Déclarations et analyse du Superbike à Assen

Avant d'examiner les performances des principaux acteurs de la troisième épreuve du World Superbike 2014, Moto-Net.Com se doit de souligner le formidable sang froid dont a fait preuve la direction de course lors de la seconde manche, hier après-midi...

En effet, la pluie - qui avait déjà joué les trouble-fêtes samedi à la fin de la deuxième session de Superpole - a considérablement compliqué la taché des organisateurs en apparaissant durant le tour de chauffe sur une piste encore humide par endroit, en raison des averses matinales.

La confusion devenait totale alors que plusieurs pilotes préféraient rejoindre directement leurs stands, plutôt que de s'installer sur la grille afin de prendre part à cette course déclarée - à juste titre - "sèche" quelques minutes plus tôt, sur des pneus slick donc, mais sur une piste de plus en plus glissante !

La sécurité avant tout

Après quelques secondes de battement, la direction choisissait pour des raisons évidentes de sécurité d'interrompre la procédure. Lancée un quart d'heure plus tard, la deuxième course "humide" du WSBK 2014 aux Pays-Bas était stoppée au bout de trois tours seulement...

Averti d'un geste de la main par Sylvain Guintoli, alors en tête, que l'absence de visibilité sur la piste devenait trop dangereuse (les mêmes conditions avaient entrainé le tragique accident d'Antonelli à Brno l'an dernier) , la direction de course prenait en effet la sage décision de sortir à nouveau les drapeaux rouges et de patienter un nouveau quart d'heure avant de relancer les hostilités.

Or les trois inspections du circuit effectuées par les membres de la "commission de sécurité" des pilotes composée Guintoli, Rea, Melandri et Laverty, à bord des "Safety Car" Alfa Roméo, ont incité les responsables de l'épreuve à reporter de près de deux heures (au total) le nouveau départ de la seconde course, limitée à 10 tours.

Malgré les sifflets du public et la pression des diffuseurs TV, la direction de course a veillé en priorité à assurer aux valeureux pilotes des conditions de piste satisfaisantes en termes de sécurité, intéressantes sur le plan sportif et captivantes en ce qui concerne le spectacle !

Sur ce dernier point, Sylvain Guintoli doit à son tour être félicité par MNC. Trop tendre à notre goût lors des courses à Aragon - facile à dire quand on est planqué derrière son clavier ! -, "Guinters" a fait preuve d'une admirable fougue à Assen, qui lui a permis de remporter la première manche.

Le pilote n°50 d'Aprilia a su se lâcher dès le début de la course, postant le meilleur temps de la journée (1’ 36,440) dans sa troisième boucle et larguant tous ses adversaires, y compris le "Roi d'Assen" Jonathan Rea et le "Roi du World Superbike" Tom Sykes.

La casse moteur de la Buell de Geoff May a sans doute simplifié la tâche de notre Frenchie adoré, sur qui Tom Sykes revenait en fin de parcours. Mais plus qu'à la chance, c'est à son départ canon que Guintoli doit sa deuxième victoire de la saison.

Le n°50 du team Aprilia Racing signale par ailleurs que le travail de son équipe, visant à améliorer le comportement de son RSV4 Factory par températures basses, est pour beaucoup dans sa réussite. Il avait beau faire hier matin (10h30, au départ de la première manche) 15° dans l'air et 14° sur le tarmac, l'Italienne n'a pas tremblé !

Guintoli gagne et se plante en beauté

En seconde manche en revanche, l'Aprilia a laissé tomber Sylvain, au sens propre, à la remise des gaz du "paf" de la chicane qui commande la ligne droite. À trop essorer la poignée pour doubler Jonathan Rea dans le bout droit ou sur les freins, Sylvain s'est retrouvé les quatre fers en l'air...

Néanmoins, du Guinto' qui se satellise - sans heurt ouf ! - pour la gagne, on en redemande presque ! Et le principal intéressé aussi puisqu'il signait hier soir un "tweet" sans équivoque : "même si tout ne se passe pas exactement comme prévu, le sentiment que l'on a lorsqu'on a fait de son mieux vaut le coup". À méditer.

Reparti courageusement sur sa moto légèrement amochée, le Frenchie est remonté en l'espace de sept tours de la 18ème à la 9ème place, récoltant au passage 7 points qui pourraient se révéler primordiaux en fin de saison, et lui ont permis en attendant d'accéder à la deuxième place du classement général !

Troisième du provisoire avec 93 points (contre 96 pour Guintoli), Loris Baz comptait rester au contact de son chef de file Tom Sykes, premier du championnat avec un total de 108 points. Pour tout dire, le n°76 du team Kawasaki Racing pouvait même espérer remonter sur son leader !

Deuxième lors des trois dernières courses (à Phillip Island puis Aragon), Bazooka espérait débloquer son compteur de victoire 2014 ce dimanche à Assen. Mais, notre Bazooka s'est légèrement enrayé en première manche et n'a curieusement pas profité des délicates conditions de piste en seconde manche.

Habituellement si à l'aise et impressionnant sur piste humide, que ce soit après le passage d'une légère averse ou sous des trombes d'eau, le "Géant Vert" paraissait bien emprunté aux commandes de sa ZX-10R et n'a pu obtenir que la 7ème place du sprint de dimanche après-midi.

"En première manche j'ai tout simplement fait une course de mer***!", témoigne limpidement le jeune pilote sur sa page FaceBook, "et je n'ai pas pu partir avec les deux premiers... Le drapeau rouge m'a empêché d'arracher la dernière marche du podium".

"En deuxième manche j'ai fait de mon mieux en prenant cette 7ème place dans des conditions horribles", poursuit Loris, "et je suis heureux de terminer après avoir du me battre pour ne pas chuter ! Ca ira beaucoup mieux à Imola". Attention, chose promise... Chose due !

Superbaz plus rapide que les MotoGP

Baz repart tout de même d'Assen avec la satisfaction d'avoir signé sa première Superpole en WSBK et instauré un nouveau record du circuit. "Le temps posté par Loris Baz pour remporter la Superpole est assez intéressant souligne malicieusement Giorgio Barbier, directeur course chez Pirelli Moto.

Outre les progrès réalisés par ses pneumatiques - il était tout de même temps de balayer le record de Rea datant de 2010, non ?! -, la Superpole de Superbaz permet d'attester du - très - haut niveau de compétitivité des gommes italiennes.

En effet, le chrono de 1' 34,357 inscrit par notre compatriote au guidon de sa Superbike Kawasaki est plus bas que celui de Cal Crutchlow aux commandes de son proto Yamaha de MotoGP : un 1' 34,398 obtenu dans des conditions météorologiques semblables (piste sèche, 16° dans l'air et 18° au sol) qui l'avait hissé en pole position du GP d'Assen 2013 !

"S'il te plait Loris Baz, dis-moi quelle sensation ça fait de tourner plus vite que Marc Marqueez au TT Assen ? LB 34,3 - MM 34,5 !", plaisantait même Jérémy Guarnoni sur son compte Twitter samedi soir !

Le record absolu de la piste a beau demeurer la propriété d'un pilote de Grand Prix (Casey Stoner en 2012 : 1 '33,713), et ses adversaires auront beau prétexter qu'ils n'ont pas pu effectuer leur ultime tentative samedi après-midi à cause de la pluie, Loris Baz va pouvoir craner un certain temps !

Deux autres pilotes français peuvent s'estimer heureux de leur week-end - entier cette fois - aux Pays-Bas : Florian Marino et Jules Cluzel, inscrits en catégorie Supersport !

Marino et Cluzel s'illustrent en Supersport

Florian tout d'abord, a réjoui ses fans en signant lui aussi la première pole position de sa courte carrière au plus haut niveau. "Go hard if I can, go smart if I can't", prévoyait le n°21 du team Kawasaki Intermoto Ponyexpress la veille de la course... En substance : attaquer en cas de beau temps, la jouer plus fine sous la pluie.

Finalement, le petit Français a pu s'en donner à coeur joie - nous aussi au passage ! - et a été le seul à suivre un phénoménal Michael van den Mark sur la première moitié de la course WSSP disputée sur une piste parfaitement sèche, avant que l'enfant du pays ne s'envole irrésistiblement vers une première victoire.

Mis sous pression ensuite par le triple champion Kenan Sofuoglu, Florian n'a pas paniqué et a su profité de l'abandon du Turc pour grimper sur la deuxième marche du podium, deux semaines après être monté sur la troisième marche à Aragon... et deux semaines avant de gravir la plus haute à Imola ? Suspense.

En attendant cette première victoire, Florian goûte d'ores et déjà au bonheur de figurer tout en haut d'un classement mondial : très constant, cet "autre" Ninja français totalise 49 points, contre 45 pour VDM, 44 pour Coghlan... et 41 pour Cluzel !

Après sa bourde espagnole - et sa victoire australienne ! -, notre "Coq Supersportif" a profité de ce nouveau week-end de course pour rebondir sur la troisième marche du podium, son dixième dans la catégorie en seulement 16 courses (13 courses en 2012 sur CBR600RR, 3 cette année au guidon de la F3).

"Zanetti (coéquipier de Van den Mark chez Honda Pata, NDLR) a réalisé une grosse performance, attaquant tout le temps, mais j'ai réussi à le dépasser et m'accrocher à la quatrième place", souligne le vice-champion de Supersport 2012.

Cluzel est conscient qu'il doit sa troisième place à "l'abandon inattendu de Sofuoglu"... Mais après tout, c'est Jules qui avait offert à Kenan sa victoire à Aragon, en tombant dans l'avant dernier virage et fauchant le pauvre Kevin Coghlan qui se battait lui aussi pour la gagne !

Premiers podiums

Moto-Net.Com tient également à tirer son casque à Alex Lowes qui est monté dimanche après-midi sur son premier podium mondial. Bigrement rapide lors des essais hivernaux, on s'attendait presqu'à ce que le n°22 y arrive dès l'épreuve d'ouverture sur un circuit de Phillip Island que les Suzuki affectionnent particulièrement.

Malheureusement blessé, le frangin de Sam - champion du monde Supersport 2013, parti rouler en Moto2 : il faut suivre un peu ! - a du patienter six courses... Ce qui reste très peu pour un rookie, tout champion anglais 2013 qu'il est !

Le fait que le BSB (championnat britannique de Superbike) ait fait halte l'an passé sur le circuit d'Assen a certainement aidé le pilote Suz' à prendre ses marques. Revers de la médaille, Alex était peut-être un soupçon plus sous pression et sa connaissance du tracé l'a davantage conduit à tenté le diable...

Par chance, son bouleversant highside lors de la première journée ne lui a pas porté préjudice. Dimanche sur le mouillé détrempé, Alex était même le plus rapide de tous les pilotes : 1' 52,975 dans son avant dernier tour alors qu'il chassait désespérément le leader Jonathan Rea.

Enfin, saluons la belle prestation de Davide Giugliano qui décroche son premier podium de l'année et son premier également aux commandes de la 1199 Panigale au cours de la même seconde manche. Le Romain pourra-t-il rééditer l'exploit à l'avenir, mais sur le sec ? La réponse à Imola dans deux semaines !