Essai KTM 1290 Super Adventure : monumen-trail !

La comparaison entre les deux "méga-maxi-trails" d'outre-Rhin étant inévitable, il est intéressant de noter que la BMW R1200GS Adventure avoue une dizaine de kilos supplémentaires, à capacité de réservoir égale : 260 kg contre 249 tous pleins faits pour la 1290 Super Adventure. La pratique transmission finale par cardan de l'allemande (chaîne sur l'autrichienne) explique - et excuse - en partie cet écart.

Par ailleurs, et c'est plus surprenant, la BMW est sensiblement moins chère : 17 250 € contre 17 995 €, soit quasiment 750 euros à l'avantage de la "Géhesse". La marque Orange tient-elle à "presser" ses adeptes ? Pas du tout : la Super Adventure affiche en réalité une dotation d'origine incroyablement fournie qui explique son prix élevé. En clair, son tarif est certes supérieur, mais son rapport "prix-équipements" est plus avantageux.

De série, l'autrichienne reçoit un véritable ordinateur de bord commandé depuis le guidon (pression des pneus, consommation, jauge et autonomie d'essence, températures air et huile, rapport engagé, deux trips, etc.), une béquille centrale assez facile à utiliser, une prise 12 V pratique car bien placée (à gauche de l'instrumentation), des pares-mains, des poignées et des selles chauffantes (depuis les menus à l'avant, via une commande déportée sur le flanc arrière droit pour le passager), un régulateur de vitesse, un contrôle de traction et un ABS tous deux paramétrables et désactivables...

Cette liste particulièrement impressionnante comprend aussi un vide-poche sur la droite du tableau de bord, juste assez grand pour recevoir une carte bancaire ou une télécommande de parking. Certes, cet espace de rangement ne ferme pas à clé et son ouverture n'est pas des plus pratiques, mais sa présence sur un maxi-trail est suffisamment rare pour être soulignée et appréciée !

Mentionnons aussi la présence de leviers réglables en écartement et de suspensions semi-actives WP - marque appartenant à KTM - qui permettent de paramétrer la précharge (solo, solo chargé, duo et duo chargé) et de définir les réactions hydrauliques selon quatre lois préprogrammées (Confort, Street, Sport et Off-road). Accessibles depuis le guidon, ces réglages s'affinent ensuite en temps réel en fonction de l'état de la route et des contraintes exercées sur la moto (durcissement au freinage pour contrer le transfert sur l'avant, par exemple).

La hauteur de selle est réglable sur deux niveaux grâce à un système de cales (photo ci-dessus). L'opération demande toutefois de l'attention car cette assise dure - faute d'épaisseur de rembourrage suffisante - est pourvue de glissières sur l'avant, qu'il n'est pas toujours évident d'enclencher dans les ergots fixés à cet effet sur le réservoir...

L'occasion de constater que même réglée au plus bas, la selle culmine à une hauteur considérable de 860 mm (875 mm en position haute). Associée à l'encombrement important du réservoir - malgré ses évidements prononcés pour caser les genoux - cette hauteur complique l'accès à la moto : en dessous d'1m80, impossible de poser les pieds à plat au sol ! Le guidon large - mais bien dessiné - est lui aussi favorable aux grands gabarits.

Enfin, la 1290 Super Adventure est la première moto à recevoir de série un dispositif d'éclairage conçu pour améliorer la visibilité en courbes. Inspiré de l'automobile, ce système repose sur des feux additionnels installés en haut des flancs de carénages : en fonction de l'inclinaison de la moto, plusieurs rangées de LED s'illuminent (la première dès 10°, la deuxième à 20° et les trois à 30°).

Testée de nuit et sous la pluie par MNC, cette ingénieuse fonction est plutôt efficace, éclairant une partie non négligeable du sol et du bas-côté à l'intérieur des virages. Pour ne rien gâcher, l'optique avant délivre un large et très puissant faisceau, en plus d'être encadrée de LED dans sa partie basse pour assurer un éclairage diurne. Des LED que l'on retrouve aussi dans les clignotants avant et arrière.

Bref, la KTM est un maxi-trail "maxi-équipé" ! Ce statut haut de gamme est mis en valeur par une qualité de fabrication d'excellente facture et le sentiment général de robustesse renvoyé par les matériaux utilisés. Seul l'emploi d'un court sabot moteur en plastique prête le flanc à la critique sur ce type de moto...

Cet "oubli" est d'autant plus regrettable que KTM valorise en parallèle son immense savoir-faire en tout-terrain via quelques caractéristiques typiques : les repose-pieds crantés recouverts d'une cale en caoutchouc amovible (avec outil) en sont un exemple, tout comme l'inesthétique mais pratique durit sur la gauche du moteur qui permet de faire facilement l'appoint d'huile.