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MOTOGP 2016 - ARAGON (14/18)
Paris, le 26 septembre 2016

Déclarations et analyse du GP d'Aragon MotoGP 2016

Déclarations et analyses du GP d'Aragon MotoGP 2016

Après chaque course Moto GP, retrouvez les déclarations des principaux pilotes de la catégorie reine et l'analyse de leurs succès (et de leurs échecs) par la rédaction de Moto-Net.Com. Débriefing du Grand Prix moto d'Aragon 2016.

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Déclarations des pilotes et analyse MNC

Marc Marquez, Honda-Repsol (1er en qualifs et 1er en course) : "Je ne suis pas très bien parti mais j’ai attaqué dès le premier tour parce que je savais que j’avais un meilleur rythme. Mon objectif était de partir devant dès le début et de mener durant toute la course pour que Rossi ne puisse pas me suivre. J’ai cependant fait une erreur et j’ai perdu le contrôle du train avant".

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"J’ai ensuite décidé de bien chauffer le pneu, de rester calme et de petit à petit reprendre mon rythme. Quand j’ai doublé Valentino, j’ai attaqué fort durant deux tours pour creuser l’écart et ensuite gérer mon avance. Je suis très content, c’est un très bon résultat parce que Rossi revenait petit à petit sur les dernières courses".

L'analyse Moto-Net.Com : Intouchable. Marc Marquez était tout simplement au-dessus du lot en Aragon, circuit qu'il adore mais sur lequel il ne s'était plus imposé depuis son arrivée en MotoGP en 2013. Les éditions suivantes, l'officiel Honda avait tâté du bitume malgré sa vitesse évidente : son record absolu établi en 2015 en 1'46.635 le confirme ! Marquez renoue avec la gagne pour la première fois depuis le GP d'Allemagne en juillet dernier. Ce succès - son premier en Espagne depuis le GP de Valence 2014 - est par ailleurs signé sur le sec, ce qui ne lui était pas arrivé depuis le GP des Amériques à Austin… en avril !

Cette longue période sans dominer, le leader du championnat l'a traversé avec sagesse, acceptant de faire le dos rond pour engranger des points. Le catalan a mûri, comme il l'a expliqué ce week-end : "J'ai réalisé qu'on ne pouvait pas gagner un championnat durant la première partie de la saison, mais qu'on pouvait en revanche le perdre, comme je l'ai fait l'an dernier", explique l'officiel Honda, qui demande à son équipe de lui répéter plusieurs fois par jour de rester sur ses roues pour l'aider à canaliser sa rage de vaincre.

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Car Marc Marquez "le stratège" a beau assurer devant les caméras être prêt à prolonger son attitude défensive, quitte à remporter le titre sans gagner d'autres courses jusqu'à Valence, cet attaquant-né éprouve en réalité toutes les peines du monde à se retenir de partir bille en tête quand les feux s'éteignent. Ce tempérament de gladiateur, Marquez "le bagarreur" le contient difficilement, comme ce week-end en Aragon. D'abord en manquant de très peu de finir au tas dans les premiers tours, puis en doublant assez virilement Jorge Lorenzo durant sa remontée : le n°93 était prêt à tout pour s'imposer sur ce circuit qu'il avait de son propre aveu marqué d'un "point rouge" sur son calendrier.

"Je n'ai pas bien calculé, et j'étais un peu près de lui", concède le large leader au championnat, qui a déjà chuté treize (13 !) fois cette saison, mais uniquement pendant les essais. "Heureusement, tout s'est bien passé. Je lui ai fait un signe pour m'excuser". Avec cette victoire, Marc Marquez prend un avantage potentiellement décisif sur ses rivaux : non seulement en les dominant en termes de nombre de succès (4 contre 3 pour Lorenzo et 2 pour Rossi), mais aussi en accroissant considérablement son avance sur les Yamaha Boy's, désormais relégués à 52 points pour Rossi et 66 pour Lorenzo alors qu'il ne reste que quatre courses à disputer…

Jorge Lorenzo, Yamaha-Movistar (3ème en qualifs et 2ème en course) : "J’ai fait deux tours de mise en grille afin de re-tester les deux options dont nous disposions en termes de pneus, et je me suis de suite senti plus à l’aise avec le pneu dur. Mon instinct, ajouté à cette chute du matin, me disait de changer le choix que j’avais fait initialement, et d’opter pour l’option pneu dur".

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"C’est ce que j’ai fait, mais je ne m’attendais pas à monter sur le podium pour autant. Je pensais terminer au mieux sixième ou septième, la course nous réserve parfois des surprises. Ce fut un week-end difficile, mais ce genre de situations vous permettent parfois de rebondir".

L'analyse Moto-Net.Com : Jorge Lorenzo a rongé son frein tout le week-end, critiquant l'excès de rigidité des pneus Michelin spécifiquement conçus pour le GP d'Aragon comme lors de chaque course durant laquelle la solution pneumatique la plus dure est recommandée. Mal à l'aise avec ces gommes dures, le majorquin est même parti à la faute durant le warm-up, ce qui lui arrive rarement…

Fermé, un rien bougon, le champion en titre ne pensait pas être en mesure de jouer devant… jusqu'au tour de formation durant lequel il a soudainement éprouvé de bonnes sensations avec la gomme dure à l'arrière. Un coup de chance comme il le reconnait volontiers, puisque cette opportunité résulte de sa chute au warm-up : "mon crash m'a obligé à faire des tours de chauffe avec les deux motos, l'une avec le pneu dur, l'autre en médium. D'habitude sur le sec, cela n'arrive jamais" (par sécurité, le mulet est préparé et ses pneus rôdés pendant le warm-up, NDLR).

Et si le n°99 s'est in extremis ravisé, c'est aussi parce qu'encore une fois, les gommes françaises ne se comportaient pas exactement de la même manière que pendant les essais, caractéristique que Marc Marquez - entre autres - pointe régulièrement du gant : "après la course Moto2 le dimanche, le grip est différent et le comportement des pneus n'est plus le même", analyse le n°93.

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Dominé en première partie de Grand Prix, Lorenzo est ensuite monté en puissance jusqu'à venir déloger Valentino Rossi de la deuxième place. Passé devant son coéquipier, le majorquin s'est ensuite efforcé de le contenir et reconnait avoir eu un deuxième coup de chance quand le Docteur s'est emballé au freinage…

"À chaque tour, je me sentais mieux, je pouvais freiner plus tard. J'ai pu revenir sur Maverick, puis sur Valentino. Ensuite j'ai passé Rossi, mais j'ai baissé un peu le rythme et il est resté dans ma roue. J'ai eu de la chance qu'il fasse son erreur au freinage, car autrement, je pense que nous nous serions battus jusqu'au dernier virage", reconnaît-il, conscient de la difficulté du défi qui s'annonçait si Rossi était resté dans son sillage.

Grâce à cette deuxième place, le n°99 revient à 14 petites longueurs de son coéquipier (182 points contre 196), à qui il irait bien taxer la deuxième place du championnat durant les dernières courses. La tension manifeste entre les deux hommes, montée d'un cran suite à leur virulent échange lors de la conférence d'après-course à San Marin, n'a pas finit de retomber !

Valentino Rossi, Yamaha-Movistar (6ème en qualifs et 3ème en course) :  "Le début de la course était très marrant, c'était une belle bataille. J'ai vu que Márquez a eu des difficultés dans le virage n°7 et qu'il a perdu du temps, et j'espérais un problème avec son pneu avant ! Quand j'étais devant, j'avais un bon rythme, j'essayais de pousser au maximum, mais malheureusement ça n'a pas été suffisant".

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"Nous sommes partis avec un set-up différent de celui de Lorenzo, en prévision d'être solides en deuxième partie de course, et j’ai essayé de rester rapide dans les derniers tours mais la moto glissait beaucoup trop. Au final c’était pareil pour tout le monde mais j’ai fait une erreur au freinage à deux tours de l’arrivée, je suis sorti de piste et c’est dommage parce que j’aurais pu me battre pour la seconde position. Je suis quand même content de finir sur le podium".

L'analyse Moto-Net.Com : "Il faudrait un miracle pour battre Marc demain", prévoyait Valentino Rossi, un rien fataliste, au soir des qualifications. A la décharge de l'italien l'officiel Honda avait dominé pratiquement toutes les séances d'essais - sauf la FP2, menée par Pedrosa - et venait de claquer la pole avec quelque six dixièmes d'avance sur Vinales et Lorenzo. Difficile de se montrer optimiste dans ces conditions, surtout que Rossi s'est quant à lui qualifié en bout de deuxième ligne, à 0,834 sec de la pole…

En course pourtant, l'italien s'est comme à son habitude transcendé jusqu'à décrocher le deuxième meilleur chrono du Grand Prix en 1'48.729 dans son sixième tour, à seulement 0,035 sec du record du tour en course posté par Marc Marquez dans son 15ème passage en 1'48.694. Témoin de l'alerte de Marquez dans le virage n°7, Rossi y a vu une opportunité de renverser la situation à son avantage : le n°46 est opportunément passé en tête en espérant que son rival reste derrière, en priant pour qu'il soit sujet à des problèmes de pneu avant.

Mais l'officiel Honda est revenu comme une torpille, fort de son gros rythme affiché pendant les essais. Plus contrariant encore : Jorge Lorenzo est lui aussi parvenu à le rejoindre et le doubler, le privant de quatre points précieux dans sa lutte pour combler l'écart au provisoire. Malgré un rythme proche de son coéquipier, Rossi n'a pas pu contre-attaquer comme il le souhaitait et a même du élargir pour éviter d'accrocher Lorenzo lors d'un freinage trop tardif à l'entame d'un virage serré extrêmement complexe, car bosselé, en devers et abordé à vive allure.

"Je suis arrivé trop vite et j'ai préféré redressé et partir dans le dégagement, sinon on aurait pu se toucher et ça aurait été un désastre", commente le transalpin qui n'a pas pu s'empêcher d'ironiser en ajoutant avoir à ce moment davantage craint les polémiques que n'auraient pas manqué de provoquer un accrochage avec Lorenzo que l'accident en lui-même !

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Même si cette troisième place est une bonne performance pour lui en Aragon, circuit qu'il n'apprécie guère, elle creuse encore plus profond son retard sur Marquez. Surtout, elle marque la fin d'une série de quatre courses durant lesquelles il a repris des points à l'officiel Honda : cette fois, Rossi en a concédé neuf sur Marquez, qui possède désormais plus de deux victoires d'avance. A l'arrivée, l'espagnol se réjouissait par ailleurs autant d'avoir gagné que d'avoir stoppé la progressive remontée de l'italien.

En bon compétiteur, le Docteur veut continuer à espérer tant que "c'est mathématiquement possible", mais il reste lucide : "c'était déjà difficile d'y croire avec 43 points de retard, ça l'est évidemment plus avec 52". Outre cet aspect qui explique sa mine contrite à l'arrivée, Valentino Rossi s'inquiète de l'incapacité de Yamaha à s'imposer depuis déjà sept courses : la dernière victoire d'une M1 remonte en effet à Barcelone début juin avec Rossi aux commandes… Soit plus de trois mois à voir Honda collectionner les victoires (5), mais aussi Ducati et Suzuki signer leur premier succès (en Autriche pour la Desmosedici et à Silverstone pour la GSX-RR). Quant à Lorenzo, il ne s'est plus imposé depuis le Mugello fin mai ! Pour le nonuple champion du monde, il y a urgence à réagir en vue de la fin de saison mais aussi de la prochaine. L'ironie de la situation est pourtant que la Yamaha est, de l'avis général, la moto la plus équilibrée et homogène du plateau !

Maverick Viñales,Suzuki-Ecstar (2ème en qualifs et 4ème en course) : "Je suis content du rendement que j’ai eu en piste aujourd’hui et j’ai fait une bonne course. Je me suis donné à 100% et je ne pouvais pas faire plus".

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"J’ai commencé à perdre en grip et j’ai fait quelques erreurs mais je tiens à remercier toute l’équipe pour le travail qui a été fait. J’ai roulé avec les meilleurs durant la première partie de la course et nous allons continuer à travailler pour pouvoir rester avec eux".

L'analyse Moto-Net.Com : Maverick Viñales l'a finement joué durant les premiers tours, profitant de l'âpre bagarre entre Marquez et Lorenzo pour se faufiler en tête. L'espagnol s'est appliqué à rester sur un gros rythme pour tenter de reproduire son échappée victorieuse de Silverstone, tout en sachant qu'il n'avait pas la constance nécessaire malgré son choix pneumatique identique à celui de Marquez (dur à l'avant et à l'arrière, contre médium à l'avant et dur à l'arrière pour Rossi et Lorenzo).

L'espagnol de 21 ans s'est sans surprise vite fait contrer, pénalisé par la baisse graduelle du grip offert par sa GSX-RR au fil des tours. Malgré de gros progrès, la Suzuki continue à user d'avantage et plus rapidement ses pneumatiques, surtout à l'arrière : "la roue se bloquait souvent au freinage et j'ai par conséquent commis beaucoup d'erreurs".

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Le potentiel grandissant de la Suzuki est néanmoins corroboré par la très bonne septième place de son coéquipier, Aleix Espargaro (ci-dessus), juste devant la Yamaha Tech3 de Pol Espargaro. A ce stade, les résultats de la GSX-RR indiquent qu'elle se montre à son aise sur des tracés rapides comme Aragon, bien aidée par son excellent châssis et son 4-cylindres en ligne aux performances dorénavant égales à celles des meilleurs. Les Suz' dépassées de toutes parts dans les lignes droites, c'est désormais du passé !

Visuellement, on peut aussi voir que cette moto paraît très agile et vive sur les changements d'angle, plus que les Yamaha. En Aragon, seul Marc Marquez fondait plus rapidement que Vinales au point de corde … mais ça, aucun autre pilote Honda n'est capable de le réaliser !

Cal Crutchlow, Honda-LCR (5ème en qualifs et 5ème en course) :  "J’ai eu quelques difficultés au départ pour bien mettre mes pneumatiques en température. Cela aura été un problème récurrent tout au long du week-end, avec des gommes dures qui donnaient leur rendement maximal immédiatement et d'autres non. Je suis ensuite parvenu à faire la jonction avec Dani, Dovi et Aleix mais avec la vitesse de notre moto nous n'avions aucune chance. J'ai vraiment fait tout mon possible pour être en mesure de me battre avec eux dans les premiers tours et de les doubler mais Dani avait une accélération bien supérieure à la mienne dans les sorties de courbes et je ne pouvais pas maintenir le même rythme. J'ai donc dû patienter un bon nombre de tours avant de prendre le meilleur sur lui et je sentais en fin d'épreuve que j'avais un rythme similaire à celui des pilotes qui me devançaient mais il était malheureusement trop tard".

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"L’équipe LCR Honda a réellement accompli un travail remarquable pendant trois jours et je pensais réellement pouvoir m'immiscer sur la première ligne hier mais j'ai commis une erreur. J'avais le sentiment aujourd'hui d'avoir la possibilité de me battre pour une place sur le podium mais je n'ai pas été en mesure d'accrocher le bon paquet dans les tous premiers tours de course. En MotoGP, la sanction est immédiate lorsque vous ne figurez pas aux avant-postes dès les premiers instants et il est alors vraiment compliqué de revenir au contact des leaders. Ça aura malgré tout été une course au cours de laquelle je me suis fait plaisir et nous sommes satisfaits car terminer une épreuve MotoGP à Aragón dans le Top5 n’est pas négligeable mais j'aurais bien évidemment préféré monter sur le podium !"

L'analyse Moto-Net.Com : Depuis qu'il a adopté un nouveau châssis sur sa Honda - par ailleurs rejeté par Marquez et Pedrosa -, Cal Crutchlow a renoué avec les avant-postes : le natif de Coventry enregistre un nouveau Top 5 et finit premier pilote satellite pour la cinquième fois en six courses. Plus marquant encore : Crutchlow passe sous le drapeau à damiers devant la RCV officielle de Dani Pedrosa, qu'il est allé rejoindre puis doubler après avoir pourtant perdu du temps au départ…

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Cette performance notable lui permet d'occuper la sixième position du classement provisoire et la place de premier pilote privé avec 105 points, avec respectivement 44 et 50 unités de retard sur Vinales et Pedrosa qui le précèdent. Satisfait d'avoir limité la casse sur un circuit qu'il redoutait, Cal Crutchlow repart pourtant d'Espagne avec la déception d'avoir raté un podium qu'il sentait à sa portée après des essais prometteurs mais perturbés par une chute de l'avant en qualifications.

Dani Pedrosa, Honda-Repsol (7ème en qualifs et 6ème en course) : "Malheureusement, nous n'avons pas obtenu un bon résultat aujourd'hui car nous avons connu une course très difficile. D'abord, je n'ai pas pris un bon départ (ce qui est rare : l'espagnol est un spécialiste des envols canons, NDLR) puis je ne parvenais pas à sortir des virages avec une bonne vitesse, ce qui a été mon plus gros problèmes pendant les premiers tours. Je ne pouvais pas accélérer en sortie de courbes et j'ai perdu du terrain sur les hommes de tête".

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"J'ai essayé de gérer cela du mieux possible mais après quelques tours j'ai commencé à rencontrer un souci avec mon pneu avant. J'ai ressenti une vibration et quand la course s'est terminée, il était évident qu'il y avait un problème à ce niveau. J'ai essayé de me battre avec Crutchlow mais mon rythme était trop lent. C'est désolant mais nous devons désormais regarder devant nous".

L'analyse Moto-Net.Com : Comment expliquer que Dani Pedrosa remporte avec brio le GP de San Marin au début du mois puis termine la course suivante modeste sixième à 17 secondes du vainqueur, en l'occurrence son coéquipier sur une moto et des pneus équivalents ? L'irrégularité du n°26 interpelle autant qu'elle inquiète, surtout quand une RCV privée le coiffe au poteau comme ce week-end…

L'une des raisons de cet écart tient - encore une fois - aux Michelin, devenus cette saison l'un des principaux vecteurs de performances : à Misano, "Pedro" s'est illustré grâce à un pari gagnant, celui de partir en pneu tendre. Impossible de réitérer ce coup de poker en Aragon, d'autant que la gomme utilisée en Italie a été mise de côté par Bibendum faute de convenir à la majorité des pilotes. Pire encore : le pneu avant du n°26 lui a fait défaut, phénomène aussi rencontré par Andrea Dovizioso (lire par ailleurs) !

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Jorge Lorenzo, lui aussi souvent désagréablement surpris par les Michelin, apporte un éclairage intéressant sur la situation de son compatriote, pour l'instant crédité de seulement trois podiums dont une victoire en quatorze courses et jamais placé en pole position… Soit la plus mauvaise saison de Dani Pedrosa depuis son arrivée en MotoGP en 2006, loin de ses 7 victoires et 5 pole décrochées lors de sa meilleure campagne en 2012.

"Cette saison, les courses sont imprévisibles : personne ne s'attendait à ce que Dani s'impose à Misano", rappelle Lorenzo. "Et ici, on pensait qu'il serait dans la roue de Marc et il termine sixième, assez loin de lui. Ce championnat est ainsi fait qu'au premier tour, on ne sait pas vraiment où on va terminer la course", estime le majorquin, parmi les plus critiques quant au manque de constance des pneus français.

Quatrième du classement provisoire - sa position finale en 2011, 2014 et 2015 -, Dani Pedrosa précède de six petites longueurs l'officiel Suzuki Maverick Viñales, dont le talent allié à la progression de sa moto laissent augurer encore quelques courses terminées aux avant-postes. Après quatorze manches disputées, l'écart entre le n°26 et son coéquipier devient abyssal : Marquez possède 93 points d'avance sur Pedrosa, soit l'équivalent de presque quatre victoires ! 

Alvaro Bautista, Aprilia-Gresini (14ème en qualifs et 9ème en course) : "C'est un bon week-end pour nous qui se termine par un double Top 10. J'ai ressenti de bonnes sensations à chaque séance d'essais et nous avons fait du bon travail. C'est en FP4 que j'ai pris conscience que nous avions un rythme régulier, même avec les pneus usés".

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"Je me suis battu avec Hernandez et Dovi, en parvenant ensuite à les dépasser, puis je suis resté derrière Pol dont les chronos étaient similaires aux miens. Depuis Misano, nous avons fait un pas en avant et je tiens à remercier l'équipe".

L'analyse Moto-Net.Com : Alvaro Bautista s'immisce dans le Top 10 pour la troisième fois consécutive sur l'Aprilia RS-GP, dont les évidents progrès ne sont pas passés inaperçus en Aragon : l'espagnol et son coéquipier Stefan Bradl terminent devant la Ducati officielle de Dovizioso et à quelques encablures seulement de l'excellente M1 Tech3 de Pol Espargaro !

Jusqu'ici en complet chantier, l'Aprilia semble désormais bénéficier d'une base stable dès les premières séances d'essais. Un test privé récemment effectué à Valence a aussi permis de valider un nouveau bras-oscillant visiblement à même d'offrir la motricité qui faisait défaut à la MotoGP italienne. Reste encore à résoudre d'autres soucis comme de parvenir à réduire le poids, toujours légèrement supérieur aux 157 kg autorisés, et à trouver de meilleurs ajustements électroniques.

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Concernant le V4 de Noale, en revanche, sa puissance paraît désormais à la hauteur de ses rivaux, du moins si l'on en juge par sa capacité à faire galoper la RS-GP : Bautista signe la quatrième meilleure vitesse de pointe de la course à 337,4 km/h, soit seulement 5 km/h de moins que la moto la plus rapide, la Ducati de Dovizioso (343,6 km/h) ! Aprilia peut même s'enorgueillir d'avoir "tapé" la Honda de Marc Marquez (337,5 km/h) et les Yamaha de Rossi (336,9 km/h) et Lorenzo (336,1 km/h).

Andrea Dovizioso, Ducati (4ème en qualifs et 11ème en course) : "Je me vraiment mal par rapport au résultat d'aujourd'hui car nous avons bien travaillé tout le week-end, avec un très bon samedi durant lequel nous avions trouvé un très bon rythme de course. Et en partant de la quatrième place, j'étais certain de pouvoir me battre pour le podium, d'autant que le warm-up nous a confirmé que nous étions compétitif par rapport à nos rivaux".

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Malheureusement, le pneu avant a perdu de l'adhérence au bout de seulement quatre tours et cela a créé de nombreux problèmes, à commencer par de fortes vibrations. J'ai été contraint de ralentir mon rythme car j'étais préoccupé par cette situation et j'ai perdu beaucoup de places dans les derniers tours. Nous devons essayer de comprendre les raisons de ce problème avec Michelin, car terminer 11ème en partant 4ème est vraiment décevant".

L'analyse Moto-Net.Com : Week-end noir pour Ducati en Aragon ! Victime d'un pneu avant jugé défectueux entraînant les mêmes soucis que Pedrosa, Andrea Dovizioso termine onzième à 32,448 sec du vainqueur alors qu'il s'était qualifié 4ème. Le pilote officiel finit avec trois secondes d'avance sur Michele Pirro, le rapide testeur de la marque qui remplace Iannone sur la deuxième moto d'usine.

Outre ce souci de pneu rencontré par "Dovi", toutes les motos de Bologne ont souffert d'un manque de motricité en Aragon, poussant même ses pilotes à opter pour le pneu médium à l'arrière quand les leaders s'élançaient avec la solution dure en prévision de la fin de course. Cela n'a pas suffit, et le fait est qu'aucun autre pilote Ducati n'est parvenu à doubler Dovizioso malgré ses difficultés avec son train avant…

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A cette déception s'ajoute pour Ducati celle de l'accrochage entre Danilo Petrucci et Scott Redding, les deux coéquipiers de son team privé Pramac… Tassé par l'italien dès le premier tour dans le virage n°12, Redding est parti tâter du bitume avec pour conséquence immédiate de ruiner sa course : le britannique termine courageusement dernier à 1min34.

"Petrux", selon Redding trop souvent impliqué dans ce type de situation, a pour sa part écopé d'un passage par la voie des stands pour son attitude, pour la deuxième fois en l'espace de cinq Grands Prix. L'auteur de la bévue finit à la 17ème position, à 56 secondes du vainqueur.

"Je suis dégoûté, il n'est même pas venu s'excuser", a lâché Scott Redding, très fâché contre son coéquipier qu'il qualifie "d'abruti sans cerveau". Ambiance… En toile de fond de cette dispute se tient aussi la perspective d'hériter d'une meilleure Desmosedici en 2017 : les équipiers savent que Ducati attribuera cette version au meilleur de l'équipe et que l'autre repartira avec du matériel proche de cette année, comme ce sera le cas chez Avintia (Barbera pilotera une GP16, Baz une GP15).

Loris Baz, Ducati-Avintia (20ème en qualifs et 18ème en course) : "Ce week-end m’a aussi servi d’entrainement physique en préparation de la tournée outre-mer. Nous savions depuis le début du week-end que cela allait être compliqué. J’ai mal partout, car j’ai beaucoup compensé mon manque de force au pied avec les bras. Globalement, je pense que j’ai eu moins mal au pied que ce que j’avais pensé. En revanche, il m’a beaucoup gêné, non par la douleur, mais plutôt par le fait que je n’avais pas de force. La course a vraiment été dure physiquement. Nous sommes néanmoins parvenus à aller jusqu’au bout et nous avons rassemblé un tas de données pour les prochains Grands Prix".

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"Nous n’avions pas de grip, mais je pense que cela a plus ou moins concerné toutes les Ducati. Je pensais souffrir davantage sur la distance de la course, mais je ne termine pas si loin de mon coéquipier et c’est une bonne chose, par rapport à ma condition physique. D’ici au Japon, je vais continuer à m’entraîner pour récupérer de la force et je vais faire plusieurs séances de kiné. Je me rendrai à Magny-Cours pour soutenir mon ami Jérémy Guarnoni. Nous ne savons pas encore à nous attendre à Motegi, mais je suis relativement confiant".

L'analyse Moto-Net.Com : En arrivant en Aragon, Loris Baz savait qu'il allait souffrir : ses blessures au pied droit sont encore beaucoup trop sensibles pour lui laisser espérer qu'il en irait autrement. Le haut-savoyard a donc abordé le week-end en serrant les dents, se faisant masser après chaque séance et en trempant son pied dans la glace dès sa descente de sa Ducati Avintia (photo ci-dessous).

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Au final, sans recourir aux antidouleurs, Loris estime s'en tirer convenablement alors qu'il ne pouvait pratiquement pas se servir de son pied droit, moins douloureux qu'il le craignait mais quasi inerte faute d'entraînement. Le n°76 finit la course "cramé", car contraint de reporter son effort sur ses bras et son autre jambe. Déjà que piloter une MotoGP de plus de 260 ch n'est pas une promenade de santé à 100% de sa condition physique…

Cap sur la tournée du Pacifique !

La prochaine course, le Grand Prix du Japon, se déroulera du 14 au 16 octobre sur le circuit du Motegi. Cette épreuve prévue dans le fief de Honda (le circuit appartient au blason ailé) marque la première étape de la traditionnelle tournée du pacifique et ses trois courses consécutives : Japon, Australie et Malaisie.

Cette 15ème manche du championnat sera aussi le théâtre du retour chez Yamaha Tech3 du britannique Bradley Smith, opéré des ligaments du genou droit à la fin du mois d’août après s’être blessé pendant les essais des 8 Heures d’Oschersleben lors de sa pige sur la R1 du team Yamaha Austria.

"C'était un vrai challenge pour moi d'assister aux courses depuis mon canapé, je suis content que cette période soit terminée", se réjouit Smith, remplacé pendant son absence par Alex Lowes qui a lui aussi dû déclarer forfait en Aragon suite à une chute en essais libres. Décidemment, Tech3 n'est pas verni actuellement !

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