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DUEL
Paris, le 27 septembre 2011

Duel Z1000 Vs Speed Triple : usines à gros gaz !

Duel Z1000 Vs Speed Triple : usines à gros gaz !

Parmi les gros roadsters, rares sont les quatre-cylindres à oser venir se frotter à la redoutable Triumph Speed Triple, surtout le modèle 2011 affûté comme jamais ! Mais l'explosive Kawasaki Z1000 a elle aussi de sérieux atouts à faire valoir... Duel !

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... et pièges à keufs sur la route !

Dévorées du regard à l'arrêt, la Speed Triple et la Z1000 ne passent pas non plus inaperçues moteur tournant. Puissante et métallique, la sonorité de la Kawasaki est artificiellement muselée à bas régimes et accentuée dans les tours via un résonateur placé dans sa boîte à air : pratique pour éviter de rameuter tout le quartier à chaque démarrage !

Nettement moins clémente avec le voisinage, l'expressive Triumph ronfle énergiquement : quand la Z1000 la joue "m'as-tu-vue" avec son look sans concession, la Speed Triple 2011 verse dans le "m'as-tu-entendue" avec ses vocalises rauques, ponctuées de sourdes pétarades à chaque grosse décélération ! Grisante, la bande-son du 1050 cc peut toutefois devenir envahissante en ville, où le "sifflement" caractéristique des 3-pattes Triumph participe encore un peu plus à attirer l'attention...

Pourtant, derrière cette grosse voix de hooligan se dissimule un roadster qui se plie volontiers à l'exercice urbain : la disponibilité et la rondeur du "triple" n'ont d'égale que l'onctuosité de l'embrayage et de la boîte de vitesses, alors que son large guidon facilite les changements de direction éclairs.

Malgré une hauteur de selle élevée (828 mm contre 815 mm sur la Zed) et une position nettement plus sportive (le buste est plus penché vers l'avant et les jambes plus repliées), l'Anglaise se montre même plus confortable que la Japonaise grâce à son assise plus large et mieux rembourrée, sans oublier ses suspensions moins fermes.

La Z1000 a beau disposer d'un rayon de braquage plus court et d'une béquille plus fonctionnelle que celle - dépourvue d'ergot - de la Speed Triple, sa boîte et son injection moins agréables, ainsi que les désagréables vibrations qui apparaissent dès les mi-régimes pénalisent ses prétentions citadines.

Pire : alors que le roadster d'Hinckley propose un tableau de bord ultra-complet et lisible (hormis l'horloge aux chiffres trop petits, lire les fiches techniques en pages suivantes), des valves coudées très commodes, des leviers réglables en écartement (seulement le frein sur la Kawa) et un coffre sous la selle suffisamment grand pour y glisser un bloc-disque et des gants, la Nippone néglige presque totalement les aspects pratiques !

Faute d'espace sous sa selle passager, le transport du moindre effet passe par l'emport d'un sac à dos, tandis que sa console "jaune pétante" 100% digitale se montre moins facile à lire, malgré son inclinaison réglable sur trois niveaux. En revanche, si les deux motos sont dotées de série d'une clé codée et peuvent recevoir l'ABS en option (aussi discret qu'efficace sur les deux), l'absence de warning et d'indicateur de rapport engagé fait partie de leurs défauts communs !

Cela étant, sur la Speed Triple, connaitre la vitesse enclenchée à chaque instant n'est pas franchement nécessaire : plein comme un œuf (111 Nm de couple à 7750 tr/mn en Full), le trois-cylindres en ligne répond toujours présent et tracte avec une vigueur à faire pâlir (ou plutôt "verdir" !) le quatre-cylindres Kawasaki.

Malgré sa poignée de gaz au tirage très court - une vraie gâchette ! - et ses reprises généreuses pour un "4-pattes", le bloc japonais doit en effet s'incliner à bas et mi-régimes. Certes, la Z1000 s'élance vivement à chaque rotation de l'accélérateur, mais la Speed Triple, elle, bondit littéralement en avant à la moindre micro-rotation des gaz !

Comme propulsée par un canon géant, l'Anglaise enrhume irrémédiablement la Verte : même avec une vitesse de plus, la Speed Triple parvient encore à résister à son adversaire ! Et dire que les relances du 1043 cc Kawasaki font pourtant références dans le clan des roadsters sportifs japonais (lire notre Trio comparatif MNC du 12 mai 2010 : Z1000 Vs CB1000R Vs FZ1)...

A l'instar de tous les quatre-cylindres, le bloc de la Z1000 demande à être cravaché pour s'exprimer pleinement. Ainsi, quand les deux motos se retrouvent côte à côte à partir de 7500 tr/mn, leurs accélérations font enfin jeu égal. Grâce à son allonge supérieure (rupteur à 11500 tr/mn contre 10500 tr/mn), la Kawa parvient même à se forger une courte avance... mais les vitesses atteintes sont alors loin d'être "radar approved"...

Pousse au crime dès le moindre bout droit, l'Anglaise et la Japonaise sont surtout de sérieuses clientes dans le sinueux : avec elles, le proverbe "viroleux = motards heureux" joue à plein tant leurs motorisations volontaires et punchy et leurs parties cycles saines et sportives permettent d'envoyer du bois en toute confiance !

A ce petit jeu, le train avant vif et précis de la Z1000 fait merveille : malgré des poids tous pleins faits similaires et un angle de chasse plus fermé sur la Speed Triple (218 kg sans ABS et 24,5° sur la Kawa contre 214 kg et 22,8° sur la Triumph), la Verte se montre sensiblement plus facile à placer en entrée de courbe.

Mais il s'agit du seul moment où elle prend réellement l'ascendant sur la Speed Trip' : une fois à la corde, la garde au sol inférieure de la Kawa et le manque de progressivité de son amortisseur (uniquement réglable en précharge et en détente) rendent plus délicate une correction de trajectoire, surtout lorsque le bitume se fripe...

Impeccablement suspendue, la Triumph place il est vrai la barre très haut : à son guidon, la confiance est absolue et la sensation de contrôle totale. Moins "physique" qu'avant dans les enchaînements, la Speed Triple 2011 a en outre conservé une stabilité et une motricité irréprochables. Autant dire qu'en sorties de courbes, l'excellent grip offert par les Metzeler Racetec K3 est exploité sans vergogne !

Déjà mis à l'amende mécaniquement parlant - du moins aux régimes "usuels" -, la Z1000 n'apparaît pas tout à fait aussi à l'aise lorsqu'il s'agit de s'extraire des virages poignée dans le coin. Pourtant elle aussi très bien lotie sur le plan pneumatiques (Pirelli Diablo Rosso Corsa sur la version ABS), la Kawasaki requiert plus de poigne pour tenir sa traj' lorsqu'elle est soumise à de très grosses contraintes.

Respect, Mister Triumph !

Enfin, la Speed Triple prend définitivement le dessus au chapitre du freinage : un seul doigt (voire une seule phalange !) suffit à gérer son effort sur les pinces italiennes Brembo qui stoppent la Triumph avec une force inouïe. A tel point que l'ABS optionnel apparaît comme une bénédiction sur des revêtements piégeux ou glissants !

Pourtant bonne freineuse, la Z1000 souffre encore une fois de la comparaison : la puissance est bien réelle, les étriers radiaux 4-pistons et les disques de 300 mm n'étant clairement pas là que pour "faire joli", mais ses freins n'offrent ni l'attaque, ni le "toucher" de ceux de son adversaire britannique. Même constat au niveau de son étrier arrière qui manque de mordant, là ou celui de la Speed offre feeling, puissance et précision.

Et c'est bien là tout le problème pour la Z1000 : très efficace et franchement ludique, la nippone se heurte à une Speed Triple un peu - voire beaucoup parfois ! - plus affûtée dans tous les domaines. Ultra-aboutie, la reine d'Angleterre réalise un magistral carton plein : non seulement elle domine totalement son (ses !) sujet(s), mais son "3-pattes" offre à la fois plus de caractère et de performances.

Sachant en outre que la différence de prix n'est pas franchement déterminante (11 690 euros sans ABS et 12 290 euros avec pour la Triumph contre 11 499 et 12 099 pour la Kawasaki), on vous laisse deviner lequel de ces deux turbulents roadsters sportifs remporte ce nouveau duel MNC !

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CONDITIONS ET PARCOURS

  • Modèles d'origine avec 7482 km (Kawasaki) et 7250 km (Triumph)
  • Parcours : 390 km
  • Routes : petites et grandes routes, voies rapides et ville
  • Pneus Z1000 : Pirelli Diablo Rosso Corsa
  • Pneus Speed Triple : Metzeler Racetec K3
  • Conso Z1000 : de 6,9 à 8,5 l/100 km
  • Conso Speed Triple : de 6,6 à 6,8 à l/100 km
  • Problèmes rencontrés : RAS

POINTS FORTS KAWASAKI Z1000

  • 4-cylindres disponible et rageur
  • Agilité du train avant
  • Look sans concession !

POINTS FORTS TRIUMPH SPEED TRIPLE

  • 3-cylindres qui arrache méchamment !
  • Partie cycle rigoureuse et efficace
  • Freinage au top

POINTS FAIBLES KAWASAKI Z1000

  • Vibrations aux mi-régimes
  • Aspects pratiques négligés
  • Look sans concession...

POINTS FAIBLES TRIUMPH SPEED TRIPLE

  • Rayon de braquage
  • Intensité sonore parfois "too much" en ville
  • Pousse au crime...

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