Duel Aprilia Shiver 900 Vs Ducati Monster 797 : roadster sauce vénitienne ou bolognaise ?

En s'installant sur la Shiver 900, le pilote est agréablement surpris : sous ses airs de moto sportive aux lignes anguleuses se cache toujours un roadster accueillant et bien agencé. Le tout premier contact est bon puisque la selle n'est pas trop haute, correctement rembourrée et bien dessinée.

Les repose-pieds, en revanche, sont postés un peu haut et en arrière. Pour autant, même les pilotes aux longues jambes ne râlent pas longtemps : le fait que les cuisses se calent parfaitement contre la partie évasée et parfaitement plane du réservoir relègue la flexion des genoux au second plan.

Enfin, le guidon est placé relativement haut et l'écartement des mains est raisonnable (50 cm mesurés par Moto-Net.Com). Le pilote se tient donc naturellement droit sur sa machine et apprécie l'absence totale d'appui sur les poignets.

En face, sur la Monster 797, l'ergonomie se révèle bien différente. L'accueil est plus sec de prime abord, en raison de son assise plus dure, étroite et courte. De même, si le guidon de la Ducati est aussi large que celui de l'Aprilia (80 cm d'un bout à l'autre), il écarte plus les mains (53 cm).

En outre, le guidon de la Ducati, plus bas et en avant, incite le pilote à davantage incliner le buste et charger les poignets. À l'inverse, si le haut du corps est positionné comme sur un Streetfighter (vous vous souvenez, le 1098 ?), le bas semble s'installer à bord d'un Scrambler.

Les pieds sont plus avancés et un peu plus bas aussi que sur la S900. Mais ce qui dérange le plus Moto-Net.Com sur la M797, ce sont la découpe du réservoir trop haute - donc peu utile - et les bourrelets formés par le cadre, qui gênent le bas des cuisses. L'Aprilia, qui cachait bien son jeu, est donc plus confortable.

En mettant le contact, on s'aperçoit également que la Shiver 900 est plus moderne : son tout nouvel écran TFT couleurs de 4.3 pouces diffuse un message d'accueil "qui claque sa mère" et donne surtout une petite fessée au LCD en noir et blanc de la Monster 797...

Naviguer dans les menus et paramétrer l'Aprilia via ses commandes au guidon est très intuitif. Il est par exemple très facile de changer de cartographie ou de mettre l'ATC "en mode Off". Les "d'jeuns" pigeront vite le truc. Si vous n'y arrivez pas, désolé, c'est que vous êtes officiellement "ieuv"...

Les informations sont très nombreuses sur le roadster de Noale, incluant notamment les consommations instantanée et moyenne, le temps de roulage, les vitesses maxi (!) et moyennes sur les deux trips. La vitesse et le rapport engagé s'affichent en grand, le régime moteur en plus petit. Il ne manque au final qu'une donnée importante : la jauge d'essence !

Comme l'Aprilia, la Ducati n'indique pas à son utilisateur le niveau d'essence dans son réservoir. Mais ce n'est pas la seule info qui manque sur la moto de Bologne : elle fait aussi l'impasse sur l'indicateur de rapport engagé pourtant pratique, notamment pour les nouveaux permis A2.

L'instrumentation "à l'ancienne" de la nouvelle "Mostro" est moins fournie : compte-tours, vitesse, odomètre, deux trips, temps de roulage, température moteur, horloge... et "basta" ! À ce stade du duel, l'Aprilia possède un net avantage sur la Ducati. Mais un argument de poids va inverser la balance...

Italie du Nord Vs Italie... du Nord !

La Shiver 900 est effectivement victime d'un poids doublement élevé : en enlevant la béquille latérale de cette moto du nord de l'Italie du Nord, MNC s'aperçoit non seulement que son poids est supérieur à celui de sa frangine venue du sud de l'Italie du Nord - si vous trouvez plus con, n'hésitez pas à contacter notre essayeur -, mais qu'il est aussi placé plus haut.

Les 25 kg d'écart entre les deux motos sautent véritablement aux yeux bras et jambes du pilote ! La Monster 797 est nettement plus facile à manoeuvrer, surtout pour les petits gabarits pas très aguerris. Du coup, on lui pardonne son diamètre de braquage trop important : 6,78 m pour faire demi-tour !

Le roadster Aprilia a beau virer 40 cm plus court, les motards qui se sont entraînés des heures durant sur les parcours lents et rapides du permis de conduire au guidon d'une MT-07 ou d'une Z650 préfèreront largement la fluette Ducati et sa 193 kg tous pleins faits !

Avant de démarrer les moteurs, signalons le triste match nul des deux italiennes sur le terrain "pratique" : aucune des deux ne permet d'embarquer le moindre gilet jaune ! Ce dernier - obligatoire, rappelons-le - ainsi que les éventuels bloque-disque ou U, pantalon de pluie ou kit de réparation de pneu sont priés de trouver refuge ailleurs...

Certes, la Ducati dispose d'une prise USB sous la selle, mais son intérêt pour l'utilisateur est très relatif : il faudra en effet conserver son smartphone dans sa poche de blouson pendant une éventuelle recharge et ne pas oublier le fil en descendant... Pour alimenter un GPS, il faudra faire courir le fil le long du cadre (sur) chauffé par le moteur ? Bof...

Les moteurs, justement. Au ralenti, le V-Twin à 90° possède une sonorité plus crapuleuse que celle du L-Twin. Les coups de gaz sur l'Aprilia sont plus sonores que sur la Ducati : ce ne sont pas des sourdines qui ont été soudées à la sortie des pots, mais des amplificateurs !

La bande-son de la S900 surpasse donc celle de la M797 et de son petit pot bas, sans pour autant verser dans la surenchère. Avec l'Aprilia, il est à la fois possible de circuler en ville sans se faire remarquer, puis de vadrouiller en rase campagne en écoutant le doux chant des oiseaux les joyeuses pétarades des pots, notamment à la coupure des gaz !

Mais revenons en milieu urbain, au pied du MNC State Building où nous débutons ce roulage... La prise en gants de la Shiver 900 est censée être facilité par les deux leviers réglables. Dans les faits néanmoins, les motards aux petites mains risquent de trouver les écartements mini encore un peu grands.

Sur la Ducati, seul le levier de frein avant peut être réglé : grands et petits seront satisfaits. À gauche, la commande se trouve à une distance standard et grâce à l'APTC, l'effort pour débrayer sur le Monster est moindre que sur la Shiver : on fatigue moins dans les bouchons.

À l'inverse, l'embrayage de l'Aprilia se montre plus progressif que celui de la Ducati. Sur cette dernière, les premiers démarrages demanderont aux nouveaux permis un peu plus de concentration car le point de patinage est plus délicat à saisir et à entretenir.

Question passages de vitesses toujours, le motard a le choix entre la boîte plus rapide et moins bruyante de la Shiver 900 ou la sélection un peu moins sèche de la Monster 797. Dans les deux cas, les motos trottent à 50 km/h à 3000 tr/min sur le 3ème rapport...

En agglomération, il est possible d'enclencher le sixième et dernier rapport sur la Ducati : son moteur "à air" accepte de descendre à 2000 tr/min puis de repartir sur un filet de gaz. Sur l'Aprilia, le moteur "à eau" préfère être maintenu au-dessus des 2500 tr/min.

Plus souple donc, et plus légère, la Monster 797 n'est toutefois pas la plus alerte : les reprises dans les bas régimes sont nettement plus efficaces sur la Shiver 900 ! Dès 3500 tr/min, l'Aprilia - qui ne cube pourtant que 93 cc de plus et accuse un surpoids de 25 kg - accélère fort et lâche la petite Ducati.

Contre toute attente, la Ducat' se révèle un peu paresseuse sous 5500 tr/min. Au-delà, la Rouge de Bologne profite d'une hausse de peps de la part de son "Desmodue", qui ne lui permet toutefois pas de suivre le rythme de la Rouge de Noale... et encore moins de remonter dessus !

Outre les performances moteur à bas et mi régimes, quelques kilomètres - hectomètres ! - effectués en zone urbaine suffisent également pour cerner les points qui différencient les deux italiennes en termes de partie cycle. Là encore, il n'y a pas de confusion possible... La suite en page suivante !