Essai KTM 1190 Adventure : de l'ora(n)ge chez les maxitrails !

En action, permuter entre les modes de conduite ne procure pas de grandes différences sur le plan des performances ou de la réponse à la poignée de gaz "électronique". Seul les choix "pluie" et "tout-terrain" lissent sensiblement les accélérations et se montrent en toute logique plus doux, puisque la puissance y est réduite à 100 ch.

Autre aspect sur lequel ces modes interviennent : la sensibilité de l'anti-patinage. Très active en mode "pluie", l'intervention est repoussée en "sport", afin de ne pas exagérément brider la moto en sortie de courbes. Étant donné que la 1190 Adventure jouit d'une bonne motricité grâce à sa partie cycle bien conçue et ses excellents pneus (Continental ContiTrail Attack 2K), le voyant jaune signalant son entrée en action ne clignote pas souvent.

En mode "street", l'intégralité de la puissance est conservée, mais le traction control se déclenche plus tôt, de manière préventive. Enfin, en mode "off-road", le patinage est autorisé jusqu'à 100%, c'est-à-dire que la roue arrière peut tourner deux fois plus vite que l'avant. Sur la terre, les plus aguerris apprécieront par ailleurs que l'anti-patinage et l'ABS soient tous deux déconnectables à tout moment.

Quel que soit le mode engagé, le LC8 de 1195 cc s'acquitte avec une bonne volonté évidente de toutes les utilisations. Bien secondée par une commande d'embrayage hydraulique, la boîte de vitesses remplit quant à elle parfaitement son office : elle est rapide, précise et bien étagée.

L'accélérateur "à puces et sans câble" a le bon goût de se faire oublier, ce qui n'est pas toujours le cas d'autres motos équipées de "ride by wire". Autre aspect positif : l'embrayage est doté en série d'un anti-dribble efficace.

Le voyage à la sauce KTM...

Une KTM, vous avez beau lui coller un grand pare-brise et des valoches, ça reste généralement assez fun, quitte à sacrifier quelques points de confort. Et cette 1190 Adventure ne fait pas exception à la règle : elle parvient à concilier le confort et la polyvalence - hormis en off-road - d'une 990 Adventure avec le fun d'une 990 SMT.

Certes, sa selle devient rapidement inconfortable et sa bulle n'offre pas le même degré de protection que les meilleures de ses concurrentes, mais son potentiel dynamique efface en grande partie ces menus défauts.

Agilité, vivacité, stabilité : le cocktail obtenu est incroyablement savoureux, quel que soit le type de routes. Même sous la pluie, l'équilibre du châssis et la confiance dans l'électronique incitent à faire le pitre !

En revanche, le débattement important allié à une retenue hydraulique insuffisante en début de course occasionnent d'importants transferts de masse, même en optant pour le réglage électronique de suspensions le plus ferme.

La moto plonge au freinage et se tasse lors des grosses accélérations : cela surprend au début, jusqu'au moment où l'on constate que ce trait de caractère déjà sensible sur la 990 Adventure n'a finalement que peu d'impact sur l'efficacité globale.

Le fonctionnement du freinage colle au programme visé : moins mordant que bon nombre de motos de la marque Orange, ce dispositif Brembo n'en assure pas moins des ralentissements redoutables et finement gérables. Un dernier point précieux en conduite coulée et en duo, ainsi que lors d'excursions "hors piste".

En gagnant trois litres de contenance par rapport à la 990, le réservoir de la 1190 Adventure permet de tabler sur 300 km d'autonomie sans stresser et à une allure soutenue.

MNC a ainsi mesuré une consommation moyenne de 6,26 l/100 km, sur plus de 1 500 km parcourus à bon rythme avec les valises chargées. Compte tenu du gabarit de la moto et de la pêche de son moteur, ce résultat est assez correct.

Mais si la 1190 Adventure est capable de longues étapes 300 km, il n'en sera pas de même pour votre séant qui rendra les armes bien avant ! La faute à un confort de selle franchement moyen : l'assise est trop fine et les arrêtes saillantes "mâchent" l'intérieur des cuisses. L'invité(e) est à ce niveau mieux loti(e), mais un top-case pour l'aider à ne pas s'envoler à l'accélération ne sera pas de trop !

Verdict : du bon sens et un zest d'orange !

Hormis quelques problèmes de jeunesse faciles à résoudre (béquilles, valises et confort de selle en particulier), la nouvelle 1190 Adventure est fort bien née. Et si elle s'éloigne un peu des pistes sablonneuses, c'est pour mieux dévorer goulûment les rubans d'asphalte !

Son bicylindre évolue indéniablement dans le bon sens et contribue à renforcer l'agrément de conduite de cette KTM. Au final, à l'instar de beaucoup de modèles au sein de l'offre autrichienne, la nouvelle "Orange" vous colle la "banane" à chaque instant. Sauf peut-être au moment de régler l'addition...

Nettement plus chère que la précédente Adventure (environ 1000 euros de plus), la 1190 Adventure justifie cette inflation par sa refonte moteur complète - et réussie -, ainsi que par son équipement plus important et plus sophistiqué.

A ce niveau, l'augmentation reste correcte. D'autant que dans cette catégorie, des motos à partir de 13 995 euros aussi richement équipées (ABS combiné, modes de conduites, anti-patinage et contrôle de stabilité et d'adhérence Bosch MSC sur les millésimes 2014) sont aussi rares qu'une voie rapide française sans radar !

En revanche, comme sur la plupart de ses concurrentes, l'addition monte très vite dès que l'on se tourne vers des options fréquemment demandées dans ce segment : valises, poignées chauffantes et suspensions pilotées. Sans oublier les équipements optionnels pratiquement indispensables (béquille centrale, selle confort) pour ce maxitrail dépourvu de cardan et dont l'assise finit par tanner le fessier...