Duel Kawasaki Z650 Vs Yamaha MT-07 : combat de best-sellers !

En selle, la Z650 se révèle extrêmement fine grâce à son réservoir confondant d'étroitesse et intelligemment évasé sur ses flancs. Le roadster d'Akashi réussit ce tour de force grâce au format "surélevé" de son bidon, plus volumineux dans sa partie haute. Mais ce que la Verte gagne en largeur, elle le consent en partie en longueur : son réservoir éloigne davantage le conducteur du poste de pilotage. 

Sur la MT-07, le buste est placé plus près du guidon, comme au contact de la roue avant. Cette sensation de contrôle direct est renforcée par la largeur supérieure de son guidon et son cintre presque plat en comparaison de la Z650. Reste que les deux motos se prennent en main instantanément, bien aidées par un excellent rayon de braquage (à l'avantage de la Yamaha d'environ 15 cm), leur équilibre réussi et leur selle très accessible.

La Z650 s'illustre brillamment sur ce point avec sa faible hauteur d'assise, quasiment digne d'un custom. Quelques kilomètres suffisent en revanche pour déplorer sa fermeté, quasiment digne d'une sportive ! Par ailleurs, cette selle basse engendre un certain repli des jambes, sensible sur long parcours. Une option selle haute ne serait peut-être pas inutile pour les motards de plus d'1,75 m.

Plus large et mieux dessinée, la selle de la MT-07 réserve un meilleur accueil. Insuffisant, bien sûr, pour traverser la France sur un coup de tête, mais à la hauteur du triptyque "boulot-dodo-balade". La Yamaha ménage aussi davantage d'espace aux jambes car ses repose-pieds sont un soupçon plus bas et surtout moins reculés. Sa garde au sol en pâtit logiquement, mais reste suffisante pour généreusement "angler" en courbe !

Par ailleurs, comme MNC l'avait noté dans son premier essai de la Z650, son twin délivre toujours beaucoup de vibrations, au détriment de l'agrément général. Malgré la progression notable par rapport à l'ER-6, ces grésillements à haute fréquence deviennent désagréables à 5000 tr/mn et gênants à 7000. A côté, les quelques frémissements renvoyés par le CP2 à mi-régimes passent complètement inaperçus.   

Le meilleur train avant de la catégorie

La MT-07 prend définitivement l’avantage en termes de confort grâce au tarage assez souple de son amortisseur, plus tolérant sur les imperfections que son rival d’Akashi. Mais ce que l'amortisseur de la Verte cède en confort, il le reprend - très largement - en qualité de fonctionnement.

Certes, la Z650 réagit plus sèchement sur les chocs, mais elle les absorbe rapidement et efficacement au bénéfice de sa tenue de route irréprochable. La MT-07 ne peut en dire autant, faute de retenue suffisante à l'arrière : menée bon train, son manque de rigueur devient criant par rapport à sa rivale. La nouveauté enfonce le clou en dévoilant une parfaite cohésion d'amortissement, quand la Yamaha se montre plus approximative à vive allure.

L'équilibre entre l'avant et l'arrière est toujours parfaitement maintenu sur la Kawasaki, qui s'appuie aussi sur une fourche remarquable d'efficacité et d'agrément. Entre sa considérable perte de poids et cette fourche très judicieusement réglée, la Z650 jouit ni plus ni moins que du meilleur train avant de la catégorie. Sûr, précis et stable : certaines motos nettement plus haut de gamme devraient s'en inspirer !

Autre excellente surprise : les "petits" étriers à deux-pistons de la Z650 offrent davantage de répondant que les pinces à 4-pistons de la MT-07 ! Trop inconsistant sur le premier tiers du levier, le système Yamaha est plus délicat à doser, surtout en conduite "sportive". L'avantage, c'est que les débutants apprécieront son absence de toute brutalité. La Kawasaki persiste et signe avec un frein arrière mieux calibré, atout toujours bienvenue pour corriger une trajectoire.

Et si la Yamaha conserve la palme de la maniabilité grâce à son ergonomie plus "sur l'avant" et ses 5 kg de moins, cela se joue surtout à très basse vitesse. Ensuite, la Z650 se montre tout aussi enfantine à inscrire en virages. Au final, la MT-07 courbe l'échine sur un plan dynamique en raison de son amortissement perfectible, domaine dans lequel sa rivale frappe - volontairement - très fort.

Cette tendance à trop s'avachir sur l'arrière, déjà critiquée par MNC, finit même par desservir la motricité de la MT-07 malgré son pneu arrière en 180 mm (contre 160 mm sur la Z650) ! Mais il convient à ce stade d'ajouter un autre paramètre dans l'équation : l'amortisseur "faiblard" de la Yamaha n'est pas la seule cause de son comportement remuant. Les contraintes exercées à l'accélération par son répondant mécanique exceptionnel jouent aussi un rôle !

La MT-07, reine du fun et des relances canon

Dès le démarrage, le twin calé à 270° de la Yamaha prend un petit ascendant sur le plan auditif avec sa sonorité plus mélodieuse que celui de la Z650, plus pétaradant et claquant en raison de son calage à 180° (écoutez les moteurs dans notre smart-vidéo MNC). Mais comme précédemment sur l'ER6, la bande-son de la Verte devient vite beaucoup plus excitante grâce à son sourd et expressif ronflement délivré à mi-régime.

Capables de repartir en sixième à 2000 tr/mn, les deux moteurs sont très disponibles et élastiques, sans cahots intempestifs en bas du compte-tours. Un comportement doux et accessible en phase avec leur cible, qui les rend très "urbaines" en ville. La MT-07 brille particulièrement dans cet environnement : d'une part en raison de sa vivacité un cran supérieure, de l'autre grâce à son twin un soupçon moins "rugueux" à l'approche des sous-régimes.

En outre, la Yamaha se montre très réactive dès le bas du compte-tours, ce qui l'aide à se faufiler promptement entre les files et à ressortir énergiquement d'une épingle. Le twin "CP2" d'Iwata est incroyablement réactif et joueur : son punch entre 3000 et 5000 tr/mn est bluffant au regard de ses "petits" 75 ch ! Sous 4000 tr/mn, son rival d'Akashi n'est pas aussi volontaire, en plus d'être nettement moins démonstratif.

La Z650 se montre en outre un peu plus rugueuse à la remise des gaz, la faute à une injection pas tout à fait exempte d’à-coups. Elle dispose en revanche d’un ensemble "embrayage-sélection" beaucoup plus agréable : son levier gauche réglable n’oppose aucune résistance et les rapports passent tout aussi souplement. La Yamaha est moins douce et précise dans ce domaine, ce qui lui fait perdre des points lors du gymkhana urbain. 

Au-delà de 4000 tr/mn, les progrès annoncés par Kawasaki portent leurs fruits : la remplaçante de l'ER6 accélère vigoureusement et "accroche" pour la première fois sa rivale lors de nos tests de reprises. Entre ses 19 kg de moins et sa courbe de couple boostée, le gain est immédiatement palpable : ses reprises sont très franches et sans aucun temps mort jusqu'à 7000 tr/mn. Les deux adversaires font jeu égal sur ces régimes fréquemment utilisés. Mission - en partie - accomplie pour la Z650 !

Mais ce que la Kawasaki a gagné à mi-régimes, elle l'a perdu en énergie dans les tours : sa poussée se tasse fortement à partir de 8500 / 9000 tr/mn, rendant inutile voire presque laborieuse l’exploitation des 10 000 tr/mn. Finies les envolées rageuses de l’ER-6 : place à des accélérations mieux remplies... mais moins pétillantes. Un choix certainement pertinent en usage "courant" ainsi que pour les motards débutants, ravis de trouver du répondant sans avoir à faire hurler le twin. 

Dans le cadre d'une conduite dynamique en revanche, la vigueur en retrait à bas régime de la Z650 et son allonge sans relief tendent à laisser sur sa faim. La nouveauté d'Akashi manque de cette pincée de "sel" mécanique qui rend certaines motos si savoureuses, comme l'était auparavant l'ER-6. En comparaison, la Yam' apparaît comme un plat généreusement rempli et délicieusement épicé... Dommage que sa suspension peine à bien tout digérer !

Verdict : la MT-07 s'impose... de très peu !

Kawasaki ne s'est pas raté pour la refonte de son emblématique ER-6n : l'important retard pris sur la MT-07 est désormais comblé par la nouvelle Z650, revenue à égalité avec la Yamaha dans la plupart des domaines. Légère et précise, la nouveauté séduit par sa partie cycle franchement enthousiasmante : les jeunes permis moto comme les motards confirmés y trouveront leur compte.

En cela, la Z650 s'inscrit pleinement dans cette nouvelle génération de motos d'entrées de gamme performantes et aguichantes, qui ont brillamment pris la relève de leurs ancêtres à l'aspect et au comportement plus "utilitaires". Cependant, en termes de capital plaisir, la MT-07 conserve une longueur d'avance grâce à son moteur au tonus sensationnel. Et ce malgré une consommation très raisonnable : entre 4,97 et 5,43 l/100 km selon les mesures MNC (de 4,66 l/100 km à 5,86 l/100 km sur la Z650, ultra-sobre elle aussi).

Autres atouts en faveur de la Yamaha : son confort de selle et d'amortissement supérieur ainsi que son absence de vibrations, le tout pour un tarif légèrement inférieur (6899 € contre 6999 € pour la Z650). Au final, même si un meilleur amortisseur ne serait pas du luxe et que l'augmentation constante de son prix interpelle (+700 € en 3 ans, à moto identique), la MT-07 sort de nouveau gagnante de ce duel... mais d'une très courte tête !