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Munich (Allemagne), le 21 juillet 2016

Essai BMW R nineT Scrambler : du neuf avec du néo-rétro

Essai BMW R nineT Scrambler : du neuf avec du néo-rétro

Encouragé par le phénoménal succès de sa R nineT et alléché par celui non moins impressionnant du Scrambler Ducati, BMW proposera en septembre son propre Scrambler. Moto-Net.Com a déjà pu tester cette nouvelle moto... ''Nouvelle'', vraiment ? Essai.

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MNC au guidon de la ''nouvelle'' BMW

Dès les premiers kilomètres parcourus au guidon de "sa" Scrambler, Moto-Net.Com réalise que cette BMW peut véritablement être considérée comme une "nouvelle" moto, malgré les nombreux éléments qu'elle pique à la R nineT "tout court" (voir notre Point technique en page suivante)...

La position de conduite, pour commencer, est un peu moins typée roadster. Le guidon posté un peu plus haut et plus proche du conducteur lui redresse naturellement le buste tandis que les repose-pieds placés un peu plus bas - et reculés, vraiment ?! - déplient les genoux.

La selle plus haute de 35 mm (820 mm donc) aide à se détendre les jambes... mais crispe le fessier en moins de cent kilomètres. Pour vadrouiller loin de chez soi, l'achat de la selle confort est donc conseillé : le matelassage, la teinte fauve et les surpiqures sont chouettes, le rembourrage beaucoup moins !

Placés relativement bas, les 220 kg du bestiau se manoeuvrent assez aisément moteur coupé. Seuls les petits gabarits qui peinent à toucher le sol des deux côtés simultanément doivent descendre de la moto pour la faire reculer et la stationner. On note au passage que le rayon de braquage est un peu grand.

Pour déployer la béquille latérale (pas de centrale), il faut aller la chercher du bout du talon derrière le repose-pied, ce qui n'est pas très naturel. Pour la replier, le pilote doit lancer son pied loin devant : là encore, les petites gambettes sont moins à l'aise...

Une fois le moteur démarré, les novices doivent se méfier du couple de renversement, bien sensible à chaque coup de gaz. Vif, le flat-twin prend rapidement des tours et bascule la moto sur la droite, ce qui peut surprendre au tout début. Les autres scramblers à bicylindres parallèles sont plus dociles.

Comme la R nineT, le Scrambler BMW dispose de leviers réglables qui s'adaptent aux petites mains comme aux grandes. La commande d'embrayage n'est pas difficile à actionner et permet de lancer tranquillement la moto, sur un filet de gaz.

Toujours aussi souple, le Boxer trottine paisiblement en centre-ville à 40 km/h sur le quatrième rapport. Pour traverser les pittoresques - et déserts - villages allemands et autrichiens, MNC se cale même à un réglementaire 50 km/h... sans quitter le dernier rapport !

Une fois les patelins dépassés, le Scrambler allonge la foulée sans trébucher ni toussoter. La sonorité qui émane de ses pots Akra - et du cornet d'admission d'air couvert de sa jolie plaque en alu - est reconnaissable entre mille : veloutée, presque pneumatique.

Aussi puissant et presqu'aussi coupleux que la version Euro 3 installée dans les roadsters, le Flat-Twin "2016" (respectueux de la norme Euro 4) nous semble un peu moins vigoureux aux abords des mi-régimes. Les allemands s'en défendent : d'après eux, la différence n'est pas sensible à la conduite.

Est-ce l'empattement supérieur du Scrambler qui limite les délestages de la roue avant ou bien la nouvelle norme antipollution qui étouffe légèrement le moteur ? Impossible de trancher, d'autant que BMW ne nous a pas autorisés à monter sur la R nineT qui servait à nos accompagnateurs, pour de légitimes raisons d'assurance.

Un soupçon moins expressif que sur le roadster donc, le moulin à air/huile conserve malgré tout un charmant caractère : docile tout en bas du compte-tours - optionnel ! -, il tracte fort dès les mi-régimes et dispose d'une allonge surprenante pour ce type d'architecture moteur (notre Vmax de 207 km/h au GPS a été atteinte en un rien de temps).

En outre, la boîte à six vitesses s'accorde à merveille avec le Flat. En mettant un peu de rythme sur route, on peut se passer du levier gauche : une courte fermeture des gaz permet de monter les rapports sans débrayer tandis qu'une furtive ouverture et une faible pression sur le sélecteur suffit à les faire descendre. Le panard !

Une R nineT vraiment différente

Sur les petites routes de montagne qui composent en majorité notre magnifique parcours alpin, le Scrambler permet aussi bien d'arsouiller sur les rapports intermédiaires que d'enrouler sur la (en !) sixième vitesse - à défaut de témoin de rapport engagé, le sélecteur lâche indique qu'on est sur le dernier rapport...

À basse vitesse ou en utilisation "cool", la roue avant de 19 pouces du Scrambler ne se fait pas trop remarquer. Certes, les motards accoutumés aux roadsters (17" donc) trouveront que la grande roue de la nouvelle BMW a tendance à accentuer la prise d'angle de la moto, mais ce "penchant" est vite assimilé et naturellement contré.

Passé 60 km/h en revanche, l'effort demandé au guidon pour changer de cap paraît et reste important. Au coeur d'enchaînements de courbes rapides, les épaules et pectoraux chauffent plus qu'aux commandes de la R nineT "tout court" au train avant plus léger.

Plus physique que le roadster donc, le Scrambler se montre très stable dans les virages où les prises d'angle peuvent d'ailleurs être généreuses. À condition néanmoins que le revêtement soit de bonne qualité car sur route abimée, la nouvelle BMW prend du mouvement...

Si les suspensions gomment la majorité des défauts du bitume en ville et sur route, la fourche télescopique spécifique au Scrambler atteint ses limites sur de gros chocs tandis que l'amortisseur arrière se révèle un peu trop souple sur les grosses contraintes.

Suite à de vives relances en sortie de courbes ou durant des passages rapides dans des virages bosselés, la R nineT Scrambler chahute donc un peu trop. Les futurs possesseurs pourront tenter de freiner un peu l'hydraulique (détente amortisseur arrière uniquement) pour améliorer la tenue de cap. MNC s'en est passé.

Les réactions de la moto lorsque son pilote prend - ou lâche - les freins sur l'angle sont appréciablement limitées. Pour resserrer ou élargir sa trajectoire volontairement en revanche, il faut un peu forcer sur le guidon ou balancer son buste à l'extérieur ou à l'intérieur... selon qu'on souhaite doubler un cycliste ou croiser un car !

Un peu moins agile et rigoureuse que le roadster "rétro-actif", le Scrambler BMW est également moins mordant en termes de freinage... Cela pourrait cependant séduire les motards qui ne sortent que le week-end pour de tranquilles balades le jet au vent ou à l'opposé, ceux qui utilisent leur moto tous les jours et affrontent pluie, vent ou neige ?!

Les étriers avant "classiques" n'attaquent pas aussi vivement les deux disques de 320 mm que leurs homologues "radiaux". Il faut bien tirer sur le levier pour bénéficier de toute leur puissance, qui s'avère suffisante - en insistant lourdement - pour mettre à défaut le grip des excellents Metzeler Tourance Next...

Dans cette situation exceptionnelle, l'ABS Bosch (de série, "natürlich") entre rapidement en action et permet de rester sur ses roues sans trop allonger la distance de freinage. À l'arrière, l'étrier double pistons autorise des décélérations à plat et parfaitement dosées : le potentiel passager appréciera.

Notons au passage que l'antipatinage optionnel équipant notre modèle d'essai ne s'est déclenché qu'à une seule reprise : à la sortie d'un rond-point à la surface très brillante... Le flat-twin est coupleux : le conducteur doit donc se méfier sur le gras-mouillé, à plus forte raison si il n'a pas coché la case "ASC" au moment de l'achat.

En conservant la selle d'origine, on l'a vu, l'acheteur assure côté look mais s'expose à un mal de fesses sur longues distances. Les vibrations ressenties dans les mains à partir de 80 km/h et les chatouilles qui gagnent les pieds aux alentours de 130 km/h (malgré la gomme amovible) pourront également écourter les trajets sur voie rapide.

Au quotidien, la BMW est également critiquable : l'absence de place sous la selle par exemple, a contraint les organisateurs de ce lancement presse à confier aux essayeurs des sacs-bananes dans lesquelles se trouvaient le gilet jaune obligatoire en Autriche - comme en France ! -, la trousse de premiers secours et le triangle de signalisation.

On regrette également que le petit compteur n'affiche pas la consommation moyenne de la moto, pas même le niveau d'essence dans le réservoir : il faut donc tenir à jour ses trips pour estimer l'autonomie restante... Oui, comme au bon vieux temps !

Non renseignée par le constructeur (voir la fiche technique presque complète en dernière page), la garde au sol est loin d'être extraordinaire : on y réfléchira à deux fois avant de grimper sur un gros trottoir ou de s'aventurer sur un grand chemin. Pour le coup, les Scramblers ne sont plus ce qu'ils étaient.

Dernier petit détail - et bon point ! - repéré par MNC lors de son ultime inspection : les valves des pneumatiques sont intégrées à l'un des cinq bâtons des jantes avant et arrière. Comme coudées, elles simplifient donc grandement le contrôle des pressions. "Sehr Gut" !

Au final, Moto-Net.Com estime que les amateurs de motos au look d'ancienne mais à la mécanique moderne trouveront leur bonheur en cette nouvelle BMW. En priorité ceux qui considéraient le comportement de la R nineT "tout court" un peu trop sportif à leur goût.

Proposé 1850 euros moins cher que le roadster, le Scrambler possède une personnalité propre qui devrait faire recette... chez les motards comme chez leurs concessionnaires, puisque BMW propose quantité d'accessoires dont certains paraissent quasiment obligatoires pour aller au bout du "Konzept" Scrambler....

Niveau coloris enfin, BMW ne s'embarrasse pas et propose sa nouveauté 2016 dans un unique gris que l'on peut apprécier pour sa sobriété, ou critiquer pour son côté trop tristoune... Là encore, les préparateurs et leurs clients se frottent les mains : personnaliser sa moto fait partie du "trip" néo-rétro !

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CONDITIONS ET PARCOURS

  • Modèle d'origine
  • 1420 km au compteur
  • Parcours : 388 km
  • Routes : Petites routes, villages et autobahn
  • Pneus : Metzeler Tourance Next
  • Conso moyenne : 5,7l/100km
  • Problèmes rencontrés : RAS

POINTS FORTS R NINE T SCRAMBLER

  • Charme du Flat Twin, malgré Euro4
  • Train avant habilement remodelé
  • Tarif réduit (Vs R nineT)

POINTS FAIBLES R NINE T SCRAMBLER

  • Dotation "Scrambler" incomplète
  • Selle fatigante à la longue
  • Hausse du prix avec options