Non, Honda ne se lance pas dans la production de films X en 2011 mais décline sa VFR800 dans une version ''X'' baptisée Crossrunner. Un mois avant son arrivée en concession, Moto-Net.Com a eu la chance de la chevaucher sous le soleil des Baléares. Essai.
Pour autant, la Crossrunner ne tourne pas complètement le dos à l'off-road qui jouit d'une belle cote auprès des motards français, que ce soit dans la moto avec une certaine "GS" notamment, ou dans l'auto avec les innombrables modèles "Crossover".
Preuve que la marque ailée souhaite planer sur cette tendance ? Elle a choisi pour les deux jantes de 17 pouces de sa Crossrunner - les mêmes que celles de la VFR800 - une monte d'origine typée tout-terrain : les Pirelli Scorpion Trail (lire notre Essai MNC du 22 juillet 2008 : le Scorpion qui déménage !).
"Pourquoi avoir choisi ces pneus ? Pour le look principalement", nous répond d'ailleurs sans ambiguïté Yosuke Hasegawa. Néanmoins, conscients que les escapades de leur clients sur les chemins se limiteront à quelques centaines de mètres histoire d'atteindre un point de vue imprenable ou la table d'un restaurant reculé, les Japonais ont demandé aux Italiens de modifier leur pneu au profil pourtant déjà très routier.
Des pneus trail pour le look
"La moto se voulait polyvalente, agile comme un roadster et excitante à piloter, un peu baroudeuse dans l'âme et rapide. Nous avons donc adapté le Scorpion Trail en fonction : plus de stabilité à haute vitesse, d'endurance, de feeling sportif, mais en conservant l'aspect off-road", précise un responsable de Pirelli.
Outre le dessin et la carcasse légèrement revus, le Scorpion Trail de la Crossrunner innove en adoptant une composition bigomme (une dure au centre, une plus tendre sur les flancs) : "pour un pneu de type "Adventure", il s'agit d'une première", garantit le fabricant italien. De quoi mettre de l'angle sans retenue et profiter à plein des 101,8 chevaux et 72,8 Nm développés par le V4 Honda dans chaque bout droit ?
La partie arrière de la VFR800 a été totalement remplacée afin d'améliorer le sort du passager : bien moins haute (de 56 mm par rapport à la VFR800), sa selle lui permet de faire corps avec le pilote. En outre, Moto-Net.Com a pu vérifier qu'elle dispensait le conducteur de lever excessivement la jambe au moment d'enfourcher la moto.
Les motards expérimentés
Ces derniers points seront d'ailleurs fortement appréciés par la deuxième famille de motards ouvertement visée par Honda : celle des quadras/quinquas qui, lassés par leurs hypersportives - ou leurs VFR ?! -, leurs grosses routières ou leurs maxiscooters à la mode, sont à la recherche d'une "routière confortable et efficace".
Pour combler ces vieux croûtons motards expérimentés, la Crossrunner offre une position de conduite tout à fait agréable. La selle juchée à 816 mm permet aux plus petits de frôler le sol des deux côtés, tandis que le guidon haut et large se saisit sans avoir à pencher le buste. Rien à voir donc avec l'accueil de la VFR800 !
Les pilotes plus grands poseront sans problème les deux talons par terre et caseront tout aussi facilement leurs cuisses et genoux autour du réservoir et du carénage. Les grands pieds - chaussés de grandes bottes - seront un peu plus à l'étroit à cause des repose-pieds passager, mais la gêne n'est pas trop importante.
Malgré la présence des radiateurs latéraux - "on ne les place pas en position frontale afin de limiter l'empattement", nous révèle un responsable Honda Europe -, la largeur de la moto demeure raisonnable : la compacité du V4 n'est pas une vue de l'esprit !
Compacité du V4
Autre très bon point à souligner : la position très haute du compteur qui évite d'avoir à trop baisser le regard. Dommage en revanche que le bloc hérité de la Hornet 2011 soit si petit : vu sous cet angle, le régime moteur devient littéralement illisible !
L'affichage de la vitesse en gros caractère ne pose pas de problèmes, mais celui des infos secondaires est bien moins évident. Dommage, car mis à part le rapport engagé, toutes les données dont les rouleurs raffolent sont indiquées : totalisateur kilométrique, deux trips partiels, température moteur, horloge et même la consommation instantanée et moyenne.
De même, on s'étonne que la finition de l'extérieur du compteur laisse tant à désirer : les plastiques ne s'assemblent pas proprement. La remarque est également valable pour l'habillage du guidon ainsi que pour l'ajustage du carénage au niveau du réservoir...
"Les Crossrunner que vous essayez sont des modèles de présérie, ce qui peut expliquer la finition perfectible de certains éléments", réagit Sébastien Pernel, responsable des relations presse chez Honda France.
Espérons que la "VFR800X", produite à l'usine de Kumamoto au Japon, sera au final aussi soigneusement assemblée que sa grande soeur VFR1200. Il n'y a pas de raison : les 10990 € de la Crossrunner doivent se justifier !
La partie cycle et le moteur d'une routière diablement sportive !
Petite subtilité à prendre en compte avant de se lancer à l'assaut des routes et des rues : comme sur la VFR1200, l'avertisseur sonore se situe au dessus - et non au dessous comme le veut la tradition - du bouton des clignotants. Les concerts de klaxon aux abords des premiers ronds-points lors de cet essai à Palma de Majorque ont montré que les réflexes sont parfois durs à contrarier !
Motards "dormants" OK, motards "assagis" c'est fait... Mais quelle est donc cette troisième famille que vise la nouvelle Honda Crossrunner ? "Celle des jeunes trentenaires qui souhaitent monter en cylindrée et attachent beaucoup d'importance à la performance, à la facilité et à l'efficacité", résume le numéro un mondial.
Car si la Crossrunner chausse des Pirelli Scorpion Trail avant tout pour "faire joli", le fait que les pneus italiens soient spécifiquement équipés de la technologie bigomme suffit à rappeler que derrière sa bouille rassurante se cache la partie cycle et le moteur d'une routière diablement sportive !
Les jeunes trentenaires
Des arguments qui tenteront de faire mouche auprès d'une clientèle de "d'jeuns", également très sensibles au look de leur moto. Hautement subjectif, cet aspect pourra être longuement débattu dans les commentaires au bas de cet essai.
Plus objectivement en revanche, on peut regretter que Honda ne propose pas la Crossrunner dans un coloris plus "flashy" ou une déco plus recherchée que le noir, blanc ou rouge de cette première salve 2011. En 2012, peut-être ?
De même, certain regretteront l'échappement de la routière... Placé sous la selle sur la VFR, le pot chauffe un peu trop les fesses certes, mais dégage la vue sur la jante arrière à 5 bâtons particulièrement classe ! La Crossrunner ne profite pas du même appendice. Heureusement, la finition du gros silencieux est irréprochable.
Comment la nouvelle ergonomie, les débattements plus profonds, la chausse "off-road" et les modifications apportées au V4 influent-ils sur le comportement de la VFR800 ? Cette version "X", difficilement classable bien qu'elle figure dans la famille des "Trails" dans le catalogue Honda, répond-t-elle aux attentes d'une majorité de motards ?
Ce premier essai dynamique sur les petites et grandes routes et sous le soleil de Palma de Majorque a permis à Moto-Net.Com d'établir un premier constat.
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CONDITIONS ET PARCOURS |
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Commentaires
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