Essai Honda CRF250L : un petit trail au pays des grands

La position de conduite est des plus agréables : le buste est parfaitement droit, les bras sont posés tout naturellement sur le large guidon, les cuisses sont serrées contre le réservoir hyper fin et les bottes sont posés sur les repose-pieds au style cross empêchant toute glissade impromptue.

Le moteur de la CRF250L émane un son mécanique relativement quelconque pour le pilote, mais les monocylindres des collègues placés devant laissent échapper via leur échappement une mélodie plus séduisante. Pour une moto "basique", la sonorité fait bonne impression !

La commande d'embrayage est tout aussi engageante : hyper douce, elle ne manque pas de progressivité et permet de faire décoller sans problème la légère moto. La sélection au pied gauche est un peu plus dure, mais d'une manière générale l'ensemble boîte et transmission conquiert instantanément.

La selle en revanche laisse très vite "de marbre"... Très fine pour faciliter l'accès aux plus petits (attention quand même aux moins d'1,70 m), l'assise n'est pas suffisamment rembourrée. Au bout d'une demi-heure seulement, le fessier commence à lancer...

Fort heureusement, le mal ne s'étend pas aux lombaires : les suspensions, molles à souhait, absorbent tous les chocs ! Même les ralentisseurs les plus accusés de Noirmoutier - où se déroule notre prise de contact - sont abordés avec décontraction par le pilote, qui n'a nul besoin de se camper sur ses deux jambes.

La conduite en ville est encore facilitée par l'excellent rayon de braquage de la CRF250L, par la très bonne vue dans les rétroviseurs et par la disponibilité très appréciable du monocylindre ! Dès le ralenti, le 250 cc accepte de tracter sur les premiers rapports et évite de trop jouer de la boîte.

Les "commuters" regretteront toutefois l'absence de warning, de porte-bagages et de top case... "La CRF250L dispose d'origine de quatre ergots pour arrimer un sac", rétorque Honda France dont le catalogue d'accessoires pour la CRF250L se limite essentiellement à un filet de transport et à trois bouchons de remplissage siglés HRC...

"Il existe effectivement un porte-paquets pour cette moto, mais étant donné les faibles volumes de ventes en France nous ne l'importerons pas", nous précise également Bruno Skotnicki. Côté - pas - pratique toujours, seule la trousse à outils trouve sa place dans la trappe située sous la selle passager à gauche.

Les gros rouleurs seront néanmoins heureux d'apprendre qu'après la première visite prévue au bout de 1000 km (profitez-en pour demander un petit réglage de la précharge au besoin !), les révisions sont ensuite espacées tous les 12 000 km. Le changement de la bougie Iridium n'intervient lui qu'au bout de 48 000 km, soit un bon tour du monde !

D'un point de vue dynamique, les jeunes motards - ou ceux qui n'ont jamais posé leur séant sur un trail - seront légèrement déstabilisé au début : la roue de 21 pouces chaussée de ses gommes à tétines génère une résistance à la mise sur l'angle que le poids limité de la moto ne laissait pas augurer en montant dessus.

Que ce soit pour négocier les ronds-points du centre de Nantes ou la superbe enfilade de virages menant au centre de pilotage Merel Off Road, la CRF250L demande un certain engagement des épaules sur les changements d'angle.

De même, l'attaque volontairement limitée du frein avant exige de la poigne au moment de céder la priorité à un tracteur faisant irruption sur la droite au détour d'un champ...

Sur petites routes néanmoins, une fois le mode d'emploi intégré, le petit trail se montre parfaitement à l'aise. Après la petite résistance au niveau de la direction, la CRF250L plonge allègrement dans les courbes et fait preuve d'une stabilité rassurante.

Son moteur très souple permet de sortir tranquillement des village sur le 6ème rapport. Pour bénéficier de reprises un peu plus pêchues, il est nécessaire de tomber deux ou trois vitesses. Et le caractère linéaire des montées en régime permet de se passer complètement du compte-tours.

L'allonge du mono est surprenante, mais l'on se rend compte à mesure que les kilomètres de sale baston petite balade défilent qu'il est parfaitement inutile de tirer les rapports au maximum. Les premières et discrètes vibrations du moteur semblent être un bon repère pour enclencher la vitesse suivante.

Sur terrain privé, MNC a toutefois eu la possibilité d'essorer la poignée : à fond de six, le compteur de la CRF250L a affiché 151 km/h. Les liaisons sur autoroute ne font donc pas peur à cette nouvelle moto... mais un peu plus à son propriétaire étant donné l'absence totale de protection !

La CRF250L n'a pas été conçue pour avaler de très grandes distances : bien que son autonomie théorique atteigne les 250 km, les responsables de Honda France nous avouent que le petit trail retournera à la pompe bien plus tôt, "au bout de 180 voire 160 km selon l'utilisation".

De même, si le duo est envisageable sur de courtes distances, la cohabitation au niveau des pieds peut poser problèmes tandis que le confort trop limité de la selle ne plaira pas à sa moitié.

Facile en ville donc, efficace sur petites routes, capable sur voies rapides, la CRF250L s'est également montrée très dégourdie sur le vaste terrain de jeu du charismatique Michel Merel et des ses graines de champions de l'EC2M ! Parmi eux notamment, un certain Jérémy Carpentier...

Champion de France 2011 d'enduro en catégorie Espoir 125 cc, "G'Rem" s'est improvisé - avec brio ! - ouvreur officiel pendant cet essai presse(é). Difficile à suivre sur route, le loustic de 18 ans nous a permis de juger du potentiel de la nouvelle Honda en off-road...

Alors que Moto-Net.Com s'est contenté de s'amuser à un tout petit niveau au guidon de la CRF250L, Jérémy s'est amusé à démontrer que rien ne résistait à une Honda de cross, pas même à cette version "L" !

Dérapages, glisses, sauts, franchissements : "Monsieur" Carpentier a passé en revue toutes les figures de base de la conduite tout-terrain. À le voir évoluer, le nouveau trail de Honda ne semblait peser plus qu'une vingtaine de kilos !

Au final, on retiendra que cette CRF250L est parfaitement capable de vadrouiller à travers champs, voire d'initier son pilote aux premières joies de l'enduro. "Il n'en faudrait pas beaucoup pour en faire une machine d'initiation chez nous", remarque d'ailleurs le coach Michel Merel.

Proposée 100 euros plus cher que sa cousine CBR250R, la CRF250L (affichée à 4090 €) coûte moitié moins cher que les motos de cross de la marque, non homologuées sur route. Les amateurs de balades bucoliques peuvent encore hésiter avec la KLX 250, mais la Kawasaki coûte 1000 euros de plus que la Honda : avantage CRF !