) route
  • Look ravageur
 
 
 

POINTS FAIBLES DRAGSTER 800 RR

 
  • Prix très élevé
  • Suspensions et selle dures
  • Pousse-aux-cimes-des-arbres