Déclarations et analyse du Superbike à Imola

Hier soir à Imola, l'unique pilote à être pleinement satisfait de cette septième épreuve du championnat WSBK 2013 était Tom Sykes. En effet, les quatre pilotes qui l'ont accompagné sur le podium ont tous connu une galère en course dimanche : pépin technique pour Guintoli, chutes pour Giugliano, Rea et Laverty...

De même, Melandri et ses compatriotes Fabrizio et Badovini comptaient faire mieux que de la simple figuration, tout comme les outsiders Davies et Camier, ou nos petits français Baz et Cluzel ! Nul besoin de compter : "malheureusement" est sans doute le terme le plus employé dans leurs déclarations des adversaires de Sykes (lire la première page de cet article).

Après celui de Donington Park il y a un mois, le Ninja n°66 a donc connu un nouveau week-end parfait : Superpole le samedi - sa sixième consécutive ! - transformée le lendemain en deux implacables victoires, avec record du tour en course à la clé. Tout roule pour "Major Tom", Thank you very much !

Sykes le bienheureux

"Glaçage sur le pudding", Super Sykes profite de l'abandon de Guintoli en première manche pour s'emparer des commandes du championnat Superbike, une grande première dans la carrière du pilote anglais. Les Verts sont aux anges : le dernier pilote Kawa' à avoir mené au classement s'appelait Scott Russel. C'était en 1994 !

En 2013 c'est incontestable, Tom Sykes est le meilleur pilote du plateau. Sa sérénité, alors que Giugliano tentait de se faire la malle dans les cinq premiers tours de la première manche, et son contrôle absolu lors des 15 tours suivants passés en tête, puis durant les 21 de la seconde manche étaient impressionnants.

Sans sa faute d'inattention lors du tour de formation de la seconde manche portugaise (lire notreAnalyse du WSBK à Portimao), la démonstration de Super Sykes aurait des airs d'humiliations pour ses rivaux : Super Sykes aurait pu étendre sa série de podium à onze unités...

Peu importe, cela fait bientôt un an que Sykes domine le Superbike mondial. En récoltant 50 points ce dimanche, Tom accède à une première place au provisoire amplement méritée... et l'on souhaite bien du courage à ses rivaux pour l'en déloger !

Au championnat constructeur néanmoins, Aprilia domine toujours et si la firme d'Akashi remonte, elle est encore à 30 longueurs de celle de Noale (289 points contre)... BMW a cédé ce week-end sa deuxième place à Kawasaki et compte 52 points de retard sur le leader italien. Honda totalise 138 points, Suzuki 122 et Ducati seulement 96 !

Les défenseurs du constructeur de Bologne feront remarquer qu'il est le seul des six compagnons du World Superbike à engager une nouvelle moto cette année. Le manque de roulage cet hiver - en partie à cause de la mauvaise météo - se fait d'autant plus cruellement sentir.

Ducati au fond du trou

De leur côté, leurs détracteurs rétorqueront que les ingénieurs de Borgo Panigale n'ont que ce qu'ils méritent ! Ducati prend le pari de se différencier nettement de ses concurrents et doit pleinement assumer les conséquences d'une telle stratégie avec laquelle "ça passe ou ça coince"...

Justement, si la 1198 et son "vieux" bicylindre monté dans un treillis tubulaire en acier fonctionnaient à merveille, la Panigale et son bicylindre à course ultracourte logé sous un cadre monocoque n'arrive à rien, pour l'instant (lire MNC du MNC du 26 juin 2013 La Ducati 1199 Panigale roulera débridée ).

Offusquant pour certains observateurs du WSBK, réjouissant pour d'autres, le "débridage" du 1199 n'a finalement pas changé grand chose à l'affaire. Notons à l'inverse que le lest de six kilogrammes présent sur la Ducati l'an dernier n'avait nullement empêché Checa de remporter le doublé à Imola : comme quoi, "quand on est bon, on est bon" ! Et quand on ne l'est pas ? On bosse.

"On a vraiment beaucoup de travail à abattre durant les prochains tests afin de savoir comment améliorer la situation", approuve un Carlos visiblement déboussolé dans ses réglages en essais, et écarté du Top 10 en course (11ème puis 12ème).

Énormément déçu par ce week-end sur ses terres - le "Toro" n°7 avait remporté cinq des huit dernières courses à Imola -, Carlos Checa reproche à sa monture un manque de traction et d'agilité... Deux points qui faisaient justement toute la force de la 1198 !

Giugliano : le seul, l'unique !

Titré dans les catégories Superbike et Superstock en 2011 avec cette 1198, l'équipe Althea ne regrette donc surement pas d'être passé chez l'ennemi juré de Ducati : Aprilia ! Leur poulain, Davide Giugliano, a d'ailleurs signé un meilleur résultat que les deux RSV4 officielles sur sa machine privée !

"Nous avons prouvé que nous avions d'excellents réglages et Davide a été capable de les exploiter de la meilleure manière qui soit", souligne le Big Boss Genesio Bevilacqua. Comme l'expérimentée équipe Alstare avec la Ducati, l'équipe Althea découvre une nouvelle moto cette année... mais quelle moto !

Aux commandes de son RSV4 n°34, Giugliano a été le seul à suivre le rythme imposé par Tom Sykes. L'ancien champion de Superstock s'est même permis de devancer l'imbattable Ninja en début de première manche, qu'il finit à une excellente deuxième place, devant Laverty Himself.

Pendant la revanche, Davide a perdu l'avant alors qu'il suivait encore Sykes comme son ombre. Les fans du Romain regrettaient donc que le World Superbike - qui comprend déjà deux courses par dimanche - n'inclue pas une "belle", qui aurait permis à tous d'apprécier plus longtemps le style agressif, pour ne pas dire bourrin, de leur idole !

Soulignons enfin que Davide Giugliano a été le seul pilote italien à avoir pu saluer son public du haut - ou presque ! - du podium. Fabrizio espérait faire de même mais une panne de son Aprilia pendant la Superpole l'a empêché de transformer des essais prometteurs et de se battre pour le podium...

La RSV4 n°50 aussi a fait le coup de la panne, mais en pleine course ! Trahi par son moteur, Sylvain Guintoli n'a pas pu terminer la première manche. Ses trois confrères sur Aprilia, eux, ont tous eu droit au Top 5 et aux gros points correspondants. Vous avez dit rageant ?

Sylvain Guintoli a donc inscrit sa première bulle de la saison... Est-ce un drame ? Pas vraiment. En observant les tableaux des résultats des années précédentes, on s'aperçoit même qu'il s'agit plutôt d'un passage obligé. Ses grands rivaux au championnat, Sykes et Laverty, ont eux-mêmes enduré un voire deux soucis techniques en début de saison.

Notre Guinters s'est bien rattrapé en seconde manche, décrochant la troisième place, derrière l'inatteignable Sykes et l'impayable Rea ! Attention toutefois de ne pas trop laisser filer les points et les manches : Sylvain a beau dire que le combat reste long, on franchira à Moscou le cap de la mi-saison !

Laverty pour sa part s'est planté tout seul en première manche. Cette erreur lui vaut d'être relégué à 45 points du nouveaux leader, alors que son coéquipier français n'accuse pour le moment qu'un retard de six unités.

Plus loquace sur Twitter qu'au micro de l'attaché de presse Aprilia, "Youdjine" explique qu'il avait parfois l'impression d'être scotché en sortie de virage "comme si le limiteur de vitesse dans la voie des stands était enclenché". Contraint de forcer pour se refaire au freinage, il aurait franchi la limite de son Pirelli... "Malheureusement".

Quatrième du classement provisoire des pilotes avec un déficit de 53 points - soit plus d'un doublé ! - Marco Melandri n'est pas à proprement parlé "passé inaperçu" ce dimanche. On lui doit en effet deux des plus belles batailles : l'une en première manche face à Laverty, l'autre en seconde face à son farouche coéquipier.

Néanmoins, l'absence de Marco sur les deux podiums a sans doute déçu bon nombre de ses admirateurs qui s'attendaient à le voir briller aussi fort qu'à Monza (1er et 2ème) ! L'épreuve de Saint-Marin n'étant plus au programme en 2013, le n°33 a perdu la dernière occasion d'être acclamé par ses compatriotes cette saison. Dommage.

BMW reste au pied du podium

Melandri n'est pas effondré pour autant. Il calcule qu'avec ses deux quatrièmes places (26 points), il est remonté de 10 longueurs sur les deux pilotes officiels Aprilia. Le Hérisson transalpin n'insiste pas sur les 14 points que Sykes lui a mis dans la vue. Chaque chose en son temps : après tout, même Ravenne ne s'est pas faite en un jour ! D'abord les Aprilia Boys, ensuite le Ninja...

Andrea Dosoli, directeur technique du team semi-officiel BMW Italia, se satisfait pour sa part du fait que ses deux pilotes (Melandri et Davies), ont été en constante progression, séances après séances. Il admet toutefois qu'il lui reste de la Ciabatta sur la planche : Marco n'a pas assez confiance en son train avant et Chaz manque de traction à l'arrière. Par où commencer ?

Le team Honda Pata doit aussi poursuivre ses efforts, car il suit la bonne direction : celle du podium ! Si Rea n'en a récolté que trois depuis le début de saison, celui gravi en seconde manche à Imola était son deuxième en seulement trois courses.

Les CBR1000RR ont nettement progressé ce dernier mois puisqu'elles arrivent désormais à tenir la dragée haute aux RSV4, ZX-10R et S1000RR dans les relances et accélérations. Déjà très stable dans les phases de freinage et en pleine courbe, la Fireblade est capable de rouler aux avant-postes, et d'y rester malgré l'usure de ses pneus.

Même pas mal

Félicitons au passage le courage de Leon Haslam qui a terminé hier ses deux manches - dans le Top 10, please - alors qu'il n'avait plus rallié l'arrivée depuis la deuxième épreuve du championnat à Aragon, suite à une vilaine blessure juste en -dessous du genou.

Pendant que son coéquipier Johnny amusait la galerie - en première manche surtout ! -, Leon s'appliquait du mieux qu'il pouvait... C'est à dire pas beaucoup, puisque Baz en première manche, puis Cluzel et Badovini en seconde n'ont cessé de lui chercher des crosses !

"J'ai l'impression d'avoir fait une course de 24 heures en solo", gazouillait le n°91 en allant se coucher hier soir... Ce matin au réveil, le constat n'était pas plus probant : "j'ai l'impression de m'être fait renverser par un bus. Envoyez la journée entière d'essai" !

Impressionnée par l'attitude de Leon ces dernières semaines, son équipe lui a rendu hommage sur son propre compte Twitter : "26 avril : jambe gauche éclatée en morceaux, 30 juin : fin de la deuxième course à Imola. Respect".

Loris Baz doit lui aussi être chaleureusement félicité. Tout d'abord pour sa formidable figure - ou celle de sa Ninja plutôt - accomplie lors de l'ultime phase de Superpole. Particulièrement fier de son "shoot", Bazooka relaie d'ailleurs sur son facebook un lien vers l'étourdissante séquence vidéo (voire la vidéo ci-dessous).

Blague à part, notre "Géant Vert" a fait preuve d'une remarquable détermination pour décrocher les neuvième et sixième places des manches italiennes. Jules Cluzel aurait aimé faire de même, mais Imola n'était vraisemblablement pas à son goût...

Le circuit de Silverstone, prochain arrêt du World Superbike, siéra sans doute mieux à notre "Coq Supersportif" ! En effet, notre cher n°16 y a déjà remporté deux courses : il y a trois ans en Moto2 - son unique victoire dans la catégorie - et l'an dernier en World Supersport.

Gageons qu'aux commandes de sa GXSX-R1000 de plus en plus affutée, Jules atteindra le Top10. Rendez-vous le 21 juillet donc, pour suivre en quasi-direct la manche anglaise du WSBK. Restez connectés !