Duel BMW K1600GTL Vs Honda GoldWing 2018 : la croisière s'affronte...

Sujet à discussion au sein même de la rédaction de Moto-Net.Com, la couleur blanche de nos deux motos d'essai peut être taxée de basique... mais elle a au moins le mérite de placer la K1600GTL et la GoldWing Touring sur un pied d'égalité : il est ainsi plus facile de juger leurs lignes.

Vue de face et de prime abord, la BMW impose sa prestance tandis que la Honda charme par son élégance : la première a des airs de R1200RT amplement bodybuildée avec son carénage particulièrement alambiqué, la seconde reprend les traits de la CTX 1300, les simplifient et les amplifient joliment.

Vu de face toujours, le six-en-ligne incliné de 55° vers l'avant est intégralement caché par le carénage blanc et gris métal de la K16. Cette dernière paraît donc plus élancée que la GoldWing, dont le flat-six déborde abondamment de chaque côté à hauteur d'axe de roue l'avant.

De profil, la distinction entre la "grosse" allemande et la "petite" japonaise s'accentue : côté BMW, on trouve un réservoir bombé (26,5 litres Vs 21,1), une selle monobloc qui surélève toutefois généreusement le passager, puis un top-case excentré tandis que côté Honda, les trois éléments sont plus alignés, à la manière d'un custom.

En passant derrière nos impressionnantes montures - car toutes les deux suscitent le respect -, il n'y a plus de doute possible : la K1600GTL s'apparente à une grande moto de route "à l'européenne", affublée de massives valises et d'un haut top-case, alors que la GoldWing joue la carte de la GT "américano-nippone" aux espaces de rangement bien plus bas, intégrés et immaculés.

Chez MNC, l'arrière de la Honda fait l'unanimité avec sa paire de feux effilés, ses deux sorties d'échappement inox au look travaillé, ainsi que son mastoc pneu arrière de 200 mm. On regrette juste la disparition du troisième feu stop, autrefois placé sur le "top-box" et rassurant lorsque la circulation est chargée, limitant ainsi la vue et l'attention des automobilistes.

Concernant la finition, les deux constructeurs luttent au coude à coude et atteignent un très haut niveau, mais ne sont pas irréprochables. Sur la BMW par exemple, on reste coi devant l'espace béant qui sépare le réservoir de la selle, surtout quand cette dernière est réglée en position haute.

Sur la GoldWing, ce sont les nombreux éléments d'habillage en plastique brut et noir qui font tache en comparaison de ceux peints en gris ou chromés sur la K16. En revanche, les marchepieds de la Gold s'attirent les félicitations du jury MNC, car ils sont aussi accueillants dépliés que rutilants une fois rangés ! D'autres détails partagent encore les avis...

Ainsi, les petites boutons noirs d'ouverture des valises et du top-case sur la Honda font infiniment plus "Premium" que les grosses serrures de la BMW. À l'inverse, la molette montée sur la gauche du guidon de la K16 est plus commode que celle postée sous le nez du pilote de la GL18... et non sous l'une de ses mains !

Au terme de ce premier tour - statique ! - du propriétaire, il est donc difficile de départager la récente K1600GTL et la toute nouvelle GoldWing Touring 2018. Moto-Net.Com n'a pas le temps de tergiverser : il faut préparer les affaires et de lever l'ancre, direction Le Havre...

Allemagne 4 - 1 Japon

À ce stade précis, le match tourne au net avantage de la BMW : autrefois largement battue par la GoldWing en matière de capacité d'emport (l'ancienne Honda offrait 150 litres de rangement, la nouvelle seulement 110), la K1600GTL mène désormais clairement sur ce terrain, 4 casques à 1...

Le nouveau top-box de la Gold n'accepte effectivement qu'un seul de nos casques (intégral taille M et modulable taille L) alors que le top-case de la BMW accueille les deux sans causer le moindre souci. La K1600GTL augmente le score en abritant un casque dans chacune de ses valises, ce qui permet de loger un gros sac dans le top-case...

Si la contenance des valises de la toute nouvelle GoldWing est tout à fait respectable, leur forme tarabiscotée empêche d'y placer un casque ! Avec la nouvelle Gold, un seul passager peut donc profiter de pauses ou de promenades à pied les mains libres. Vous avez dit incroyable ? C'est pourtant vrai.

La K1600GTL enfonce le clou en matière de praticité grâce à son accastillage entièrement amovible : on peut lâcher les valises et laisser le top-case en semaine pour aller au boulot, puis les boucler directement dans sa chambre le vendredi soir avant de les fixer - aisément - sur la moto pour partir en vadrouille le week-end !

Les responsables Honda ont beau prétendre que les utilisateurs de GoldWing s'éloignent rarement plus de deux ou trois jours de chez eux, ils mériteraient tout de même un peu plus d'attention. Sur la "Béhème", le top-case est éclairé par une petite LED et tapissé de moquette alors qu'on ne trouve ni l'un ni l'autre dans le top-box de la Honda...

Les larges tableaux de bord offrent l'ensemble des informations nécessaires aux longs périples : jauge à essence, autonomie théoriques et trips, pression des pneus... En revanche, seule la GoldWing intègre de série un système de navigation par GPS ! La K1600GTL n'est que "préparée" à recevoir le boîtier Navigator 6, facturé 832 euros (la BMW reste alors bien moins chère que la Honda).

On regrette que le bel écran couleurs de 7 pouces de la nouvelle GoldWing ne soit pas tactile : entrer une adresse précise dans le GPS à l'aide du "joystick" central s'avère un peu fastidieux. De même, valider avec le bouton "ENT" du commodo gauche n'est pas des plus évidents lorsqu'on porte de gros gants. Chez MNC, on préfère manier la molette de la K1600.

La facilité d'emploi de la molette BMW a toutefois ses limites : convaincus à juste titre de l'efficacité de cet anneau qui gouverne toutes les infos, les ingénieurs allemands ont limité au minimum les touches raccourcis. On n'en trouve qu'une à droite du guidon pour le mode moteur, une à gauche pour les trips, et quatre pour la sono sur le carénage gauche.

Sur la Honda, la présence de commandes directes pour régler le chauffage de la selle ou des poignées, baisser le volume de la radio ou revenir au menu de l'ordinateur de bord simplifient parfois la vie du pilote. Accessoires pour certains motards, déterminants pour d'autres, l'accueil du smartphone et son jumelage via Bluetooth sont bien plus fastoches sur la Gold.

Bienvenue à bord !

Le vaste vide-poche central de la Honda peut abriter les plus grands des téléphones actuels. A contrario, dans le petit espace de rangement du carénage droit de la BMW - avec mousse protectrice, "bitte schön" -, seuls les smartphones compacts trouvent refuge et peuvent être rechargés. Une prise jack permet de faire passer du son.

Petite déception sur la GoldWing pourtant équipée de la fonction "Apple Car Play" : l'iPod nano de MNC était bien reconnu une fois branché sur USB, ses chansons apparaissaient même avec leurs informations et images... mais elles ne pouvaient être jouées ! "What The Flûte ?" risquent de tousser les amateurs de - la marque à la - pomme !

Les préparatifs ainsi faits, Moto-Net.Com s'installe - enfin ! - à bord des motos. En raison de sa selle passager très haut perchée, la K1600GTL exige de la part du pilote une plus grande souplesse. De même, relever la BMW de la latérale ou la descendre de la centrale demande un peu plus de force.

MNC rapporte tout de suite que les deux machines sont relativement simples à poster sur leur béquille centrale livrée de série : un peu de synchronisation entre la jambe et les bras ainsi qu'un brin de tonus suffisent. Attention tout de même, avant de se lancer, d'avoir correctement positionné les motos sur leurs deux pattes : la BMW de 350 kg et la Honda de 379 kg ne se manient pas "à la légère" !

Guidon en main et pieds fermement ancrés au sol grâce à des hauteurs de selle raisonnables, le pilote contredirait volontiers les chiffres annoncés par les constructeurs : avec son flat-six au ras du sol, la GoldWing parait plus légère que la K1600GTL. L'assiette latérale du vaisseau est plus facile et reposante à gérer lors des manœuvres au port parking.

La position de conduite est aussi plus naturelle sur la GoldWing : les repose-pieds plus bas et plus avancés que sur la K1600GTL plient les jambes à angle droit. Le guidon de la Honda, moins long et moins cintré, s'attrape et se manie plus facilement. La compacité de la nouvelle GL1800 lui confère une prise en main plus évidente que l'ancienne Gold, plus aisée que la K16.

Sur la BMW, les grands doivent placer la selle en position haute pour gagner en confort (ils peuvent aussi tricher un peu en avançant au maximum les pieds contre le bas-moteur). Le haut du corps est parfaitement droit et le dos est mieux calé contre le généreux dosseret, mais la direction davantage déportée et le poids placé plus haut intimident plus au départ.

Sur l'une comme sur l'autre, les genoux sont très bien accueillis et les mains bénéficient de leviers réglables en écartement, à tribord pour le frein comme à bâbord pour l'embrayage. Le fessier, en revanche, préfère la selle de l'allemande, davantage rembourrée sur l'arrière et un peu plus évasée sur l'avant.

Avant de s'élancer "en avant toute" sur les routes de Normandie, Moto-Net.Com enclenche sur quelques mètres la marche arrière des deux paquebots. Plus bruyante - le moteur turbine alors à 2000 tr/min -, la BMW recule de manière moins saccadée que la Honda. Malgré leurs menus défauts, ces assistances seront très appréciées des pilotes !

À l'inverse, les aides au démarrage en côte passent pour des gadgets : si en voiture certains conducteurs se mélangent parfois les trois pédales, à moto la gestion des deux leviers et de la poignée de gaz ne pose en général aucun souci. MNC enclenche le premier rapport et vous, chers lecteurs, pouvez cliquer sur la page 3 de ce duel !