A Paris, Le Début de l'A. de Pascal Rambert met en scène à la Comédie française une émouvante Ducati 999S tandis qu'à New York, l'artiste Norma Jeane expose dans Body Proxy une redoutable Yamaha R1 dotée de capteurs infrarouges...
De New York à Paris, la moto dans toute la puissance de son pouvoir évocateur est actuellement à l'affiche de deux créations contemporaines : Le Début de l'A., une pièce écrite et mise en scène par Pascal Rambert (jusqu'à dimanche au Studio-Théâtre de la Comédie française à Paris) et Body Proxy / RPM, une création de Norma Jeane (jusqu'au 26 mars au Swiss Institute de New York).
Body Proxy / RPM
Dans son exposition Body Proxy, l'artiste Norma Jeane - née à Los Angeles dans la nuit du 4 au 5 août 1962, au moment même où disparaissait Marylin Monroe - se consacre aux "représentations du corps" et propose une "lecture du corps comme une entité devenant abstraite". En réalité, les seuls corps présents sont ceux des visiteurs qui interagissent avec les oeuvres.
Pièce maîtresse de l'exposition, une menaçante Yamaha R1 grise est tapie dans l'ombre, moteur et feux éteints, reliée à des capteurs infrarouges. Lorsqu'un visiteur s'approche, le moteur se met en marche.
Et plus le corps étranger s'approche de la moto, plus le monstre mécanique se déchaîne. Il monte dans les tours, "rugit comme un animal dans un bruit assourdissant", et ne se calme que lorsque le visiteur s'éloigne peu à peu, jusqu'à couper complètement le contact. De puissants ventilateurs se mettent alors en marche pour tenter de refroidir la bête tandis que l'artiste explique que "le gaspillage d'énergie, l'excès et l'association érotique entre l'attraction et la répulsion forment les éléments essentiels de ce travail".
Le Début de l'A.
A Paris, malgré son apparent dénuement, la pièce de Pascal Rambert - magnifiquement interprétée par Alexandre Pavloff (Pascal, le Parisien à la flèche) et Audrey Bonnet (Kate, la Contactée) - risque de remuer violemment les cordes sensibles de quiconque a déjà connu le début d'une histoire d'amour...
Dans un décor blanc éclairé au néon, évoquant tour à tour le calme fragile d'une chambre d'hôpital ou la violence rugueuse d'un entrepôt industriel, trône une splendide Ducati 999S. Rouge, bien sûr. Un couple d'amants, tous deux vêtus du même tee-shirt blanc col V, du même 501 brut trop long et de la même paire de New Balance bleues et blanches, se parlent sans se voir, s'attendent et se désirent, se craignent mais se mettent à nu.
Lui à Paris, elle à New York, ils sont séparés par l'océan Atlantique et par la 999, seul élément de décor avec ses lignes parfaites et sa robe rouge immaculée, qui trône, impassible et fièrement dressée, entre les deux amants.
"Et cette moto au milieu de la scène, c'est quand même très mystérieux !", s'interroge une jeune spectatrice émue aux larmes après la séance... "Elle peut représenter beaucoup de choses, je ne sais pas", poursuit-elle : "c'est la puissance de leurs liens, la force de leur histoire, elle est rouge comme leur désir, comme le sang dont ils parlent, comme l'intensité de leurs sentiments ou la fulgurance de leur amour. C'est plein de choses, je ne sais pas. C'est un peu ce qu'on veut, en fait !"
Et si c'était justement ça, la moto ? La pièce se termine malheureusement dimanche soir, mais Moto-Net vous invite à surveiller attentivement une éventuelle reprise près de chez vous !
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