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Paris, le 10 novembre 2010

Essai Aprilia Dorsoduro 1200 : craquage à l'italienne...

Essai Aprilia Dorsoduro 1200 : craquage à l'italienne...

Sophistiquée (ABS et contrôle de traction), puissante (130 ch) et apprêtée comme une sportive, la nouvelle Aprilia Dorsoduro 1200 se pose comme le maxi-supermotard ultime. Séduisant, le concept souffre hélas de quelques détails fâcheux... Essai.

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Erreur de casting ?

Égoïste, énervé de la poignée droite et un rien masochiste, le pilote de la Dorsoduro 1200 traitera les multiples carences de cette moto avec l'indifférence d'un employé de La Poste à midi moins dix : après tout, un maxi-supermot' n'a jamais eu pour vocation de tailler la route... mais plutôt de tailler un short à tout ce qui roule dans le sinueux !

Pour éviter de terminer dans le fossé faute d'avoir su composer avec l'impressionnante patate du twin de 1197 cc, Aprilia a équipé sa nouveauté de quelques accessoires aux bienfaits avérés. D'une pichenette sur le démarreur moteur tournant, le pilote peut tout d'abord choisir entre les trois cartographies d'injection comme sur la Shiver : Rain (puissance limitée à 100 ch), Touring (130 ch délivrés en douceur) et Sport (130 ch... sans filtre !).

Plus novatrice, la présence optionnelle d'un ABS et d'un contrôle de motricité (ATC pour Aprilia Traction Control) rassure au moment d'emmener la transalpine se dégourdir les bielles sur des routes piégeuses. D'autant que ces "béquilles" électroniques déconnectables fonctionnement remarquablement et avec une grande transparence : l'ABS intervient très tard et sans heurts.

Moins évolué que celui de la RSV4 APRC (lire notamment notre Essai de l'Aprilia APRC SE en Full), l'ATC de la Dorsoduro 1200 compare les vitesses de rotation des couronnes crantées placées sur les roues - comme l'ABS - et intervient instantanément sur l'arrivée de la puissance lorsqu'une différence est détectée.

Corolaire direct, ce dispositif paramétrable sur trois positions joue aussi le rôle d'anti-wheeling.

Une fonction qui n'a rien de superflu, tant le moulbif italien respire fort depuis 6000 tr/mn jusqu'aux 9500 tr/mn du rupteur : le twin prend 250 km/h en sixième (!) et une franche accélération en seconde au sommet d'une butte a vite fait de propulser la roue avant de 17 pouces vers le ciel !

Évidemment, la position typée supermotard de la "Dorso" (buste penché sur l'imposant guidon que termine de pratiques protège-mains, repose-pied placés bas et vers l'avant) est une véritable incitation à ce genre de figures.

Et comme l'anti-patinage a le bon goût d'intervenir discrètement - et plus ou moins tôt en fonction des désirs -, en cas d'optimisme l'arrivée des virolos s'accueille avec un franc sourire !

Hélas, l'étirement des muscles zygomatiques cède rapidement la place à une crispation faciale digne d'une publicité pour la constipation... En premier lieu, la Dorsoduro 1200 n'a rien d'une ballerine avec son empattement prononcé (1528 mm) et surtout son poids de 195 kg à sec avec l'ABS et l'Aprilia Traction Control. Soit 23 kg de plus qu'une Hypermotard 1100...

Malgré une bonne répartition des masses et un châssis rigide en phase avec le positionnement revendiqué, cet embonpoint nuit grandement à l'agilité dans les petits virages. Qui plus est, le train avant tombe légèrement et se montre rétif à la prise du levier droit sur l'angle. Précisons aussi que l'attaque prononcée et la puissance du freinage Brembo ne favorisent pas les ralentissements improvisés en courbes !

Mais là où la Dorsoduro 1200 perd de gros points et suscite même une légère appréhension au moment de sortir la grosse attaque, c'est dans la cohésion plus que perfectible de ses suspensions. A croire que les ressorts sont comprimés au maximum en précharge - sans doute pour éviter les transferts de masses - et que les lois élémentaires du tarage de l'hydraulique de la compression et la détente ont été mises de côté...

Résultat : l'Aprilia réagit aussi sèchement qu'un coup de trique à la moindre irrégularité et se dandine comme une danseuse du ventre lorsqu'on réaccélère plein pot sur une bosse ! La notion de progressivité est complètement occultée et il apparaît que les 160 mm de débattement de la fourche et les 155 mm de l'amortisseur sont loin d'être totalement exploités pour absorber les chocs.

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CONDITIONS ET PARCOURS

  • Modèle avec 750 km au compteur
  • Parcours : 165 km (voies rapides, ville, petites routes)
  • Pneus : Pirelli Diablo Corsa III
  • Problèmes rencontrés : RAS

POINTS FORTS

  • Lignes et qualité de réalisation soignées
  • 130 ch et 115 Nm : un record dans la catégorie !
  • ABS et ATC efficaces et utiles

POINTS FAIBLES

  • Accord de suspensions perfectible
  • Aspects pratiques et confort
  • Mise au point du Ride-by-Wire