Duel CB650F Vs MT-07 : le traditionnel 4-pattes Honda contre le sensationnel CP2 Yamaha

Assis un peu plus en arrière sur la Yamaha, le pilote se tend toutefois moins au-dessus du réservoir pour saisir le guidon, plus reculé que celui de la Honda. La MT-07 écarte également légèrement moins les mains : un centimètre, pas plus.

Sur la gauche des deux guidons, la commande d'embrayage n'est pas réglable : les petites minoches le regretteront davantage sur la Honda. Mais celle-ci se rattrape à droite, en proposant six écartements : tout le monde trouvera levier de frein à son gant ! Sur la Yamaha au contraire, le plus court des cinq réglages reste un poil long.

Les commodos ronds et ergonomiques de la Honda sont plus faciles à apprivoiser... mais attention à l'avertisseur sonore, dont le gros bouton se trouve au-dessus de celui des clignotants. Sur la Yamaha, le petit klaxon excentré ne risque pas d'être actionné par mégarde.

En enclenchant la première, le pilote de la Honda note que son double tableau de bord ne dispose pas de témoin de rapport engagé. Il manque également les températures du moteur et de l'air ambiant. Les consommations moyenne et instantanée sont présentes, mais on attendait un carton plein de la part de la "chère" Honda.

Le compteur de la MT-07 au contraire ne peut être pris en défaut : il diffuse toutes les informations nécessaires au quotidien (voir les aspects pratiques en page 4 ainsi que notre smart-vidéo). Unique petit reproche : à l'instar de la CB, la MT ne possède pas de commandes au guidon.

La Yamaha est loin d'être parfaite : outre l'absence de béquille centrale - une constante sur la plupart des motos actuelles, à commencer par sa rivale Honda ! -, Moto-Net.Com regrette qu'on ne puisse pas ranger le moindre antivol sous la selle. Même un gilet jaune (pourtant obligatoire !) peine à s'y glisser...

Sur la CB650F au moins, il est possible de glisser un U spécifique et une seconde paire de gants. La boucle arrière comprend des encoches astucieusement planquées que le passager peut agripper sur les gros freinages. Cela ne vaut pas de véritables poignées, mais c'est mieux que rien... donc mieux que la MT !

Bien vus également sur la Honda, les deux ergots latéraux qui permettent d'arrimer un sac. Côté aspects pratiques donc, ainsi que d'un point de vue statique, la CB se défend bien face à la MT. Qu'en est-il en dynamique ? Voyons...

Le compteur de la CB650F avait beau afficher zéro kilomètre lors de notre départ, la boîte de vitesse de la Rouge de Tokyo se révèle plus douce que celle de la MT-07, alors que la Bleue d'Iwata totalisait de son côté 1713 km au début de ce duel.

La souplesse de la CB s'avère immédiatement imbattable, son 4-cylindres acceptant sans broncher de flâner à 25 km/h sur le sixième rapport. La plage d'utilisation est maximale : du ralenti jusqu'à la zone rouge perchée à un peu plus de 11 000 tr/min ! Imbattable.

Légère ombre au tableau Honda cependant : la poignée de gaz qui présente d'abord un léger jeu, puis fait rapidement grimper le moteur dans les tours sur les premiers degrés d'ouverture, mais demande ensuite une forte inclinaison du poignet pour ouvrir les gaz à toc.

Le CP2, pour sa part, n'accepte qu'à contre-coeur de descendre en-dessous de 2500 tr/min sur les trois derniers rapports. On joue donc plus de l'embrayage et du sélecteur sur la Yamaha, ce qui peut fatiguer à la longue en ville et/ou dans les bouchons.

En revanche, dès que son compte-tours digital dépasse les 3500 tr/min, la MT-07 prend l'avantage : largement plus réactive que la Honda, la Yamaha propulse son pilote en tête de ce duel MNC... et de la circulation en général. Frappe lourde et poids plume : ce cocktail est à consommer sans modération, enfin presque...

En introduction de ce duel, MNC soulevait l'un des bons points de la MT-07 : elle peut être bridée pour les permis A2. Avertissons donc les proprios de MT qui passent de 35 à 74,8 ch : ça "watte" tellement qu'en accélérant à fond sur les deux premiers rapports, la roue avant quitte le sol ! Cela n'arrive jamais sur la Honda.

Alors qu'elle dominait facilement ses adversaires à 4-pattes, la CB se fait aplatir par la bluffante MT aux tests de reprise. Pour 2017, les ingénieurs Honda ont tenté de donner du tonus à leur moto en raccourcissant les rapports de boîte (de la 2ème à la 5ème), mais rien n'y fait : dans les mi-régimes, la CB650F est condamnée à rester - loin - derrière la MT-07.

Pour s'accrocher à la roue de la Yamaha, la Honda doit être sérieusement cravachée. Cette nécessité pourrait expliquer la consommation supérieure d'un demi-litre lors de cet essai : 5 l/100km pour la Honda et seulement 4,6 pour la Yam (soit respectivement 346 et 305 km d'autonomie).

Ce n'est donc que maintenue haut dans les tours que la CB650F pourra éventuellement tenir tête à la MT-07. Mais à ces hauts régimes, les vitesses atteintes sont rapidement inavouables, tandis que les vibrations sont insupportables !

Acceptables jusqu'à 5000 tr/min (110 km/h en 6ème), les grésillements de la CB650F montent des pieds aux fesses, voire aux cuisses - et à l'entrejambes, brrr - si l'on reste collé au réservoir. Pour les liaisons sur autoroute, les essayeurs MNC se sont clairement disputés la MT-07 qui ne distille que de petites vibrations dans les mains !

Un bref passage sur les selles passager permet de percevoir que sur de courtes distances parcourues tranquillement, la Honda - avec ses repose-pieds un peu moins reculés et son assise un peu plus haute - a l'avantage. Mais pour de longues distances avalées à plus haute vitesse, la MT-07 sera plus appréciée des "copilotes".

Devant, le pilote profite sur la MT d'un train avant léger qui apporte entière satisfaction en ville et ses environs, où l'on se contente de "commuter", c'est-à-dire assurer le moto-boulot-dodo quotidien sans rouler comme un dingo. La répartition du poids - plume ! - de la machine lui assure une maniabilité exceptionnelle. On la pilote du bout des doigts, du bassin ou des pieds, au choix !

En agglomération, les suspensions de la Yamaha absorbent sans broncher les ralentisseurs les plus prononcés. Ce n'est pas le cas de la Honda, en particulier à l'arrière où le mono-amortisseur manque de progressivité. Le confort à bord de la MT-07 est donc supérieur : nouvelle victoire de la Yam' !

Sur petites routes viroleuses en revanche, le caractère du train avant de la MT alterne entre le trop nerveux sur les grosses accélérations et le trop mou sur les prises de frein. Monté sur de généreux silentblocs, le guidon finit même par se tordre en avant sur les freinages de trappeur.

Le guidon de la CB fournit à son pilote un appui plus solide. Au niveau des genoux aussi, la Honda et ses plaques de gommes posées sur le cadre permettent au pilote de se caler fermement sur sa moto. On peut alors profiter de toute la puissance des freins avant.

Le freinage est un autre point fort de la CB650F face à la MT-07. La Yamaha s'incline en raison d'une attaque du levier trop spongieuse et d'une fourche trop plongeante qui compliquent le dosage d'une part, et d'une puissance légèrement inférieure de l'autre.

En ce qui concerne le frein arrière, c'est tout l'inverse : la pédale de la Honda est à la fois trop dure et inefficace, quand celle de la Yamaha permet de mieux ralentir la moto à l'approche d'un carrefour ou de corriger une trajectoire en courbe.

Rien à signaler en ce qui concerne l'ABS : une fois n'est pas coutume, ce nouveau duel MNC s'est déroulé dans des conditions idéales ! Le grip des Dunlop D222 montés sur la CB650F et celui des Bridgestone B023 chaussant la MT-07 n'a jamais manqué. Le Journal moto du Net a pu arsouiller à volonté, en toute sécurité !

Les réactions de la Yam' sont plus marquées dans le sinueux : reprendre une pincée de frein sur l'angle ou remettre une savoureuse louche de gaz en sortie perturbe l'assiette de la moto. Ajoutez quelques bosses sur la route et les apprentis "païlotes" risquent de se crisper en essayant de suivre des camarades plus rapides...

Sur ce plan, la Honda qui se montre toujours parfaitement neutre, très équilibrée et bien plus stable, a la préférence de Moto-Net.Com. Contrairement à la Yamaha, la machine ailée met instantanément en confiance et ne déconcerte jamais celui qui essaie de mettre du rythme, même maladroitement.

"Se faire plaisir, tel a été notre mot-clé lors de l’élaboration de cette moto", expliquait le chef de projet Shin Yokomizo à la sortie de la MT-07. Chez MNC, on reconnaît s'être effectivement fendu la poire en faisant se cabrer la MT. Mais nous nous sommes autant régalés à tracer de belles trajectoires aux commandes de la CB...

La nouvelle fourche SDBV (Showa Dual Bending Valve) de 41 mm censée améliorer "à la fois le confort et le comportement" ne nous a pas semblé nettement plus efficace que celle montée sur l'ancienne CB650F. Ce que l'on retient avant tout, c'est qu'elle nous plaît bien plus que celle de la MT-07 !

Qualifié de "léger" lors de notre précédent comparo, l'avant de la CB650F paraît cette fois parfaitement stable, plus physique que celui de la MT-07 à emmener dans les successions de petits virages, certes, mais jamais lourd. D'où l'importance pour Moto-Net.Com et ses lecteurs de multiplier les comparaisons !

Ce nouveau duel s'est d'ailleurs révélé intéressant et surprenant : plus puissante sur le papier mais également bien plus lourde, la nouvelle CB650F brille face à la MT-07 par sa tenue de routes (sinueuses et/ou bosselées), mais se trouve totalement éclipsée en ce qui concerne les reprises à mi-régime.

Au final, les clients ne s'y tromperont pas : la majorité choisira certainement la MT-07 pour ses performances moteur, sa polyvalence et son confort en ville et sur voies rapides, son tarif inférieur et la possibilité de la brider à 35 kW pour valider les deux premières années du permis A.

D'autres motards, moins nombreux, pencheront du côté de la CB650F et n'auront pas tort... et pas le choix même, s'ils souhaitent rouler sur le dernier roadster 4-cylindres 600 - et des poussières - disponible sur le marché !