Duel Derbi/Suzuki Supermotard 125 : very good trip !

Forcément, avec une telle différence de prix, d'aucuns seraient tentés de conclure que les dés de ce duel "SM" (pour éviter tout malentendu coquin, il s'agit bien de l'abréviation de "Supermotard") sont pipés et que l'épreuve de la route ne fera que mettre en exergue la supériorité de la Derbi Senda DRD 125 SM...

Sauf qu'une fois installée derrière les deux guidons typés cross, la rédaction de Moto-Net.Com (elle-même un peu inquiète pour la Suz') a rapidement pu constater que la DR125SM faisait largement mieux que se défendre !

En premier lieu, si sa sportivité moins exacerbée peut la desservir à la sortie du lycée, elle propose quelques aspects pratiques bienvenus. Ainsi, son pilote prend place sur une selle plus large et ô combien plus moelleuse que celle de sa rivale, tandis que le passager de la Suz' est le seul à profiter d'une poignée de maintien et de repose-pieds recouverts de caoutchouc.

La DR125SM dispose aussi d'un coupe-contact, d'un petit coffre et d'un accroche-casque fermant à clé placés sur son flanc gauche, ainsi qu'une sécurité pour éviter de rouler avec la béquille dépliée. Ces équipements font défaut sur la DRD125SM, sur laquelle on trouve toutefois une trousse à outils sous la selle et un embout de sélecteur escamotable salvateur en cas de chute.

Le béquillage de la Derbi est en outre facilité par la présence d'un large ergot, absent sur la Suz'. En revanche, sa béquille à repli semi-automatique se montre rapidement agaçante et propice à de belles frayeurs lors de manoeuvres à l'arrêt... Enfin, s'il est possible de verrouiller la direction de ces deux 125, elles sont toutes deux dépourvues de warnings et de charnières sur leur bouchon d'essence.

Entièrement tournée vers le sport, la Derbi sacrifie donc le confort sur l'autel des performances : un trait commun aux Supermotards les plus exclusifs, mais dont le degré d'importance variera en fonction de l'âge et des attentes de son pilote... Attiré par les fines lames, ce dernier ne s'agacera alors probablement pas de la radicalité de l'espagnole tant ses qualités dynamiques se montrent à la hauteur.

Perché sur une selle culminant à 880 mm de hauteur (836 mm pour la Suzuki), le conducteur fait rapidement corps avec une machine réactive et d'une précision redoutable : dotée d'un accord de suspensions ferme - sans être inconfortable pour autant -, la Derbi virevolte avec aisance en courbes, bien aidée par un freinage incisif et très puissant et une excellente stabilité.

Ce tableau idyllique pousse à la chahuter à la moindre occasion, mais on s'agace vite de la monte pneumatique d'origine : longues à monter en température et peu "communicatives", les gommes thaïlandaises Vee Rubber ne sont absolument pas à la hauteur du potentiel de la Senda DRD 125 SM.

Le phénomène est encore pire sur le mouillé : l'arrière part trop souvent en glisse, tandis que la gestion de la franche attaque du frein avant demande le doigté d'un horloger suisse. Les limites d'adhérence du pneu de 100/80/17 sont ainsi extrêmement faciles à dépasser...

De son côté, bien campée sur ses excellents Pirelli Sport Demon, la Suzuki DR 125 SM se joue des conditions d'adhérence précaires avec la même facilité qu'elle absorbe toutes les irrégularités de la route.

A peine moins rigoureuses que celles de la Derbi Senda DRD 125 SM lorsque le rythme s'accélère, ses suspensions affichent un compromis confort/efficacité plus appréciable au quotidien : les trous et les bosses sont filtrés avec moins de sécheresse, mais cette douceur n'affecte pas l'équilibre de l'amortissement à l'attaque.

Surtout, la japonaise procure un sentiment de contrôle stupéfiant qui s'explique par sa maniabilité et son agilité d'anguille : aussi légère qu'une plume (121 kg contre 124 kg pour la DRD) et plus prompte à virer grâce à son empattement contenu (1340 mm contre 1443 mm), la Suzuki est une arme redoutable dans le sinueux ou en ville.