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Paris, le 6 avril 2021

Essai Harley-Davidson Sport Glide 2021 : cruiser ou bagger, pourquoi choisir ?

Grâce à sa tête de fourche et ses valises démontables en un tournemain, la Sport Glide concentre une polyvalence aussi appréciable qu'appréciée : cette moto "deux-en-un" est la meilleure vente de Harley-Davidson en France ! MNC a brièvement testé cette référence de la gamme Softail, par ailleurs accessible aux permis A2. Essai.

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Essai Sport Glide page 1 : quatre décennies de Softail

Bientôt 40 ans que la gamme Softail se distingue avec sa suspension arrière dissimulée pour feindre un châssis rigide "à l'ancienne", façon habile aussi de préserver la pureté visuelle de la poupe avec un certain confort. La toute première Softail Standard "FXST" - dessinée par Willie G. Davidson - remonte à 1984, succès à la clé : les ventes grimpent cette année-là de "30%", nous informe le nouveau directeur général de Harley-Davidson France, Christophe Couet

Cet ingénieux concept connaît sa plus grosse mutation en 2018  : MNC avait à l'époque pu apprécier les indéniables progrès de cette nouvelle génération, notamment en matière de rigueur du cadre, du freinage et de l'amortissement. Efficacité et agrément sont en nette hausse depuis la greffe d'une nouvelle fourche Showa à double valves et d'un mono-amortisseur désormais placé sous la selle à l'horizontale.

Sur la Sport Glide ici testée, cet amortisseur reçoit une molette déportée sur le flanc droit pour ajuster la précharge sans outils : pratique. Cette astuce digne d'une vraie GT renforce les prédispositions routières de ce "cruiser-bagger" par ailleurs équipé d'un régulateur de vitesse, d'un démarrage sans clé, d'une prise USB et d'un beau compteur de vitesse à aiguille cerclé de chrome. 

 

Juste en dessous, un écran LCD de 5 pouces commandé à main gauche renseigne sur le rapport engagé, le kilométrage, le niveau d'essence, l'heure, l'autonomie et le régime moteur. L'ensemble est classé de manière cohérente et se lit facilement, même en plein soleil. Prometteuse cette Sport Glide, quand bien même elle ne reçoit aucune évolution pour 2021 hormis de nouvelles options de coloris.

L'examen des détails est tout aussi satisfaisant grâce à une finition aux standards de la marque, c'est-à-dire soignée voire stylée. Le poste de conduite sans câble apparent est un régal pour les yeux, tout comme les bâtons usinés de la jante avant de 18" et les ailettes polies du bicylindre en V de 1746 cc, le "Milwaukee-Eight 107" (pour 107 cubics Inches).

L'épaisseur et la qualité de la sellerie cuir s'inscrivent dans ce registre, ainsi que l'élégant réservoir de 18,9 litres. L'optique à LED - très lumineuse - apporte par ailleurs une touche de modernité qui fait écho à l'éclairage arrière minimaliste propre aux Softail : les diodes rouges des feux stop et de position sont astucieusement intégrées aux clignotants ! La classe.

En selle sur la Sport Glide

La position est agréable sur cette Sport Glide avec une ergonomie cohérente avec sa vocation routière. Le guidon en métal massif s'attrappe aisément grâce à ses extrémités recourbées, sans induire d'écartement exagéré des bras. A l'inverse, les leviers - non réglables - sont difficiles à appréhender avec des petites mains, comme souvent chez H-D.

 

Le buste est légèrement basculé sur l'arrière, juste ce qu'il faut pour caler confortablement ses reins dans le "dossier" aménagé à cet effet par la surélévation de la selle pilote et l'extrémité de la selle passager. Le confort d'assise est correct sur cette selle large et plutôt moelleuse, mais la brièveté de ce test - 110 km en boucle - ne nous permet pas de nous prononcer sur son maintien dans le temps.

Les jambes sont tendues loin vers l'avant sur des cales-pieds recouverts de caoutchouc, là où des marches-pieds se seraient montrés plus accueillants. Pédales de frein et sélecteur tombent naturellement sous la botte, tandis que MNC apprécie à sa juste valeur le maintien des commandes des klignotants séparées de chaque côté du guidon, comme sur les anciennes BMW. Question de goût, sans doute.

Aucun défaut majeur n'est au final à signaler à l'exception du couvercle de filtre air frappé du "107" qui vient buter dans le mollet droit, voire le genou selon la morphologie. Ce désagrément commun à toute la gamme s'accompagne par ailleurs de remontées de chaleur du cylindre arrière sur la cuisse droite. Pas dérangeant en rase campagne par 20°C, mais beaucoup plus en centre-ville avec dix degrés supplémentaires !

Pratique et protection : courtes escapades privilégiées

La plus-value de cette Sport Glide tient à son habillage démontable sans outils sur la partie avant, qui s'étend généreusement autour du phare. Ce système bien fichu - via des pinces faciles à manipuler entre les tés de fourche - permet de passer en un clin d'une moto semi-carénée à un véritable "cruiser" vierge de tout habillage sur la proue.

 

Cette modularité s'étend à l'arrière puisque les deux valises rigides installées de série peuvent également être ôtées en un tournemain, sans défigurer la moto grâce aux fixations de bagages esthétiquement intégrées. Démonter le tout demande environ une minute avec un peu d'habitude, à peine plus pour tout remettre en place.

Astucieux, ce concept de "deux motos en une" pourrait cependant être davantage exploité pour réellement accéder à la polyvalence attendue. La protection prodiguée par la tête de fourche se révèle notamment limitée au buste et à peine le premier tiers du casque, faute d'un saut de vent digne de ce nom.

Harley nous rétorque que le format volontairement court de cet élément teinté préserve le look de son "Bagger"... Certes, mais il ne préserve pas suffisamment des turbulences surtout sur voies rapides ! Un pare-brise réglable sur quelques centimètres résolverait efficacement cette lacune, et ce n'est pas la place qui manque pour l'installer dans ce carénage amovible.

 

"Une version avec pare-brise haut est proposée en option", nous fait remarquer la Motor Company, qui s'y connaît particulièrement en matière d'accessoirisation de ses motos ! Certains tiqueront néanmoins à l'idée d'avoir à remettre la main à la poche après avoir déjà déboursé 19 190 euros pour cette Sport Glide... 

Autre limite imposée par le style : la contenance des sacoches rigides. Impossible d'y loger un casque ou un gros sac à dos. La rançon de leur format étroit pour s'inscrire dans la silhouette de la moto, sans élargir l'arrière. Avantage : Sport Glide se faufile facilement dans le flot de circulation, aspect plus problématique avec des valises volumineuses.

Les escapades d'un week-end devront cependant tenir compte de la capacité d'emport de ces valises, dont l'ouverture du haut vers le bas est par ailleurs limitée par un vérin. Des chaussures, une bouteille d'eau et quelques effets peu volumineux y trouvent leur place, mais guère plus...

Le plus petit des moteurs Harley a de la ressource !

Aussi incroyable que cela puisse paraître, le Milwaukee-Eight - pour 8 soupapes - de 1746 cc de cette Sport Glide est à ce jour la plus faible cylindrée chez Harley-Davidson ! La faute aux normes Euro5 qui ont sonné le glas de nombreux modèles, certains par manque de succès - Street 750 -, d'autres à cause des difficultés à adapter leur mécanique aux nouvelles exigences.

 

Les emblématiques Sportster ont ainsi quitté le catalogue en laissant un trou béant et une offre limitée en matière de cylindrée : finis les bons vieux twin refroidis par air de 883 cc et 1202 cc, jusqu'ici les entrées de gamme taillées pour les permis A2. "Les Sportster représentaient entre 30 et 35% des ventes", reconnaît le directeur de Harley-France.

"La rationalisation de la gamme et la réorganisation en interne sont passées par là", justifie Christophe Couet, alors que l'offre de motos éligibles A2 passe de 18 à...3 ! Seules cette Sport Glide, la Softail Standard et la Slim sont accessibles aux nouveaux permis : trois motos d'1,7 l de cylindrée et de 300 kg, soit une cinquantaine de plus qu'une Iron 883. On a connu mieux pour les débutant(e)s...

Face à notre étonnement, le directeur de la division moto de Harley-France précise que "seulement deux pays font du volume en A2 : la France et l'Espagne. La volonté de H-D n'est pas d'abandonner le A2 : c'est une période de transition", assure-t-il, alors que MNC fait remarquer que le retrait des Street 750 remet aussi en cause le partenariat avec le réseau CER...

 

Toujours est-il que le bloc longue course de la Sport Glide (100 x 111 mm) sied remarquablement bien à cette moto polyvalente. MNC retrouve avec plaisir les trépidations caractéristiques du "107" au ralenti, ainsi que son "potato" certes étouffé par les normes mais encore suffisamment prononcé pour identifier sans doute possible le cultissime V-twin à 45°.

L'accélérateur électronique Ride-by-wire (mais oui !) réunit toujours agrément et précision, tandis que la transmission finale par courroie est vierge de tout à coup en plus d'éviter les corvées d'entretien. Le levier d'embrayage ferme et la sélection un rien accrocheuse et lente rappellent de leur côté que les traditions ont la vie dure chez Harley, bonnes ou mauvaises !

Ce gros moteur n'a aucun mal à propulser les 317 kg de la Sport Glide, à condition toutefois de maintenir l'aiguille du compte-tours au-dessus de 1200 tr/mn : le bicylindre rechigne à descendre en dessous, comme le faisaient auparavant sans cogner les vieux twins à air.

Sa plage d'exploitation idéale démarre juste après 1500 tr/mn et s'étend jusqu'à 4000 tr/mn : ses 86 ch et ses 139 Nm de couple s'y expriment de manière optimale et en distribuant beaucoup de sensations. La poussée est "grasse", savoureuse, voire un peu bourrue au cap des mi-régimes (rupteur à 5500 tr/mn). 

 

Avec son rendement de seulement 49,25 ch au litre (!), l'accélération de ce "big block" est sans surprise loin d'être décoiffante : sa force est ailleurs, dans sa personnalité volontaire et ses solides relances dans le premier tiers du compte-tours. Dépasser en sixième à 80 km/h à 1800 tr/mn ne lui réclame pas beaucoup d'efforts à défaut d'impressionner, mais son pilote s'en contente volontiers !

L'apparition de vibrations assez prononcées après 4000 tr/mn - malgré les deux arbres d'équilibrage - signalent distinctement la nécessité de passer le rapport supérieur : le "107" n'aime pas spécialement être cravaché, bien qu'il se révèle plus joueur et moins marqué par l'inertie que le "114" de 1868 cc. 

Dernier de ses atouts, et non des moindres : la préservation d'une grande partie de ses qualités au format A2, comme MNC a pu le découvrir sur une courte distance avec une Sport Glide bridée à 47,5 ch. Le bloc offre le même répondant et une onctuosité similaire jusqu'à 2500 tr/mn,  régime où la castration électronique se fait ressentir avec une stagnation de l'accélération.

Une partie-cycle homogène 

Sérieusement renforcé en 2018, le cadre double berceau en acier de la Sport Glide présente la stabilité qui faisait défaut aux générations précédentes. Terminées les "ondulations" sur l'angle et ce sentiment peu rassurant que l'avant et l'arrière de la moto faisaient chambre à part : les Harley-Davidson Softail tiennent dorénavant leur cap, y compris à vive allure.

 

Cette progression notable s'accompagne d'une belle évolution en matière de confort : la fourche inversée réalise un travail d'amortissement remarquable, tout en assurant une précision directionnelle des plus correctes malgré la hauteur et la largeur conséquente de la roue avant (130/70/18).

Cette taille de jante induit cependant une sensible lourdeur du train avant, que l'énorme empattement de 1625 mm et les presque 320 kg n'arrangent pas. A l'arrêt et à très basse vitesse, des muscles sont nécessaires pour intimer la marche à suivre sur la Sport Glide. Le contraire aurait été étonnant !

L'équilibre réussi de la moto opère toutefois un véritable tour de passe-passe puisque l'américaine devient auto-stable dès les premiers kilomètres-heure : merci le centre de gravité comme placé au ras du bitume ! La Sport Glide ne se transforme pas en ballerine pour autant, mais la placer sur l'angle devient étonnamment facile une fois lancé.

 

Faire demi-tour ou négocier une épingle serré s'avère beaucoup plus simple que redouté au regard de ses dimensions : belle démonstration d'une judicieuse répartition des masses de la part de Harley, qui se hisse sans hésiter sur notre podium des constructeurs habiles dans ce domaine !

Ses limites apparaissent uniquement sur mauvais revêtements, où le mono-amortisseur manque de débattement pour assurer la progressivité nécessaire. Reste que cet élément s'en tire fort bien dans la majeure partie des cas, malgré sa fixation horizontale qui n'avantage pas spécialement l'absorption. 

Gare également à la puissance de freinage sans surprise limitée à l'avant : un seul disque, même pincé par un étrier 4-piston convaincant, c'est un peu juste pour stopper une masse pareille ! Les forts ralentissement s'accompagnent volontiers du frein arrière, qui offre toute la délicatesse et la consistance voulues en plus d'être correctement assisté par l'ABS.

Verdict : deux motos en une bonne moto !

Très bonne surprise que cette Harley-Davidson Sport Glide, moto homogène et pertinente dont la modularité peut en inspirer plus d'un ! Son Twin "107" seconde à merveille sa polyvalence en alliant une rondeur mécanique de bon aloi à une pointe de caractère appréciable.

 

Le niveau de confort de ce "bagger-cruiser" se montre globalement à la hauteur de ses prétentions, à condition toutefois de conserver une conduite apaisée lorsque le bitume se frippe pour préserver les qualités au demeurant assez surprenantes de l'amortissement.

Davantage de protection et de capacité d'emport lui ouvriraient toutefois encore plus d'horizons, sans nécessiter des modifications radicales de la part d'Harley : un saut de vent réglable et des valises un peu plus profondes, et la Sport Glide serait prête pour la route… 66 ?!

  • Suite de notre essai Sport Glide avec notre fiche technique en page 2

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CONDITIONS ET PARCOURS

 
  • Modèle d'origine (3225 km au départ)
  • Parcours : 110 km
  • Routes : réseau secondaire et ville
  • Pneus : Michelin Scorcher
  • Conso moyenne :  non mesurée
  • Problèmes rencontrés : RAS
 
 
 

POINTS FORTS SPORT GLIDE

 
  • Pertinence du concept "2 motos en une"  
  • Velouté et sensations moteur, même en A2
  • Arguments routiers convaincants
 
 
 

POINTS FAIBLES SPORT GLIDE

 
  • Pare-brise trop court et non réglable
  • Capacité d'emport valises limitée
  • Poids intimidant à l'arrêt et basse vitesse
 
 
 

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