Déclarations et analyse du Superbike à Assen

Le vice-champion du monde de Superbike 2012 est bel et bien de retour ! Diminué par une blessure en Australie - il avait bien failli louper l'épreuve d'ouverture de Phillip Island -, Tom Sykes avait entamé son "come back" il y deux semaines à Aragon en signant sa première Superpole de la saison et en montant sur le podium en seconde manche...

Vendredi sur le mouillé et samedi lors de la Superpole, le pilote Kawasaki confirmait son retour aux affaires en humiliant ses adversaires sur une piste d'Assen particulièrement exigeante envers les pilotes ! Or le festival s'est poursuivi dimanche midi..

Sykes is back

En première manche, les rivaux de Sykes n'ont pas vu le jour... Seul Jonathan Rea, auteur d'un meilleur départ que Tom, s'est permis de poster sa Fireblade devant la Ninja sur quelques hectomètres, après quoi le n°66 a pris les rênes de la course pour ne plus jamais les lâcher.

Impressionnant de maitrise mais surtout de constance, Tom Sykes a porté son avance à quasiment 10 secondes en fin de course, ne s'autorisant à rendre les gaz que dans l'ultime boucle. Dire qu'il y a encore un an, le Ninja anglais frustrait ses fans par ses départs canon et ses fins de course à l'agonie !

Seul pilote à être descendu sous les 1' 36 en course, Tom Sykes apporte donc la preuve irréfutable que la gestion des pneumatiques sur les ZX-10R, nettement améliorée à la fin de la saison 2012, est désormais parfaitement assimilée par les Verts.

Certes, Eugene Laverty a empêché Sykes d'obtenir son premier doublé, en pariant sur une nature de gomme légèrement différente, ce qui a permis à l'Irlandais de rester confortablement dans l'aspi' de l'Anglais durant la majorité de la course et de le surprendre en toute fin de parcours.

Mais le n°66 n'a pas tout perdu, loin de là : il effectue la meilleure opération du week-end en récoltant 45 points sur les 50 maximum. Tom Sykes double ainsi sa mise au championnat et se propulse à la deuxième place des "charts" avec un total de 83 points, soit autant que Chaz Davies et Eugene Laverty...

Laverty a donc été la grande surprise du dimanche après-midi. Trahi par sa RSV4 alors qu'il menait la première course à Aragon - quelques secondes après que Sykes ait abandonné à cause d'un souci technique sur sa propre ZX-10R ! -, et victime d'une chute lors de la seconde manche espagnole, "Youdjine" souhaitait oublier son double zéro.

C'est ce qu'il a su faire à Assen, en tirant profit de son irréprochable Aprilia et en canalisant au mieux sa fougue légendaire, notamment en seconde manche où le n°58 a livré une course pleine de sagesse et de mesure... puis d'attaque pure !

Il fallait avoir foi en ses compétences et en celles de sa machine pour suivre à la trace l'homme le plus rapide du week-end (Tom Sykes, who else ?) et ouvrir les hostilités trois tours avant le baissé du drapeau à damier ! Sans une petite ruade de la ZX-10R d'ailleurs, la victoire aurait pu échapper à Eugene.

Mais le pilote Aprilia flirtait avec les limites : tenter de le dépasser signifiait se sortir, ce qu'a fait - de quelques centimètres à peine - le pilote Kawasaki... À ce niveau de la compétition, la victoire se joue à peu de choses. Sykes, qui a loupé le sacre l'an dernier pour un demi-point, le sait mieux que personne !

De l'autre côté du box Aprilia, la journée de dimanche s'est finalement plutôt bien déroulée. Tout d'abord, Sylvain Guintoli a gratifié ses supporters de deux fins de courses particulièrement intenses. Magistral en première manche, le Frenchie n'a pas réussi en seconde manche à étendre sa superbe série de podiums à huit...

Les Aprilia toujours là

Outre ses cinq premiers podiums cette année, "Guinters" avait en effet achevé sa saison 2012 - un brin décousue, rappelez-vous - sur deux podiums, "chez nous" à Magny-Cours ! Dépassé par trois concurrents dans les ultimes boucles de la deuxième course néerlandaises, Sylvain affichait néanmoins un large sourire sur le podium, puis sur Twitter !

"Sentiments mitigés aujourd'hui à Assen. Un nouveau podium et une bataille épique en première course avec Jonathan Rea et Eugene Laverty", postait @SylvainGuintoli en descendant de la troisième marche. "En deuxième course, j'ai détruit mon pneu avant en freinant comme une brute pour remonter. Incapable de me battre jusqu'au bout :D".

"Mais attention, tout n'est pas mauvais : je mène le championnat de 28 points", faisait remarquer Sylvain (111 points au compteur), qui contrairement à ses trois principaux rivaux, a marqué des points à chaque course depuis le début de l'année.

"J'ai hâte d'essayer de battre le record de vitesse en WSBK à Monza sur la RSV4", concluait notre n°50 préféré. Pour mémoire, ce record appartient à Tom Sykes : 339,5 km/h au guidon de sa Kawasaki sur le même tracé italien, à l'aspi' de Max Biaggi !

Malgré son gabarit hors du commun - du commun des pilotes de vitesse moto ! -, Loris Baz pourrait bien être le prochain recordman de vitesse puisqu'il parvient de mieux en mieux à prendre la roue des plus grands pilotes - "grands" par le talent cette fois...

P1, P2, P3, Kawa !

Promu en World Superbike au milieu de la saison dernière (en remplacement du malheureux Joan Lascorz, lire MNC du 11 mai 2012), le rookie français ne cesse d'impressionner. Impérial sur le mouillé et le "séchant" en 2012, il est aujourd'hui aussi efficace sur le sec.

Ce premier podium dans ces conditions "normales" atteste des progrès de géant - vert, forcément - accomplis par le n°76 tricolore durant les essais hivernaux. Moins rapide que Tom "Superpole" Sykes sur un seul tour, notre "Bazooka" bombarde presqu'aussi bien que son coéquipier en course.

Loris totalise désormais 58 points, ce qui le vaut une superbe 6ème place au classement provisoire. Son nom figure devant ceux de Fabrizio, Melandri, Giugliano, Checa ou Camier notamment. La prochaine épreuve étant programmée à Monza, un circuit taillé pour les 4-cylindres surpuissants, Baz a d'excellentes chances de continuer à bien performer....

Son souci de manque de chauffe du flanc droit sur son pneu arrière ne devrait pas se représenter : la parabolique suivie de la longue ligne droite de Monza fera naturellement grimper la température... Les gommes Pirelli sont d'ailleurs attendu au tournant !

Notre troisième représentant, Jules Cluzel, luttera davantage aux commandes de sa Suzuki. Les hommes de Yoshimura, qui ont en charge du développement moteur des GSX-R1000 de l'équipe Fixi Crescent, savent que c'est de leur travail que dépendront presque intégralement les réussites de Jules et de son coéquipier Leon Camier.

Mais les deux pilotes Suzuki comptent naturellement sur l'ensemble de leur équipe pour leur fournir des motos fiables et rapides en Italie, ce qui n'était malheureusement pas le cas ce week-end aux Pays-Bas, ni pour l'un, ni pour l'autre...

Déjà handicapé par une vilaine entaille au genou gauche, "Kamir" n'a pas pu prendre part à la seule séance qualif' disputée sur le sec. Écarté de facto de la Superpole, le n°2 anglais a été contraint de partir du fin fond de la grille ce dimanche : ses 9ème et 7ème places en course ne sont donc pas à proprement parler de mauvais résultats !

Pépins plus ou moins durs à avaler

De son côté, Jules Cluzel n'a pas pu terminer la seconde course néerlandaise en raison d'un problème électronique. Ce souci technique est survenu alors qu'il occupait "sa" huitième position et chahutait joyeusement avec son coéquipier. Dommage.

Chaz Davies, lui, se félicitait hier soir de l'efficacité de ses mécanos et de la solidarité de ceux de Marco qui n'ont pas hésité à donner un coup de main à leur collègues. On note que l'ironie a voulu que le n°33 abandonne avant même le départ de la première manche !

Le formidable travail des équipes BMW Italia Goldbet a tout de même permis au Gallois de prendre le départ de la première course malgré une moto éparpillée par petits bouts, façon puzzle, lors du warm-up matinal.

Pour rappel, chaque pilote de World Superbike n'a le droit de posséder qu'une seule moto complète dans son garage, ce qui oblige les mécanos à bosser d'arrache-pied en cas de grosse casse. Voilà qui explique la satisfaction de "Chazie" au sujet de son Top 5 en deuxième manche, un résultat plutôt inespéré selon lui en partant de la 13ème place sur la grille aux commandes d'une toute "nouvelle" moto !

Honda et Ducati à la traine

Carlos Checa pour le coup, roule sur une moto tout à fait nouvelle : la 1199 Panigale ! Or l'Italienne continue de jouer les divas. La Ducati semble pourtant bien née : en configuration Superstock, la Belle de Bologne ne rougit pas face aux bêtes que sont la S1000RR HP4 et la ZX-10R.

À Assen, circuit qui privilégie le pilotage et la partie-cycle plutôt que les performances moteur, Eddi La Marra et Niccolo Canepa ont même réussi à terminer la course STK1000 dans le même dixième de seconde que Sylvain Barrier : Eddi devant, Niccolo derrière !

En catégorie Superbike en revanche, le constat est bien moins reluisant pour la firme italienne. Même Carlos Checa Himself, champion WSBK 2011 avec la 1198, a lutté pour atteindre la dixième place lors des deux courses aux Pays-Bas !

Or l'Espagnol se plaint ouvertement du train arrière de sa machine, alors que cette dernière est justement censée tirer son épingle du jeu au moyen de son inédit châssis monocoque, inspiré du MotoGP... où Ducati est à la peine, tiens, tiens !

Quant au bicylindre 1200 cc "Superquadro", il manque encore de vitesse dans les bouts droits par rapport à ses concurrents 1000 cc à quatre pistons... La différence devrait être plus frappante encore dans deux petites semaines à Monza : Checa, Badovini et Neukirchner auront encore du mal à y accrocher le Top 10, sur le sec en tout cas... Car sous la pluie, sait-on jamais, Ducati pourrait bénéficier d'un nouveau "coup de pole"?!

Pas de bol en revanche pour Leon Haslam qui s'est cassé la jambe vendredi suite à une grosse chute sur le mouillé au guidon de sa CBR1000RR. L'Anglais comptait sur l'épreuve à domicile de son équipe Honda Pata Ten Kate pour récolter de gros points et recoller au championnat. Au lieu de ça, le n°91 est passé aujourd'hui sur le billard... (sale) affaire à suivre.

Son coéquipier Jonathan Rea a davantage profité de ce passage à Assen, mais il n'a cependant pas réussi à décrocher son habituelle victoire (qu'il avait doublé en 2010). Deuxième derrière l'imbattable Tom Sykes en première manche puis quatrième d'une seconde manche fort animée, le n°65 grimpe à la 5ème place du classement général et compte 48 points de retard sur Guintoli, 20 sur ses compatriotes Laverty, Davies et Sykes.

À Monza, Johnny devra faire de son mieux pour ne pas se faire larguer - sur la piste comme au classement provisoire - par le quatuor de tête et céder le moins de points possible à Baz, Fabrizio et Melandri disposent de motos diablement rapides et que Rea précède d'un rien au championnat.

Rendez-vous dans deux semaines en Italie donc, pour suivre la quatrième épreuve du championnat du monde Superbike 2013 : restez connectés !