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Paris, le 18 décembre 2013

Essai moto électrique : H-KER Electric Racer

Essai moto électrique : H-KER Electric Racer

Jamais à court d'idées électrisantes, la sympathique équipe française H-KER surfe sur la vague du vintage avec sa moto de type Café Racer produite à seulement trois exemplaires. Particularité de l'Electric Racer : son moteur électrique ! Premier contact.

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Usine à watts !

En ville, cette gestion extrêmement fine des "gaz" est un véritable atout, d'autant qu'il se cumule à la facilité offerte par l'absence de vitesses à passer : comme sur un scooter, le mode d'emploi est enfantin à assimiler.

Malgré son absence de warning et son rétroviseur placé trop bas pour être efficace, le Café Racer français s'insère avec grâce entre les files. Mais y naviguer se complique très vite, tant le rayon de braquage est élevé (7 mètres selon H-KER) !

En termes de performances, l'Electric Racer souffle le chaud et le froid... Plusieurs départs arrêtés réalisés par MNC aux côtés d'un Honda SH125 confirment notre premier ressenti : malgré ses 35 ch annoncés, la moto n'est pas très vive au démarrage. De 0 à 20 km/h, le scooter Honda par exemple soutient la comparaison à l'accélération, malgré son déficit de 23 ch !

La H-KER pâtit dans cette phase (!) de son poids élevé par rapport à ses performances moteur, avec 160 kg annoncés "toutes charges faites". Mais si les 135 kg tous pleins faits du SH125 lui donnent l'avantage au départ, le couple conséquent (61 Nm) de la moto électrique lui permet de rapidement reprendre - et conserver - l'ascendant.

A partir de 30 km/h, la poussée équivaut à celle d'un bon 300 - voire 400 cc - et ne connaît aucun temps mort jusqu'à 90 km/h. Linéaire mais bigrement costaude, cette montée en puissance procure des relances foudroyantes (!) aux vitesses usuelles.

Sur un revêtement rendu glissant par le froid et l'humidité hivernale, cette bonne dose de couple est même capable de venir à bout de l'adhérence du pneu arrière de 130 mm de large. De fait, la monte en Michelin Sporty (plutôt recommandée pour les petites cylindrées) apparait un peu dépassée par les événements !

A partir de 100 km/h, la courbe de puissance se tasse sensiblement : l'accélération perd de sa vigueur et la lisible aiguille du compteur grappille les graduations suivantes avec moins de célérité. C'est suffisant pour fréquenter une voie rapide et y doubler sans se faire peur, mais guère plus.

Poussée "plein watts" par MNC, l'Electric Racer a atteint une honnête vitesse de pointe de 146 km/h compteur... à laquelle il faut néanmoins retrancher 10 à 12 km/h "d'optimisme" du tachymètre. A cette allure, la stabilité nous a paru bonne, tout comme la capacité à plonger en courbes : les valeurs géométriques retenues par Yves Kerlo (24° d'angle de chasse et 1370 mm d'empattement, notamment) semblent donc pertinentes.

En revanche, la lourde batterie positionnée en hauteur nuit fatalement à la maniabilité, tout comme aux manoeuvres moteur "débranché". Le centre de gravité placé trop haut se fait ressentir lors de changements de direction à basse vitesse, obligeant à fournir un effort que les dimensions générales de la moto ne laissaient pas présager. A ce moment, les demi-guidons s'échangeraient bien contre un guidon droit et plus large pour améliorer le bras de levier !

En courbes, ce phénomène se traduit par une tendance à "engager" et par une certaine lourdeur de l'avant jusqu'au point de corde. Ce phénomène s'amenuise en prenant de la vitesse mais ne disparait jamais complètement.

Au chapitre du freinage enfin, l'Electric Racer jouit de dispositifs aussi puissants que dosables (à l'avant comme à l'arrière), ce qui s'avère être une excellente chose en l'absence de frein moteur ! A noter que pour des raisons de coûts notamment, la moto n'est pas équipée de système de récupération d'énergie au freinage au profit de l'autonomie.

Trois exemplaires seulement !

Concernant l'autonomie justement, il serait possible d'effectuer entre "120 et 130 km" en usage urbain mixte avec la batterie totalement chargée selon Yves Kerlo. Un mode "éco" (actionnable à l'arrêt via un interrupteur situé sur la gauche du cockpit) permet d'allonger cette distance, mais le fonctionnement devient alors désagréable (temps de latence à l'accélération et moteur bridé).

Hélas, malgré notre envie de vérifier concrètement ces importantes données touchant à l'autonomie - le point faible de pratiquement tous les véhicules électriques -, MNC n'a pas eu l'occasion de le faire car cette rapide prise de contact s'est limitée à 60 km, essentiellement en ville !

La jauge indiquant l'autonomie restante sur la droite de l'écran LCD est descendue de quatre barres sur onze au terme de ce premier essai. Le concepteur de cette étonnante Electric Racer nous confiera que le kilométrage chute rapidement lorsque le moteur est maintenu à plein régime : jusqu'à 90/100 km/h, la consommation d'électricité reste raisonnable, au-delà "elle explose", avoue Yves Kerlo.

Une fois à plat, la batterie du "E-Café Racer" se recharge directement sur une prise domestique (220 V / 16 A) grâce à un câble prévu à cet effet rangé sous la selle. L'occasion de noter que cette "rallonge" prend pratiquement toute la place disponible sous la selle, et qu'elle est surtout installée à la "va-comme-je-te-pousse" : sur une moto facturée 16 900 euros, un enrouleur de câble aurait été bienvenu !

Reste que ce système simplifie l'opération de recharge, contrairement à d'autres qui demandent de démonter la batterie et de la brancher chez soi : pratique lorsqu'on habite au cinquième sans ascenseur ! Mais inversement, cette moto "à fil" demande de posséder une prise à proximité de son garage - ce qui est interdit par de nombreux syndics dans les immeubles d'habitation - ou de son lieu de travail...

Une fois le branchement effectué, la charge de la batterie peut se suivre via de petites diodes visibles à travers une fenêtre sur le flanc gauche du réservoir. Inutile cependant d'espérer des miracles sur ce point : il faut compter neuf heures pour une recharge complète, sachant qu'il est possible de recharger à tous moments car la batterie n'a pas "d'effet mémoire".

Ce conséquent temps de charge peut-être divisé par deux en optant pour un chargeur additionnel, à condition de disposer de deux prises de courant et d'ajouter 500 euros supplémentaires au prix d'achat.

Cependant, si le tarif et les contraintes paraissent dissuasifs, rappelons que cette moto est le fruit du labeur d'artisans français passionnés qui tentent d'apporter leur pierre à l'édifice avec beaucoup de bonne volonté et des moyens limités.

L'Electric Racer est une moto électrique non seulement plutôt performante mais aussi très rare : seulement trois exemplaires ont été construits avant que le fournisseur de batteries fasse faux bond à H-KER, ce qui implique qu'il n'est désormais plus possible de construire un modèle strictement similaire. Ça, c'est de la série limitée "branchée" !

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