Essai des FZ8 et Fazer8, futurs best-sellers Yamaha

Heureusement pour nous, l'essai ne s'est pas limité à une laborieuse mais nécessaire conduite en ville et nous avons pu profiter du superbe réseau secondaire reliant plus ou moins - moins, moins, moins ! - directement Marseille à Aubagne, Cassis, le circuit du Castellet, Brignoles ou autres Roquefort-la-Bédoule...

L'occasion de rouler sur des routes en tous genres et tous états, de se gaver de virages et de courtes lignes droites limitant de fait les excès de vitesse... et de se faire une idée plus précise du potentiel des nouvelles FZ8 et Fazer8 !

Dès les premières bandes de bitume libérées des innombrables bus, scooters, voitures - mais pas vélos... - marseillais, on se rend compte que le moteur de la 800 a de la ressource !

Certes, au sortir des villages, le 4-cylindres Yamaha relance mollement les 211 kg de la FZ8 ou les 216 kg de la Fazer8 - auxquels il faut ajouter le poids du motard, en l'occurrence 75 kg tout équipé -, si l'on conserve le sixième rapport enclenché bien avant la décélération en entrée de patelin.

Heureusement, deux coups de sélecteurs suffisent à faire remonter le moteur dans les tours et à redonner du rythme à la balade. En mode arsouille, il ne faudra pas hésiter à descendre un troisième rapport, afin de grimper dans les alentours de 6 000 tr/min.

Ce régime marque à peu près la moitié du compte-tours, gradué jusqu'à 13 000 tr/min et établissant la zone rouge à 11 500 tr/min. À ce niveau, la boîte à air et le pot augmentent simultanément les décibels et la FZ8 allonge notablement la foulée : le couple déboule !

Ainsi, lorsque les conditions s'y prêtent - et elles s'y prêtaient lors de cette présentation presse ! -, le pilote prend vite l'habitude de naviguer entre 6 000 et 9 000 tr/min. Rien d'étonnant à cela : le couple maxi de 82 Nm se situe exactement à 8 000 tr/min.

Inutile - sauf à faire rugir le pot au maximum de ses capacités - de pousser le moteur jusqu'aux 10 000 tr/min et ses 106,2 chevaux correspondants : sur petites routes, c'est même quasiment impossible. Mieux vaut se concentrer sur la route, qu'on taille en toute décontraction.

En effet, quel que soit l'état ou la nature du revêtement, la FZ8 tient parfaitement la route et permet de rouler à vive allure sans se poser de question. Ses roues, chaussées d'origine de BT-021, épousent parfaitement le relief et offrent une précision sans faille.

L'attaque des freins est suffisamment mordante et la puissance, à condition de tirer convenablement sur le levier, est au rendez-vous. Les plus sportifs demanderaient bien un peu plus de vigueur en fin de course, mais la vocation de la FZ8 n'est pas de faire les freins à une R6 !

À peine touché durant tout notre périple, le frein arrière manque d'un soupçon de progressivité. Enfin, rien à dire au sujet de la dernière génération d'ABS censée améliorer le retour hydraulique au niveau des leviers : les modèles d'essai en étaient dépourvus !

Pour info tout de même, "les Fazer8 ABS débarqueront en concession au mois de juillet et les FZ8 ABS en août", nous confirme le big boss Éric de Seynes. Elles s'afficheront aux prix suivants : 8 699 € pour la "naked" et 9 199 € pour la carénée.

En revanche, la FZ8 se montre moins conciliante dès que son pilote la brusque. Prendre les freins dans une courbe se refermant subitement entraîne ainsi un redressement sensible du train avant et un élargissement de la trajectoire.

A contrario, relâcher le levier droit sur l'angle pour reprendre de la vitesse - et taxer son pote par l'extérieur ?! - induit une légère prise d'angle supplémentaire et une dérive vers l'intérieur du virage. Parfaitement assimilables et maîtrisables, ces fluctuations compliquent un peu les improvisations.

Au guidon de cette FZ8, mieux vaudra donc enrouler qu'attaquer comme un goret... Toutefois, même les plus "propres" de nos lecteurs ne pourront contrecarrer le manque de garde au sol de leur FZ8. En effet, sur belles routes, les ergots finissent par frotter abondement : les modèles d'essai ont particulièrement dégusté...

Heureusement, le raclement des petites sphères métalliques sur le bitume ne met pas en danger le pilote et sa monture - ni le pauvre "cycliste en rouge" auquel nous présentons encore nos plus plates excuses pour cet "intérieur" impressionnant certes, mais pas méchant...

Il est même sûr que certains motards s'accommoderont parfaitement de ce très relatif point faible - il faut quand même aller chercher le bout du pneu arrière, ce qui n'arrive pas tous les jours - et d'autres en profiteront pour épater la galerie : "si je prends de l'angle ?... Matte mes repose-pieds !"

Sur bitume fatigué, on préférerait que les ondulations du train arrière stoppent plus tôt. Là encore, les fans de Valentino Rossi ou de Cal Crutchlow pesteront contre le manque de rigueur des suspensions sur belles routes, voire sur piste. Quoique...

Afin de démontrer aux plus sceptiques le potentiel sportif de son nouveau roadster, Yamaha Motor France a d'ores et déjà prévu d'inscrire pas moins de cinq FZ8 au prochain Moto Tour : une pour les concessionnaires et leurs clients, une pour des "VIP", une pour les journalistes - dur métier -, une pour ses partenaires et membres du personnel... et la cinquième pour Denis Bouan, quadruple vainqueur de l'épreuve !

De plus, un trophée FZ8 sera organisé au sein du même Moto Tour 2010 : "20 concessionnaires sélectionnés pourront engager des pilotes-clients, dans des conditions privilégiées", annonce le staff français. De quoi offrir à la FZ8 une image de "winneuse" en rallye ?

Cela pourrait se révéler décisif, car sur le plan commercial, le nouveau roadster Yamaha va devoir faire face à une concurrence affûtée : une Suzuki GSR bien moins chère, une Triumph Street Triple plus démonstrative, une Honda Hornet plus dégourdie en mode "attaque", une Monster 696 796, et surtout la Kawasaki Z750, coqueluche des motards français...

Pour battre la Zed - il faudra confirmer ses chances lors d'un comparo -, la FZ8 devra mettre en avant son compromis davantage tourné vers le confort que vers le sport. Un choix délibéré qui ne l'empêche pas d'être diablement efficace, sur tout type de route, à condition d'être mené proprement.

Le plus dur peut-être sera de justifier son tarif, supérieur à celui de la Z750 ainsi qu'à la majorité de ses concurrentes... Pourtant, "Yamaha fait un effort particulier en France", nous assure Éric de Seynes. Les motards français pourront profiter de tarifs de lancement (comptez + 400 € après septembre 2010) : 7 999 € pour la FZ8 et 8 499 € pour la Fazer8.

Et à propos, cette Fazer8, que vaut-elle ? Testée en parallèle de sa soeur jumelle FZ8, la version "route" du nouveau roadster Yam' nous a bien plu : il vous suffit de tourner une avant-dernière page (avant celle de la fiche technique) pour le découvrir !